15. Rapprochement inattendu

59 10 0
                                    

Je m'efface pour la laisser pénétrer dans les lieux. Puis, je l'abandonne dans l'entrée le temps de nous récupérer, dans ma chambre, de quoi nous changer et être au sec. J'ouvre en vitesse les tiroirs de ma commode pour en extirper les premiers vêtements que j'attrape. Direction la salle de bain pour des serviettes. Ensuite, je reviens dans le couloir où m'attend toujours Hyacinthe. Elle n'a pas bougé d'un millimètre, là grelottante et mouillée. Je réprime l'envie de la prendre dans mes bras. Trop tôt.

Apparemment, son malaise persiste. Je la vois observer la réparation de ma fenêtre. Peut-on encore y discerner le carreau brisé ? J'espère bien que non. Ça ne risque pas de la rassurer. J'ignore pourquoi, mais il m'apparait important qu'elle se sente en sécurité chez moi, avec moi. Ce n'est pourtant pas nécessaire pour mes projets la concernant. Je veux qu'elle s'attache à moi, le reste n'est que du bonus.

Je m'approche d'elle tout en douceur pour en pas l'effrayer davantage, et lui tends un tee-shirt, un sweat et un pantalon de pyjama :

— Tiens, désolée je n'ai pas d'autre vêtement que les miens. Mais au moins, tu seras au sec.

— Merci, mais je crois que je ferais mieux de rentrer.

— Ne sois pas bête, si tu n'enlèves pas rapidement ces vêtements trempés tu vas être malade. La salle de bain se trouve au bout du couloir.

J'attends qu'elle s'y soit enfermée pour aller me changer à mon tour dans ma chambre. Je prends mes affaires que je mets directement sur le radiateur du couloir. Quand j'entends le verrou de la salle de bain s'ouvrir, je vais la rejoindre pour récupérer ses habits et les déposer sur le sèche serviette. Je rencontre Hyacinthe à l'entrée de la pièce, elle porte les vêtements que je lui ai prêtés.

Bon sang ! Jamais je n'aurais imaginé qu'une femme puisse être aussi sexy dans des affaires d'homme beaucoup trop grand pour elle. Peut-être est-ce dû au fait qu'il s'agisse de mes propres vêtements. Pour un peu, je me maudirai de lui avoir procuré autant pour se couvrir. Difficile d'imaginer les formes que ces habits cachent.

Je reste comme figé sur place ne réussissant pas à détacher mon regard de la silhouette qui se dresse devant moi. Elle est presque plus attirante que si elle se trouve à demi nue. C'est impensable que Hyacinthe parvienne à me faire un tel effet. J'ai fréquenté des femmes bien plus sexy, bien plus féminines qu'elle, et pourtant je n'ai jamais autant été attiré par l'une d'entre elles comme je le suis à cet instant précis. Je déglutis et tente de me ressaisir avant que mon imagination ne se mette à s'emballer.

Je passe devant elle sans la regarder pour gagner l'intérieur de la pièce. Non sans la frôler en se faisant, sans le vouloir bien entendu. Je sens mon corps réagir immédiatement à ce faible contact de nos deux corps. A ce rythme, je vais lui sauter dessus avant la fin de la soirée. Quoique, en y réfléchissant, ce ne serait peut-être pas une si mauvaise chose. Je me dois de poursuivre ma progression et le moment de la mettre dans mon lit est sans doute venu. Elle aura plus de difficulté à me rembarrer une fois qu'elle aura goûté aux plaisirs de mon corps.

Le temps de m'occuper de ses vêtements et elle n'est plus là. Je m'attendais à la retrouver dans le salon, assise sur le canapé, mais au lieu de cela je la découvre dans la cuisine.

— Tu as encore faim ? je l'interroge.

— Non, ça va. Merci.

— Je sais, je vais nous faire un café, ça nous réchauffera.

— Tu n'aurais pas plutôt du thé ?

— Désolé, mais que dirais-tu d'un délicieux chocolat chaud ?

— Pourquoi pas ?

— Parfait, va t'installer sur le canapé, je m'occupe de tout.

La voyant hésitante, je juge bon d'ajouter :

— Sur le dossier, il y a un plaid, n'hésite pas à t'emmitoufler dedans pour te réchauffer.

Je faillis préciser quelque chose en rapport avec Emma, mais je parviens à me retenir à temps. J'ai emporté le plaid machinalement avec moi, comme un réflexe, par habitude. Emma avait tendance à se plaindre quand elle venait me voir parce que je n'en avais pas. Or, elle adorait lire enveloppée dedans sur le sofa pendant que je travaillais sur mon ordinateur le weekend. Elle m'avait tellement tanné que j'avais fini par céder et en acheter un que je ressortais à chaque fois qu'elle venait me rendre visite. Je ne savais pas précisément pourquoi, mais ces derniers temps sa présence me manquait plus que d'ordinaire.

Mon téléphone fixe sonne alors que je viens de finir de préparer nos boissons. J'hésite à décrocher. Il n'y a que peu de personne qui possède ce numéro et je préfère que Hyacinthe n'entende pas la conversation. La sonnerie devient insistante, mon interlocuteur semble déterminé. Je me saisis donc du combiné :

— Oui ?

— C'est moi.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tes parents demandent si tu seras là pour l'anniversaire d'Emma.

— Je l'ignore pour l'instant. Je vais voir ce que je peux faire.

— Ouais, si tu le dis. Je m'inquiète pour toi. Toute cette histoire avec cette fille, ça craint.

— On en a déjà discuté. Tu sais très bien pourquoi je le fais.

— Oui, mais tu as pensé à cette femme ? Comment est-ce qu'elle s'appelle ... Hyacinthe, c'est ça ?

— Peu importe. Ecoute, je n'ai pas envie d'en parler maintenant.

— OK. Attends, elle est là, c'est ça ? Tu es avec elle, en ce moment ?

— Bon, je te dis à plus tard.

Je raccroche sans lui laisser le temps de poursuivre. J'espère que cette conversation n'a pas attiré l'attention de Hyacinthe. Je la rejoins dans le salon avec nos boissons que je dépose sur la table basse avant de m'asseoir à ses côtés. Elle ne me pose aucune question sur le coup de téléphone que je viens de recevoir pour mon plus grand soulagement. J'aime quand tout se déroule à peu près bien.

Je la laisse tranquille le temps de boire son chocolat. Puis je m'enfonce dans le canapé, passe un bras autour d'elle et la rapproche avec délicatesse de moi. Elle se laisse faire et va même jusqu'à mettre sa tête sur mon épaule. Je raffermis ma prise puis je patiente quelques instants ainsi. A un moment, elle redresse légèrement sa tête qu'elle tourne vers moi. Je rapproche mon visage du sien et l'embrasse tendrement. Comme elle se colle davantage contre moi et me rends mon baiser, je lui tends la main, l'invitant à me suivre. Je retiens mon souffle dans l'expectative. Sa main vient se poser dans la mienne et elle se lève à son tour. Sans hésitation, je la conduis jusque dans ma chambre. Pas question de laisser passer une telle occasion. Surtout que, commençant à connaitre Hyacinthe, je risque d'attendre très longtemps avant que cela ne se reproduise.

Le rire du destin !Donde viven las historias. Descúbrelo ahora