Le rire du destin !

20. weekend en amoureux

Je me réveille tôt le lendemain matin, un peu avant six heures, la lumière du soleil commençant à s'infiltrer légèrement dans la pièce. Je me retourne machinalement du côté du lit occupé la veille par Hyacinthe. Surpris, je me retrouve face à une place vide. Je ne me suis pas rendu compte qu'elle a bougé et encore moins qu'elle s'est absentée. Il faut dire que j'ai un sommeil relativement profond.

Sans conviction, je sors donc à mon tour du lit afin de partir à sa recherche. En passant près de la porte de la chambre, je manque de m'étaler par terre en butant contre une chaise qui ne se trouvait pas là dans mon souvenir. Je m'apprête à aller dans le couloir quand je remarque un ray de lumière dépasser de sous la porte de la salle de bain.

Je me dirige donc vers cette pièce en prêtant l'oreille. Il est encore un peu tôt pour prendre une douche, mais après tout si elle est déjà réveillée, pourquoi pas ? Je colle mon oreille contre la porte sans entendre le moindre bruit s'en échapper. Etrange.

Je tourne la poignée en vain, la porte étant verrouillée de l'intérieur. Encore plus étrange, pour quoi s'enfermer dans cette pièce ? Et qu'est-ce qu'elle peut bien y faire ? Est-ce que je dis ou fais quelque chose ? Je repasse dans ma tête la journée de la veille sans trouver ce qui pourrait expliquer son comportement. Je frappe donc tout en demandant à Hyacinthe si tout va bien. Elle m'ouvre aussitôt la porte me permettant de m'engouffrer à mon tour dans la pièce.

- Oui, désolée je ne voulais pas te réveiller.

- Ça fait longtemps que tu es là-dedans.

- Je n'ai pas vraiment fait attention. Tu dormais à poings fermés contrairement à moi.

- Puisque nous sommes tous les deux réveillés si nous en profitions ! je rétorque en espérant qu'elle saisisse l'allusion.

Dans le doute, je ne lui laisse pas le temps de protester et prends soin de verrouiller à nouveau la porte derrière moi. Hyacinthe recule pour me permettre d'avancer dans la pièce. Malgré sa petite mine, elle semble plus que favorable à ce que j'ai derrière la tête. Un sourire étire ses lèvres à mesure que nous nous rapprochons du bac de douche.

Bientôt, nos vêtements forment un tas informe sur le sol tandis que l'eau coule.

Enfin, quelque chose qui se déroule bien ce weekend ! Nous sommes tous les deux attablés pour le petit déjeuner. Hyacinthe a repris des couleurs et me bombarde de questions. Vraisemblablement, notre petit interlude dans la salle de bain a porté ses fruits. Parfait. Rien de mieux que de commencer la journée en étant tous les deux satisfaits et de bonne humeur.

C'est d'autant plus tant mieux que je vais devoir la laisser toute seule le temps d'exécuter la longue liste de tâches à effectuer que ma mère a pris soin de m'envoyer par mail la veille. Il s'agit principalement de récupérer et lui apporter les diverses commandes faites par elle en début de semaine, du style : bouquets de fleurs, desserts... j'en ai pour deux bonnes heures à tout casser. Je préfère attendre la fin du petit déjeuner pour annoncer à Hyacinthe la bonne nouvelle :

— Au fait, je vais devoir m'absenter pendant une heure ou deux.

— Je croyais que tu ne devais pas te rendre à tes bureaux ce weekend ? m'interroge-t-elle

— Ce n'est pas ça. Je dois juste récupérer deux ou trois trucs en ville pour ma mère. Ne t'en fais pas je reviens aussi vite que possible.

— Je pourrais t'accompagner, ce serait l'occasion de visiter un peu la ville, s'enthousiasme-t-elle, sa tasse de thé dans la main.

— C'est gentil, mais ça ira plus vite si je m'en charge tout seul.

— Comme tu voudras.

Et voilà, le petit nuage n'a pas duré. C'est nouveau, cette envie de m'accompagner partout. Qu'est-ce qui lui prend, à la fin ?

Mon repas terminé, je dépose un baiser sur son front avant de filer de la baraque en vitesse non sans éprouver une certaine inquiétude. Hyacinthe ne se montre pas tout à fait comme d'habitude aujourd'hui. Il est vrai qu'au début elle était souvent d'humeur changeante, mais là j'ai l'impression que c'est différent.

J'ai établi une liste des différents endroits à visiter afin de pouvoir les enchainer sans perdre de temps. Plus vite je finis, plus vite je rentre et mieux ce sera. J'ai également emprunté le pic-up de mon associé pour pouvoir y stocker l'intégralité des achats et ainsi ne faire qu'un trajet entre le centre-ville et la demeure de mes parents.

Environ une heure plus tard, je suis en train de me garer dans l'allée de ma mère. J'hésite à couper le moteur. Je vais devoir déjà devoir passer la soirée là, je n'ai aucune envie de m'éterniser plus que nécessaire maintenant. J'ai à peine retiré la clé de contact qu'elle a surgi devant ma portière :

— Bonjour, maman.

— Tu as fait vite, tu es sûr de n'avoir rien oublié ?

— Certain.

— Nous verrons bien. Mais s'il manque quelque chose, tu devras y retourner. Je te laisse décharger la voiture. Tu n'auras qu'à tout mettre dans la cuisine, je m'en occuperais tout à l'heure.

Sur ce, elle retourne à l'intérieur. Fidèle à elle-même, elle s'est contentée d'ordonner, s'attendant à ce que je m'exécute sans moufter.

D'aussi loin que je m'en souvienne, elle a toujours agi de la sorte avec moi, même quand j'étais plus jeune. Je n'ai pas la moindre idée de la raison qui la pousse à être aussi distante. Et au fond, cela a fini par m'importait peu. Je me suis habitué à notre relation et je ne l'en aimais pas moins pour autant.

C'est à se demander pourquoi, je ne viens pas plus souvent les voir. Je ne suis même pas certain qu'elle soit en mesure de dire quand je leur ai rendu visite pour la dernière fois.

Enfin, je m'extrais de mes réflexions et me dépêche de faire ce qu'elle m'a demandé avant de disparaître sans demander mon reste.

De retour au logement, je trouve les lieux particulièrementcalmes ce qui n'augure rien de bon. Dans l'entrée, j'appelle Hyacinthe sansobtenir de réponse. Je pousse mon exploration jusqu'au petit jardin à l'arrièrede la demeure. Je m'approche de Hyacinthe pour l'embrasser quand je vois monpressentiment se confirmer.