26. Lumière

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En média :  le thème de Kaldor (deuxième version, celle du dieu lui-même).

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Y avait-il un autre moyen ?

Caelus


« Je t'attends. Montre-toi. »

Lorsque le Stathme avait surgi dans leur sanctuaire, le Dragon s'était fait étrangement silencieux. Zara était seule dans son corps, une sensation désormais anormale.

Un globe lumineux s'arracha à l'eau avec un clapotis et se mit à flotter au niveau de son visage. Le Stathme l'observait de cet œil jaune et malsain.

« Je te reconnais, dit-il. Je t'ai déjà connue. C'est intéressant. »

La sphère tourna autour d'elle en émettant un léger vrombissement de moucheron.

« Je dois te détruire, dit doctement le Stathme. Le Dragon représente une trop grande menace pour moi... et il refuse de m'écouter. Je dois aussi détruire Ygdra. Il ne comprend pas. Mais toi, peut-être... »

Elle croisa les bras en toisant la sphère d'un air narquois.

« Tu es bien mal tombé, petit caillou qui flotte. Tu as décimé Mecia et gardé une seule humaine : la plus têtue.

— C'est bien. Tu as de la volonté.

— Oui, mais détruire des mondes ne m'intéresse pas.

— C'est pourtant ce que tu viens de faire. Je n'allais pas détruire Palm ; juste Mecia. Ryujin est venu après moi. Et le Dragon, sur ton ordre, a achevé les cités zayin, massacré des millions d'innocents de plus, arraché la fine pellicule de vie sur toute une face de Palm. Il a réduit ton monde au silence. Moi, je ne faisais que suivre les injonctions de Sitrim Gar'niota... mais le Dragon, t'obéissait-il, ou obéissais-tu à lui ? »

Zara fronça les sourcils. Le Stathme la piégeait dans les circonvolutions d'un discours victimisant tout à fait convenu. Pour autant, l'issue de ce dialogue s'assombrissait.

« Tu as fait une grave erreur, Zara. Tu as appelé à toi un esprit doté de volonté. Je n'ai moi-même aucune volonté ; je ne suis que pouvoir. Le Dragon, lui, porte un éternel ressentiment contre toutes les créatures impermanentes. Il hait cette création dont il se sent exclu. Il est l'un des derniers de sa race, trempé dans une colère identique à celle des sept déchus que j'ai appelés pour Sitrim.

— Où veux-tu en venir ?

— Tu n'as pas besoin du Dragon. Tu n'as besoin que de moi. Je peux t'aider à reconstruire Palm, à rebâtir Mecia. Si ta volonté est assez grande, et je le crois, nous pourrons peut-être remonter le Temps. Nous empêcherons ce qui n'aurait jamais dû arriver – la chute de ta cité.

— Tu sais quoi ? Je m'en fous. J'étais un caillou mis au frais dans une cave pendant cinquante ans, je te rappelle. Mecia et moi, nous étions en froid depuis le début.

— Tu fais de gros efforts pour me cacher tes véritables pensées, Zara, mais en réalité, à l'idée même de revenir en arrière, ton cœur se serre. Et je ne parle pas de Fen... »

La sphère se rapprocha d'elle. Sa lueur blafarde l'éblouissait.

« Oui, il peut être ramené d'entre les morts Qu'est-ce que la mort, sinon une barrière à franchir ? Y a-t-il une barrière que tu ne peux franchir ? La Noosphère t'est ouverte. Tu peux suivre les chemins qu'empruntent les âmes pour leur dernier voyage. Mais il faut te décider maintenant, Zara. Voyageons ensemble et arrachons Fen à son destin.

Le Dernier Jour de MeciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant