Hot Gun (paru chez BMR)

Prologue

(Salut à vous, je vous partage ici le début de Hot Gun, ce que je n'avais pas fait depuis une paye. Pour les curieuses...)

Une douleur fulgurante me transperce brusquement. Je pousse un cri, puis vagis toute une bordée de jurons, avant de pivoter vers Lilotte en brandissant mon poing :

— Putain, Lilotte, tu m'as tiré dans le cul ! Tu viens de me tirer dans le cul !

Lilotte bafouille, écarquille ses grands yeux couleur caramel, puis pince les lèvres comme si...

... comme si elle se retenait de pouffer de rire !

— T'es quand même pas en train de te marrer ? je grogne en sentant la nausée me remonter dans la gorge.

Sans se soucier de mon humiliation et se fichant du mal de chien que ça me fait, elle pose la main sur son abdomen tandis que je trépigne sur place, le cul flambant de douleur.

Et c'est alors que ça se produit... la garce hippie éclate de rire. Des larmes perlent au coin de ses yeux, elle hoquette, se plie en deux, tandis que mon jean ensanglanté me colle à la peau. Mon froc est foutu et elle se bidonne !

— Lilotte, ferme ta putain de jolie bouche et tire sur ce mec, je te rappelle qu'il a les diam's, je gronde en pointant du doigt le connard qui se carapate dans le désert, un sac de sport sous le bras.

Son regard suit la direction de mon index, mais comme elle rit toujours, je change d'objectif et dresse mon majeur devant son visage. Nullement désappointée par mes sautes d'humeur, elle se contente de hausser les épaules, me privant d'une bonne récréation.

— Il est déjà trop loin. Tu vois bien que je ne sais pas tirer ! argumente-t-elle. Et je ne peux pas t'abandonner comme ça. T'es en train de faire une hémorragie.

— Quand on me tirera une balle dans la tête parce que t'as laissé ce type se faire la malle, là, tu pourras t'inquiéter !

Je pousse un soupir en tâtant mon fessier douloureux. Ma main se poisse de sang. Lilotte marche vers moi, puis passe un bras sur mes reins comme si je comptais m'effondrer sur le sable. Mais au lieu de me traîner jusqu'à la route, elle se penche en avant, tire l'orbe rouge et plisse le nez en fixant mon cul.

— Mais qu'est-ce que tu fous ?

— Je regarde si la plaie est profonde.

— Je t'en prie, continue, j'adore quand des nanas dans ton genre, fourrées au tofu, me matent de cette façon !

Elle me tire la langue et rétorque :

— Un deuxième trou de balle, ça peut t'être utile ! T'es déjà un sacré trou du cul !

Je l'empoigne et la redresse sèchement sur ses pieds. Son regard brun fond dans le mien sans détour. Le problème avec la hippie, c'est qu'elle ne me craint pas. Toute la côte ouest grince des dents quand elle me voit, mais pas elle. Elle s'en fout !

— Je savais que tu ferais cette blague pourrie. En attendant, les diamants se sont tirés et j'ai mal au cul ! Et c'est ta faute. Tout est ta putain de faute, avec ta connasse de copine !

Ses yeux s'arrondissent, des larmes d'hilarité persistent sous la courbe noire de ses cils. Au lieu de geindre et de jouer la comédie comme toutes les nénettes auxquelles je suis habitué, elle me flanque un grand coup de pied dans le tibia, me balançant un électrochoc dans tout le corps.

— Foutue garce, je grogne aussitôt en tentant de la saisir par l'oreille. Je te rappelle que tu viens de me faire un trou dans les fesses.

Elle s'éloigne d'un pas en me tirant effrontément la langue.