21. surprise, surprise

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Je ne parviens pas à en croire mes yeux. Hyacinthe est, là, assise sur une chaise de jardin, son pied droit reposant sur un coussin, le tout sur une seconde chaise devant elle. Sa cheville est enveloppée d'une attelle rigide blanche. Son teint est blafard. Devant elle, sur la petite table ronde repose un tube de comprimés et à côté un verre d'eau.

Ses yeux rencontrent les miens. Elle esquisse un sourire à mon encontre, ce qui ne m'apaise pas le moins du monde. Je me sens de plus en plus bouillir de rage. Comment cela a-t-il pu arriver ? Je ne me suis qu'à peine absenté ! Bon, le choc passé, je dois bien admettre que d'une certaine façon cette immobilisation temporaire va bien m'arranger. Hyacinthe ne se trouve manifestement pas dans un état lui permettant de m'accompagner le soir même pour dîner avec ma famille.

Je dois impérativement cacher mon soulagement avant qu'il ne se lise sur mon visage.

Je me tourne vers Léo, que j'avise à ses côtés, le visage neutre :

— Aurais-tu l'amabilité de m'expliquer comment ma petite amie a bien pu se retrouver dans cet état ainsi que les raisons de ta présence ? Je croyais avoir été clair concernant mes disponibilités des prochains jours.

— Ce n'est pas sa faute.

— Ne te mêle pas de ça, Hyacinthe ! Léo, allons discuter à l'intérieur.

Je ne prête aucune attention au regard courroucé de ma compagne. Elle ne peut pas comprendre. Il faut que je parle seul à seul avec mon ami et associé. Je dois déterminer s'il s'agit d'une simple coïncidence ou si elle se trouve en danger. Je ne supporterais pas qu'on s'en prenne à elle par ma faute.

Soudain, je réalise que la raison n'en est pas seulement mes propres projets pour elle. Non, je n'ai sincèrement pas envie qu'il lui arrive quelque chose. Bon sang ! Le doute n'est plus permis, je suis définitivement en train de m'attacher à elle, ce qui n'était pas prévu. L'attachement ne devait fonctionner que dans un sens, le sien.

Léo me suivit à travers la maison. Je nous oriente pour nous situer à bonne distance de Hyacinthe.

— Je sais que tu es là à cause d'Emma et que tu ne veux pas aborder le sujet. Aussi, je ne me serais pas permis de venir si cela n'était pas très important.

Léo ne l'avait pas vraiment connue. Ma famille désapprouvant mon choix de carrière et d'avenir, je n'avais pas souhaité leur offrir mon ami comme munition ou cible. Ce qui incluait Emma. Je ne souhaitais pas qu'elle se retrouve entre moi et nos parents.

Il n'empêche que, lorsque tout était arrivé, Léo s'était montré d'un grand réconfort. Et chaque année à la même date, il se faisait le plus discret possible, agissant de sorte que je n'ai à me préoccuper de rien. Je devrais sans doute me montrer davantage reconnaissant à commencer par lui accorder le bénéfice du doute.

— Je t'écoute.

— Merci. Tout d'abord, sache que la cheville de ton amie sera très vite guérie pour peu qu'elle ne pose pas le pied à terre durant les trois prochains jours.

Je ne relève pas son hésitation concernant ma relation avec hyacinthe. Cela ne le regarde pas et je ne satisferais donc pas à sa curiosité. Je suis tout du moins rassuré par ses paroles.

— Et maintenant, explique-moi comment c'est arrivé alors même que je ne me suis absenté qu'une heure.

— Tout ce que je sais, c'est que lorsque je suis passé te voir, elle se trouvait sur le palier, assise par terre, une de ses mains tenant fermement sa cheville. J'ai tenté de l'aider à se redresser sans succès. Je l'ai donc prise dans mes bras, portée à ma voiture, conduite chez le médecin juste à côté. Puis nous sommes rentrés et tu nous as rejoints. Elle n'a presque pas dit un mot entre le moment où je l'ai découverte et maintenant.

Je sonde mon ami. Il est clair qu'il ne dispose pas d'autre information sur les récents évènements.

— Merci d'avoir fait le nécessaire. Est-ce que tu as remarqué quoi que ce soit ?

— Désolé, je ne crois pas. Mais si jamais quelque chose me revient en mémoire, je t'envoie un message. En attendant, je me charge de tout. De toute évidence, tu as largement de quoi t'occuper sans que j'en rajoute.

Sur ce, il tourne les talons et regagne sa voiture sans me préciser les raisons initiales de sa venue. Ça devra attendre, pour l'heure ma priorité est Hyacinthe.

Je vais devoir trouver un moment pour tenter d'avoir de plus amples informations de la part de Hyacinthe. Décidément, tout va de travers ce weekend. Ne pouvant rien faire de plus, je m'en retourne auprès de Hyacinthe afin de m'enquérir de son état.

— Ecoute, tout est de ma faute. Léo n'y est pour rien. J'ai trébuché. Mais ne t'inquiète pas pour ce soir, je vais me débrouiller pour ne pas te gêner, attaque-t-elle dès que je réapparais dans le jardin.

— Comment ça ? Pour ce soir, rien du tout. Je vais t'installer confortablement dans la chambre et faire en sorte que tu suives les instructions du médecin à la lettre. Des soirées avec ma famille, il y en aura d'autres. Tiens, par exemple, les fêtes de fin d'année approchent à grands pas.

— Mais...

— Il n'y a pas de « mais » qui tienne.

Et pour confirmer mes propos, je la prends dans mes bras pour la transporter dans la maison. J'y parviens avec beaucoup moins d'aisance que dans les films malgré l'entretien régulier que j'accorde à mon corps. Et surtou, t je suis presque certain de découvrir demain sur son corps quelques nouveaux bleus laissés par certains murs. Pourtant, elle ne semble pas m'en tenir rigueur au contraire, elle rigole pendant toute la manœuvre, y compris lorsque j'entreprends de fermer la porte derrière nous avec l'un de mes pieds et manque au passage de la projeter sur le lit.

Bon, bien sûr mon égo en prend encore un petit coup, mais depuis ma rencontre avec Hyacinthe, il commence à s'y habituer ! Peut-être devrais-je faire comme quelques-uns de mes employés et m'inscrire à la salle de sport en face du boulot, histoire de tester leurs appareils de musculation. Cela n'a jamais été mon truc, mais il serait peut-être temps que j'essaie au moins, juste pour voir. Qui savait, ça pourrait me plaire et se révéler moins too much qu'il y parait.

J'installe, ensuite, confortablement hyacinthe sur le matelas et lui donne un anti douleur qui l'assomme. J'en profite pour nous faire livrer deux ou trois trucs. Je ne suis pas très chaud pour la laisser à nouveau seule. Je ne parvenais pas à m'ôter de l'esprit qu'il ne s'agissait pas d'un accident. Mais tant que je ne possède pas de preuve du contraire, je me trouve obligé de m'en tenir à la version de Hyacinthe.

En fin d'après-midi, mon téléphone sonne. Heureusement, Hyacinthe est réveillée depuis un moment. Je regarde l'heure, ce qui me révèle l'auteur de ce coup de fil. Il ne peut s'agir que de ma mère. Avec tout ce qui s'est passé, j'ai omis de la prévenir de mon absence au dîner de ce soir. Je songe un instant à ne pas décrocher. Mais comme je sais que cela ne me servirait à rien, je renonce et décroche :

— Tu es en retard ! Dans combien de temps seras-tu là ?

— En fait, je ne peux pas venir.

— Bien sûr que tu viens !

— J'ai un empêchement.

— Il s'agit de l'anniversaire d'Emma ! Tu es obligé de venir. Tu crois que ça me plait d'organiser ce repas tous les ans depuis trois ans ? Ne sois pas égoïste pour une fois dans ta vie et viens.

Sur ce, elle raccroche sans me permettre de m'exprimer comme à son habitude. J'éprouve quelques scrupules à laisser Hyacinthe toute seule ici pendant la soirée entière même si j'ai fait en sorte qu'elle ne manque de rien, tout se trouvant à la portée de sa main. En réalité, elle n'a pas vraiment besoin de moi à ses côtés. Je ne lui suis pas d'une grande utilité en lui tenant simplement compagnie.

Et connaissant ma mère, je ne serais pas tranquille tant que je reste là au lieu de fêter avec eux l'anniversaire d'Emma. J'ai essayé d'expliquer à ma mère que fêter l'anniversaire de quelqu'un absent n'avait pas grande utilité, mais elle refuse d'entendre raison.

A regret, je quitte Hyacinthe pour me rendre dans lademeure familiale.    

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⏰ Last updated: Aug 22, 2018 ⏰

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Le rire du destin !Where stories live. Discover now