12. Début de la phase deux.

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Entre mes mains, je tiens des photos de moi à différents moments de la journée. Sur certaines, je suis en compagnie de Hyacinthe. Une feuille de papier les enveloppe, avec écrit à l'ordinateur : je garde un œil sur toi.

Bon sang ! Mais qu'est-ce que c'est que ce merdier ? Que me veut cette personne ? Connait-elle le lien qui m'unit à Hyacinthe ? Est-ce que Léo aurait engagé quelqu'un pour obtenir des informations que je lui refuse ? Est-ce que ça possède un rapport avec Emma ? Que de questions soulevées par ce paquet et pas l'ombre d'une réponse à y apporter !

Comme si je n'avais pas déjà assez à faire avec Hyacinthe et ma vengeance, il faut en prime que je m'occupe de cet inconnu. Là encore, je préfère ne pas prévenir la police. Maintenant qu'il est évident que je suis personnellement visé, je compte bien me charger de découvrir l'identité de cet individu par mes propres moyens. Ne pouvant rien faire de plus à cette heure tardive, j'opte pour dormir et régler ce problème demain.

Ce matin, un bip provenant de mon téléphone portable, posé sur ma table de nuit, me réveille. Encore tout ensommeillé, je tâtonne de la main jusqu'à parvenir à récupérer l'objet. L'écran m'informe de l'arrivée d'un nouveau texto. Je le rapproche de mes yeux afin de déchiffrer le message. Sur le moment, je ne prête pas attention au nom inscrit m'attachant directement à son contenu. Je manque tomber de mon lit quand, à sa lecture, je me rends compte que son expéditeur n'est autre que Hyacinthe :

« Merci pour la soirée ».

Ces simples mots représentent un pas de géant dans l'avancée de mon plan. A aucun moment, je ne lui ai fourni mon numéro. Cela signifie qu'elle a dû se renseigner pour l'obtenir, sans doute auprès de sa mère à qui je l'avais sciemment communiqué en bon voisin que je suis. Mais fait qu'elle l'ait cherché et qu'elle s'en soit servi par-dessus le marché est révélateur. Le doute n'est plus permis, elle est ferrée. Mieux vaut tard que jamais comme on dit. Je vais bientôt pouvoir enclencher la phase deux.

Il me faut lui cacher ma satisfaction et décide de la faire un peu mariner avant de lui répondre. Pour l'instant, je me contente d'envoyer un message à la seule personne au courant de mon projet :

« L'heure de vérité approche ! »

Je n'obtiens aucun retour, mais je n'en attendais pas vraiment. Tommy fait preuve d'un manque d'enthousiasme flagrant pour mon idée concernant Hyacinthe. En dépit de la nécessité d'agir, nous n'avons pas réussi à tomber d'accord sur les moyens d'y parvenir. Mais comme il n'a rien de mieux à me proposer, il a été obligé de se ranger à mon avis. En un sens, ça m'arrange qu'il ne s'implique pas trop dans cette histoire. J'ignore comment la situation va tourner et il pourrait me servir plus tard.

Je décide de prendre une douche ainsi que mon petit déjeuner avant de m'occuper de la demoiselle. Après tout, il n'y a pas le feu. Et puis cela me laissera le temps de réfléchir à ma réponse pour ne pas qu'elle procède à une marche arrière express comme cela semble être son habitude.

Je profite de mon repas pour consulter mes e-mails quand je manque de recracher ma boisson. Mon associé m'a envoyé un message la veille au soir pendant que j'étais avec Molly. Il y a un méga pépin avec la boite et il a besoin de mon aide en urgence. Je le rappelle aussi sec pour obtenir plus d'informations :

– Connor, désolé je viens seulement de voir ton courriel.

– Tu en auras mis le temps !

– Ce n'est pas non plus comme si je ne t'avais pas prévenu que je serais difficilement joignable.

– Peu importe. Tu as lu mon mail ?

– Oui. La situation est grave à quel point ?

– Au point que si tu ne rappliques pas au plus vite on perd le contrat et le client !

– Merde ! OK, je saute dans la voiture et si je prends la voie expresse, je devrais être là d'ici deux heures. Je ne peux pas faire mieux.

– Ça marche. Je vais essayer de me débrouiller en attendant pour garder le client dans nos locaux jusqu'à ton arrivée.

– Merci. A tout à l'heure.

Et voilà, je dois remettre tout le reste à plus tard. Décidément ces derniers temps, rien ne se passe comme je le souhaite. Quand je progresse d'un côté, une tuile me tombe d'un autre. Je m'empare de mon ordinateur portable et de quelques dossiers dont je pourrais avoir besoin pour la journée. Notre société marche plutôt bien, mais pas au point de pouvoir se permettre de perdre ce client. Il nous sollicite très régulièrement contrairement à bon nombre de nos autres clients.

Je partage donc ma matinée entre le trajet en voiture et les négociations avec notre client. Vers quatorze heures, on s'octroie une pause de quinze minutes. Ce qui correspond au temps que mettra le livreur pour apporter les plateaux-repas que notre assistante a commandés. Telle que ça se présente, j'en aurais pour une bonne partie de la journée et probablement de la soirée également. En fait, je ne suis même pas convaincu de pouvoir être de retour à la maison de location aujourd'hui.

Comme j'appartiens au clan des non-fumeurs manifestement très select si j'en juge par notre nombre, je profite de cette interruption salutaire pour consulter mon téléphone portable. En le sortant, je me rappelle le texto reçu de la part de Hyacinthe et auquel je n'ai toujours pas répondu. Merde, ce n'est pas le moment de lui faire douter de mon intérêt pour elle. J'ai passé la matinée en mode travail ce qui implique d'occulter tout le reste y compris Hyacinthe, apparemment !

Un temps de réflexions après la relecture de son message s'impose. Puis, je tape :

« On remet ça quand tu veux. Affectueusement, Matthieu ».

Avant de changer d'avis, j'appuie sur envoyer. La connaissant, cette réponse sera considérée comme trop directe. Tant pis, je prends le risque de la brusquer un peu. La dernière fois, ça m'a plutôt bien réussi. Du moment que je fais attention à ne pas la pousser dans ses retranchements.

Bien sûr, je m'attends à ce qu'elle ne poursuive pas cet échange de textos. Cependant, je compte passer chez ses parents dès le lendemain pour lui proposer une nouvelle sortie. J'espère qu'en venant en personne, elle éprouvera quelques scrupules à refuser. Au pire, je pourrais sans doute compter sur le soutien de sa mère pour la convaincre de m'accompagner.

Le rire du destin !Where stories live. Discover now