11. Visite surprise

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J'ai passé tout le repas, concentré sur Hyacinthe et surtout à éviter de ne commettre un faux pas. Du coup, Molly m'est complètement sorti de l'esprit. Ce qui s'avère surprenant. Jamais je n'aurai cru qu'elle réussirait à détourner mon attention le temps d'une soirée entière. Peut-être que la situation va s'avérer plus agréable que prévu.

Sauf que quelque chose retient Hyacinthe. Pourtant, j'ai bien vu pendant qu'on mangeait qu'elle a éprouvé l'envie de se laisser tenter, qu'elle a hésité ce qui en soit représente un exploit depuis mon arrivée. Je suis même parvenu à déposer un baiser chaste sur sa joue en guise d'au revoir. Baiser auquel elle n'a pas riposté. Non pas que je le lui ai permis. Mais quand même !

Je suis tout à mes réflexions quand Molly me ramène à l'instant présent. Elle descend les marches pour venir à ma rencontre. Je n'ai pas la force de faire semblant d'éprouver de la joie quant à sa visite. En d'autres circonstances, j'en aurais été ravie, mais après mes progrès avec Hyacinthe, la dernière chose dont j'ai envie est de me retrouver avec une autre femme. Mais lorsque je me rappelle que c'est de ma faute si elle est là. Sans compter qu'elle doit m'attendre depuis de longues heures, je n'ai pas le cœur de la renvoyer aussi sec chez elle.

– Molly, je suis content de te voir. Excuse-moi d'avoir tant tardé.

– T'inquiètes, moi-même je viens d'arriver.

Je sais qu'elle ment, rien qu'à la regarder ainsi frigorifiée. Je ne peux m'empêcher de me sentir un poil coupable. Elle ne me pose aucune question sur la raison de mon retard. Ne cherche pas à découvrir où j'étais ni avec qui. Ce dont je lui suis reconnaissant.

Je n'éprouve aucune envie d'avoir une conversation désobligeante avec elle. Pourquoi compliquer une relation simple ? Tout le contraire d'avec Hyacinthe. En définitive, j'admets que j'apprécie la visite de Molly. Que je n'ai pas eu l'occasion de la décommander est peut-être une bonne chose.

– Tu désires boire ou grignoter quelque chose ? Je dispose d'un excellent vin rouge et il doit me rester des gâteaux secs dans le placard.

– Volontiers.

Je pars dans la cuisine nous préparer tout cela puis reviens dans la pièce principale. Molly est installée sur le canapé, ses jambes étendues de biais. Elle porte une robe noire délicieusement courte, dévoilant des jambes galbées et mates.

Lors de notre première rencontre, je n'ai pas vraiment pris la peine de la détailler comme il se doit. Et maintenant qu'elle est dans mon appartement et que je dispose de tout le temps nécessaire, ce que je vois me plait vraiment beaucoup. Nul doute que Molly maitrise à la perfection l'art de susciter le désir chez un homme. Il faudrait être de marbre pour ne pas succomber.

Je m'installe à ses côtés tout en prenant soin de conserver une certaine distance. A mon grand regret, ce n'est pas le moment de me laisser aller. Pas alors que je commence enfin à arriver à quelque chose avec Hyacinthe. Cependant, rien ne m'empêche de profiter un petit peu du reste de la soirée en si charmante compagnie. Tant que je m'impose certaines limites à ne pas franchir.

Je lui tends un verre qu'elle s'empresse de saisir. Elle le porte ensuite à ses lèvres fines, sensuelles, en boit plusieurs gorgées avant de le reposer avec maladresse sur la table basse :

– Désolée, je crois que je suis un peu nerveuse.

– Tu n'as aucune raison de l'être.

– Je sais bien. Mais... c'est que je n'ai pas l'habitude d'agir de la sorte.

– Quoi, te retrouver seule avec un homme ? Permets-moi d'en douter.

– Non, de me montrer si audacieuse.

– Je ne trouve pas que tu le sois tant que ça, rassure-toi.

A cette dernière réplique, son visage s'empourpre, confirmant que j'ai vu juste. Elle est touchante. Il semblerait que je me sois trompé sur son compte. Se pourrait-il qu'elle soit moins expérimenté que je le pense ? A ma décharge, elle sait bien donner le change.

Il n'en demeure pas moins surprenant que je ne m'en sois pas aperçu ce jour-là dans la réserve. Ça ne me ressemble pas de passé à côté d'une telle information. A moins que Hyacinthe me perturbe plus que je ne veux bien l'admettre.

Le malaise de Molly grandit au point qu'elle ne parvient plus à rester assise. Je me lève au même moment qu'elle et sur une impulsion je la plaque avec force contre moi. Elle relève sa tête jusqu'à ce que ses yeux rencontrent les miens. Puis, elle passe sa langue sur sa lèvre inférieure et déglutit.

Elle n'ignore pas ce que je m'apprête à faire. Pourtant, elle n'essaye pas de m'en dissuader. Aussi, je rapproche tout en douceur mon visage du sien et l'embrasse telle que j'aurais dû le faire la première fois. Ma langue ne rencontre qu'une faible résistance avant de jouer avec la sienne.

Molly rompt tout d'un coup le contact et me repousse les deux mains à plat sur mon torse :

– Je ferais mieux d'y aller.

– Rien ne t'y oblige.

– Je crois ce serait préférable pour nous deux.

– Si c'est réellement ce que tu désires...

Sans me permettre de finir, elle s'empare de son manteau et de son sac avant de passer le seuil de la porte d'entrée. Je ne fais rien pour l'en empêcher et retiens mon souffle quand elle fait marche arrière.

– J'ai failli oublier, ce paquet reposait sur ton paillasson à mon arrivée.

Elle me tend une enveloppe Kraft d'une certaine épaisseur. Je m'en saisis tout en la remerciant.

Cette fois, elle s'en va pour de bon. J'ai presque manqué de perdre mon sang-froid, quand son corps s'est collé contre le mien, j'ai eu envie de faire bien plus que de l'embrasser.

Force est de constater que son départ me sauve la mise en m'empêchant de réaliser une connerie monumentale. Sans compter qu'elle s'attend sans doute à autre chose qu'un plan cul occasionnel, ce que je ne peux pas lui accorder en l'état actuel.

Bon sang, j'ai une poisse d'enfer avec les femmes depuis mon arrivée !

J'observe le colis comme s'il allait me révéler son contenu comme par enchantement. Après quelques minutes, je me décide à l'ouvrir. Putain, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Aucun doute maintenant, l'incident de la moto et celui de ma fenêtre possèdent un lien. Mais qui en est le responsable et pourquoi ? 

Le rire du destin !Where stories live. Discover now