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Anatole se chie littéralement dessus. Alors qu'aucun cours n'a commencé.

Pour cette rentrée en prépa, il n'a aucune idée de ce qu'il fait là, paumé au milieu de requins enragés, prêts à tout défoncer.

Isidore, son meilleur ami, l'avait prévenu pourtant. Faire gaffe à ses choix, ne pas aller trop loin de chez lui et assumer jusqu'au bout. Ça fait deux minutes qu'il est assis seul dans cette salle paumée au milieu de nulle part et déjà, il regrette tout ce qu'il aurait dû faire.

Assise devant lui, une Asiatique sort ses affaires. Anatole lui tapote l'épaule, demande un stylo. Elle lui en tend un en silence. La pression monte lorsque celle-ci fronce les sourcils à la vue du garçon. Anatole se touche les cheveux, se demande s'il n'a pas quelque chose de coincé entre les dents avant de la regarder lui aussi plus attentivement.

— Lilia ?

Le nom de la jeune fille est sorti instinctivement de sa bouche, comme une évidence. La brune se retourne d'un seul coup, comme pour masquer la surprise.

— C'est Anatole ! l'informe-t-il en lui tapotant l'épaule.

Le geste la fait tressaillir et celle-ci change littéralement de place, s'installant deux rangs plus loin. Anatole, trop content de reconnaître quelqu'un dans cette classe, avance ses affaires. Seulement, elle le toise de haut en bas avant de demander à la personne assise devant elle de s'installer à la place convoitée par le brun.

Celui-ci, confus, renonce et abandonne cette place tant désirée.

Déconcentré, il la regarde de loin, se dit qu'elle a drôlement changé depuis la fin du collège. Elle ressemble encore à la chinoise assise en fond de classe, en train de cacher ses formes sous d'énormes sweats et relire ses mangas.

Dans ses souvenirs, Anatole ne la trouvait pas jolie. Il l'embêtait même un peu, parfois. Mais ça, c'était avant, avec toutes ses conneries et bêtises d'antan.

Finalement, une blonde s'assoit à côté de lui, en forçant un trop grand sourire. Anatole soupire même s'il la trouve canon. Un professeur entre et le stress remonte. La boule au ventre, il se demande si Lilia l'évitera encore à la fin des cours lorsqu'il lui rendra son joli stylo.

*

— Elle a pas voulu reprendre son stylo, raconte Anatole vautré dans son canapé.

Isidore joue à une partie de FIFA sans broncher, écoutant attentivement les propos de son meilleur ami.

— En même temps mec, Lilia dans mes souvenirs, elle t'a jamais aimé.

— Ouais bon je vais pas lui refiler une maladie grave juste en lui rendant son stylo... C'est un peu abusé.

Le blond arque un sourcil, pose sa manette et soupire en lui donnant un léger coup de pied.

— Au pire tu t'en fous non ? T'as un stylo de gagné.

Anatole n'est pas satisfait de sa réponse. Il trouve ça injuste que cette ancienne camarade de classe puisse l'ignorer ainsi.

— Tu sais si je lui ai fait quelque chose de mal ? Peut-être que j'ai zappé, demande le brun dépassé.

Son meilleur ami lève alors les yeux au ciel.

— Bah, mec, réfléchis un peu et fais pas trop le con.

Le sourire inexistant d'Anatole se perd définitivement. Finalement, il se pince le bras une énième fois pour éclairer ses idées. Trop confus, il essaye de retrouver certains souvenirs qui se sont effacés. Sans succès, il vérifie ses notifications sur son portable.

— Sinon Alice fête son anniversaire ce dimanche. Tu viens ? demande Anatole en repensant à leur meilleure amie oubliée.

— J'sais pas, peut-être avec Coline, on verra.

Le brun grimace. Ramener Co', c'est une très mauvaise idée : même si Isidore et Coline sont très mignons ensemble et qu'Isi' est passé à autre chose, Alice n'a pas vraiment changé de chapitre. La brune était leur meilleure amie commune avant de se mettre en couple pendant plusieurs années avec Isidore. Malheureusement, tout s'est terminé de manière ambiguë, avant qu'Isidore se mette avec Coline pour de bon.

— Mais tu sais qu'Alice est pote avec Lilia ? Elles étaient dans le même lycée, remarque Isi'.

Anatole place toute son attention sur cette réplique.

— Tu penses qu'elle sera là ?

— Bah ouais, sûrement.

Le brun est maintenant plus déterminé que jamais. Tout ça pour un stylo. Mais ça le soûle vraiment qu'une personne ne l'aime pas, sans explications.

ZutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant