1. Le monastère

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En média : le thème de Zara. Parce que Mecia, c'est du sérieux, et quand c'est sérieux, on fait de la musique (ça n'a rien à voir, mais yolo, na).

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Un jour avant la chute de Mecia

Nombreux sont ceux qui ont fait halte au monastère de Mashou, moi y compris. Ce sont souvent des esprits perdus sur des routes qu'ils ne connaissent pas, jetés hors de leur monde originel, qui se raccrochent aux dernières lumières.

Le supérieur du lieu, un homme nommé Mashou, prétend être la réincarnation d'un des tous premiers hommes. Je n'ai jamais eu l'occasion de vérifier cette étonnante théorie.

Caelus, archives de la bibliothèque


Zara ferma ses poings.

Le froid entrait dans son corps. Ce vieil ennemi des mammifères se félicitait de la tenir à sa merci ; il lui mangeait un doigt après l'autre. Cette sensation nouvelle, mieux que tout, lui montrait qu'elle avait retrouvé les rivages du réel.

« Ne peux-tu rien faire ? » demanda-t-elle à haute voix.

Sans répondre, le Méditant se manifesta en agissant sur la résistance de sa peau. Elle sentit l'empreinte glaciale s'estomper et redevenir un mauvais rêve.

Un moine marchait derrière elle sur le chemin de pierres gelées, les pieds emmitouflés dans des sandales approximatives. Il leva des yeux étonnés, comme deux billes de verre où résonnait l'éclat des dernières étoiles de l'aube.

« Je viens d'arriver » expliqua-t-elle.

Il comprend ce que tu dis, murmura le Méditant, mais ta présence l'étonne.

« Peut-il m'aider ? »

Nous n'avons pas le loisir de parler. Nous sommes dans un lieu où s'écoule le Temps. L'heure tourne, à Mecia comme ici. Contente-toi de suivre le chemin.

Zara soupira. Tiré de sa méditation, le moine se répandait sans doute en élucubrations perplexes, en tentatives vaines de donner un sens à la présence de l'intruse. Des prémices d'hostilité se laissaient apercevoir, aussi subtils qu'un froncement de sourcils, qu'un rétrécissement des commissures des lèvres. Une femme, vêtue d'une robe légère malgré le froid, montait les marches d'un lieu sacré ? Qui pouvait prétendre à tant d'insolence et de mépris, pour fouler aux pieds ces traditions ancestrales qui préservaient la pureté de l'âme ?

Oui, confirma-t-elle intérieurement. Je ne suis pas attendue là-haut, mais je pousserai les portes du monastère de Mashou. Il ne m'attend pas. Il ne m'escompte pas. Peut-être ne m'écoutera-t-il pas. Mais je partirai d'ici victorieuse, sans quoi je n'aurai aucune victoire à porter dans mon monde.

Mecia ! Encore quelques heures et je serai de retour !

Hâtant le pas, elle laissa planté là l'homme enrobé de bure et de défiance. Des guirlandes de papier coloré pendaient à de grandes perches de bois aux abords du chemin. Le vent à peine tombé, elles frémissaient encore. Le monde faisait silence pour la venue de Zara.

Elle remarqua que cet homme, l'ayant observée, confirmait que son corps astral avait pris forme visible.

Tu es une parfaite illusion, jugea le Méditant.

Lui, personne ne pouvait le voir ; seuls des esprits attentifs percevraient sa présence ; des habitués de la divination ou du voyage astral, des sages, des sorciers, des chamanes. Il leur apparaîtrait alors comme un confrère ; un Méditant rompu à la traversée des dimensions et à l'exploration des mondes sans corporéité.

Le Dernier Jour de MeciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant