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Le lendemain soir, Anatole est revenu dans la même allée. Cette fois-ci, le brun a pris avec lui la caméra jetable qu'il s'est achetée l'aprèm. Il prend trois clichés : la rue déserte, le bord du trottoir et le lampadaire. Trois images gravées dans sa mémoire et figées dans des pellicules. Ce qu'il s'est promis en se réveillant de sa courte nuit, c'est qu'il ne recommencera pas.

Dans la chambre, il a foutu plein d'affaires à la poubelle pour avoir de l'espace. Là, Anatole peut représenter le vide de sa tête, de son âme et de son cœur. Et puis, remplir ce vide petit à petit, par des photos et des souvenirs.

Mais ces trois photos seront les premières à remplir le vide, étant les premières à prouver sa détermination à chasser celui-ci.

Là, tout de suite, il a envie de se défoncer jusqu'à en perdre la tête. Il en a vraiment envie. Mais il en a marre de fuir la réalité, parce que la fuite l'a mené à l'accident d'hier, à l'erreur qu'il ne veut plus commettre. Anatole le sait. S'il se reprend en main, ce sera peut-être le premier pas qu'il lui faudra pour donner un sens au vide de sa vie.

*

Anatole n'en parle à personne, comme pour se protéger de toutes remarques et de risques. Il ne veut pas de leçons de morale, ou ruiner des humeurs. Il veut juste souffler un peu, passer à autre chose et comprendre ses fautes.

Plus tard, un matin de novembre, il décide d'appeler Isidore, pour traîner ensemble. Il sait qu'avec lui, tout est plus simple dans un certain sens. Ils ont leurs routines, se connaissent infiniment plus que n'importe qui et le brun a toujours aimé passer du temps avec lui.

— J'ai ramené le reste de mes Miels Pops, informe Isi'.

Le duo se vautre dans le canapé et dévore les céréales sans rien se dire. C'est parfait.

— Tu schlingues, remarque Isidore.

— Ouais, j'ai pété.

Personne ne rit, trop habitué à la délicatesse absente d'Anatole quand il est avec des amis. Ces derniers temps, ils ont été légèrement en froid. Mais là tout a l'air d'être de retour à la normale.

Après tout, ils se voient pour rien faire aujourd'hui. C'est par pure habitude et ça leur va.

— Y a du nouveau dans les dramas, tu veux savoir ? demande le blond.

Anatole veut éviter les ondes négatives, mais sait que s'il dit « non », il en créera. Alors le brun accepte d'écouter ce qu'il a à dire, même s'il sait déjà que son meilleur ami parlera d'Angèle et de ses histoires avec Selim.

Mais dès qu'Isidore ouvre la bouche pour en parler, Anatole l'interrompt d'un mouvement de bras.

— En fait, non, je préfère pas.

Le blond, attentif, lui pose alors la question :

— Tu veux en parler... fin tu sais... d'Angèle ?

Anatole refuse par un simple mouvement de tête.

Non, il ne veut pas parler d'elle.

ZutWhere stories live. Discover now