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Cet après-midi de printemps, Anatole attend Lilia devant le bâtiment de la prépa.

— Hé, Lilia ! crie-t-il.

— Encore toi, marmonne-t-elle en soupirant.

Elle ne l'a jamais pardonné. Et elle ne le pardonnera sûrement pas.

— Je peux te parler ?

L'Asiatique soupire une nouvelle fois.

— À chaque fois que tu viens, tu veux me parler. Qu'est-ce que tu veux ?

Elle s'arrête enfin. Et Anatole lui sourit.

— Merci, Lilia.

— Hein ?

— Merci d'avoir dit que tu savais pas si j'étais quelqu'un de bien.

— Et ? réplique-t-elle, confuse.

— Hélène, ma thérapeute, pense que je suis quelqu'un de bien. Mes parents aussi. Mes potes une fois sur deux. Ma copine aussi. Mais... Toi t'as dit que tu savais pas. Et ce que t'as dit, ça m'a poussé à réfléchir, à être quelqu'un de meilleur en tout cas. Parce que j'ai beaucoup de choses à apprendre de la vie.

Lilia rit, mais pas méchamment.

— Je blague pas ! assure le brun.

Elle rit de nouveau.

— OK. Contente que tu sois quelqu'un de meilleur.

Elle vient de dire quelque chose de gentil. Mais Anatole sent qu'elle ne l'aime toujours pas. En début d'année, il ne comprenait pas pourquoi elle ne l'aimait pas. Aujourd'hui, après des mois, à ne plus s'aimer, il comprend que ce n'est pas toujours évident d'apprécier quelqu'un qui vous a fait du mal. Et Anatole a fait trop de mal aux autres et à lui-même.

— Merci de pas me pardonner aussi.

Le fait qu'elle ne le pardonne pas lui fait voir la réalité dans d'autres nuances, car Anatole veut être réaliste et encaisser ses culpabilités. Lilia doit le trouver ridicule au vu de son sourire d'exaspération.

— OK Anatole. De rien. Je dois partir maintenant.

Il fouille dans ses poches.

— Zut, j'ai oublié les coupons.

Elle lève les yeux au ciel et repart.


Il ne sait toujours pas s'il est quelqu'un de bien ou quelqu'un de mal. Mais il est quelqu'un de meilleur et chacun peut faire des progrès dans la voie de la rédemption. Parce que faire des erreurs, c'est humain. Mais c'est les comprendre et vouloir les réparer, qui nous fait grandir et avancer.

Debout sur le trottoir, Anatole prend une photo de lui avec son jetable.

Il sourit, heureux d'être en vie.


FIN.

ZutNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ