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Anatole a commencé à parler d'Angèle à Hélène. Quand les deux échangent, discutent sur la jeune fille, le brun sent un poids disparaître de ses épaules. Parler d'elle. Ne plus garder ça pour lui, change la donne.

— Tu as bien meilleure mine, remarque Hélène.

— C'est Alice qui m'a forcé à faire un masque coréen avec elle.

Sa thérapeute sourit.

— Tu as fait une rechute dernièrement ?

— Y a quelques soirs où je me sens très anxieux. Mais j'ai fait des progrès. Lors de la première semaine de séances, j'allais vomir quand je voyais mon reflet. J'arrivais pas à supporter ma face et mes actions par rapport à Lilia. Y avait des souvenirs que je vous racontais qui remontaient à mon esprit. Même si maintenant, j'arrive mieux à contrôler mes pensées.

Hélène note les informations dans un de ses carnets. Elle l'écoute attentivement.

— Et maintenant que mes parents me surveillent, c'est moins facile d'être seul à la maison. Ma mère me force à sortir courir avec elle ou cuisiner des aliments que j'aime. Mon beau-père ramène toujours un film ou pousse mes amis à venir me rendre visite. Ils font de leur mieux pour que je ne passe pas mes journées à jouer ou dormir. Et je retrouve un peu ma vie.

— C'est encore du progrès, assure Hélène, optimiste.

Toutefois, le regard d'Anatole se perd.

— Mais... je crois que je me sens encore vide.

Le dire fait mal. Le néant du cœur reste toujours aussi intact. La dame compatit.

— Avec ce que tu m'as raconté sur cette Angèle, je comprends que ce n'est pas facile. Mais nous allons bosser sur ça.

Anatole acquiesce. Il se sent à l'abri, ici.

— Je vous fais confiance Hélène.

Et ça fait du bien d'être guidé pour bosser sur lui-même.

*

Cet après-midi, Anatole et son beau-père sont allés dans une boutique d'appareils photo. Là, Anatole a pris le réflex qui lui plaisait le plus, avec un boîtier pas trop cher pour mettre davantage dans un objectif.

En sortant de la boutique avec ses nouveaux bijoux, le brun se sent impatient de tout régler et de tout prendre en photo. Il a recommencé la photographie et ça lui plaît de donner un sens à chaque image possible.

— Tu as fait des recherches pour l'année prochaine ? demande son beau-père.

— Ouais.

— Je sais que ta mère veut que tu sois d'abord soigné et bien pour te laisser faire des études, mais je pense que c'est important que tu te définisses de nouveaux objectifs.

Anatole lui parle alors du BTS photographie qui l'intéresse et des quelques écoles qui l'attirent. Il ne vise pas les meilleures écoles. Il veut juste décrocher un diplôme et prendre des photos au plus vite.

— Ça te fait pas peur de te dire que ton fils veut être photographe ?

Son beau-père sourit.

— Au début un peu. Je me disais que tu voulais faire ingé ou faire du commerce. Ça gagne généralement plus et c'est moins imprévisible comme carrière. Mais, faut s'adapter à ce que t'aimes et la voie que tu choisis. Je pense que ta mère a encore un peu de mal avec ça, mais, on est très fier de toi, Anatole.

Ils ne devraient pas être fiers de ce fils qui a fait tant d'erreurs. De ce fils qui souffre parce qu'il a fait souffrir. De ce fils qui a eu un comportement autodestructeur.

Mais il veut prendre des photos. Il veut contrôler un peu son avenir. Il veut être fier de sa passion. Parce que la photo n'a rien à voir avec sa culpabilité. La photo, c'est une autre facette de sa vie.

— Je peux arrêter le temps maintenant, souffle Anatole à lui-même.

Il sourit, d'un premier sourire sincère envers lui-même. Hélène l'a dit : il peut le faire. Et Anatole va le faire.

ZutWhere stories live. Discover now