Quelle bande d'incapables !

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Marley

Dans la vie, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Je ne sais pas quel connard a balancé un truc pareil, mais il avait foutrement raison !

Après avoir sniffé un dernier rail de coke sur ma table basse, je transite par la chambre de Drew. Je pousse la porte sans frapper, découvre mon pote couché sur le dos, en train de mater la télé. Le drap lui tombe sur le bas du ventre et me dévoile son bandage qui porte quelques traces sanguinolentes. J'allume une cigarette, tandis que ses yeux vert bouteille traînent sur moi.

— Alors, tu décolles quand ?

— Dans trois heures. J'en reviens pas de devoir y aller !

— Tu pourrais laisser faire les gars, me dit-il.

Je lève la main pour l'interrompre, lâche un juron.

— Ils ont failli se faire coffrer par les flics, parce que la poulette indienne leur a tiré dessus. Non, mais, sérieusement, faut tout faire soi-même !

— T'as eu des nouvelles du vioque ?

— Ouais, il vend notre peau chèrement à Salvatore, mais faut pas compter sur sa générosité longtemps. Si je remets pas rapidement la main sur les diam's, on est morts, mon pote.

— On aura eu une belle vie.

— Ta gueule, j'ai pas l'intention de crever maintenant. Je vais régler son compte au frangin et à la petite Indienne et je rapplique dare-dare. Toi, tu récupères vite, tu gères la situation ici en mon absence et tu me retrouves la dope. Je m'occupe du reste.

Il hoche la tête en se calant mieux sur son oreiller. Je lui file ma clope entamée dont il s'empare avec plaisir, en m'affichant un large sourire, et je prends la tangente sans tarder. On a déjà perdu assez de temps comme ça.

Une fois dans le salon, j'alpague Spider qui me donne ce que je lui ai demandé – de la lecture pendant le trajet – et je me tire.

Direction : Las Vegas.

Je trépigne à l'aéroport, me bouffe les ongles. Je déteste attendre, je déteste les avions, je déteste cette tension qui grandit avant l'explosion. Je préfère quand elle pète, les nerfs à vif, la peau qui chauffe. Mais l'attente me fait chier. J'ai l'impression de tourner en rond comme un lion en cage.

En première classe, je commande un whisky dès que l'appareil est stabilisé dans les airs. À côté du hublot, je mate les nuages, la ville en dessous qui gravite dans un écheveau de routes et de baraques à l'infini. Je me sens comme un extraterrestre.

L'hôtesse avec un joli cul me dépose mon verre sur la tablette. Je le sirote lentement, évite tout contact avec le gros lourd posé à côté de moi comme un immense sac de patates, renifle, déjà en manque de coke, puis colle mes écouteurs sur les oreilles. Musique d'Eminem à plein tube, je jette un coup d'œil sur les papiers que m'a refilés Spider.

À peine les premières lignes entamées, je sais que ma lecture sera intéressante. Alors, que me caches-tu, jeune John Miller ? Je connais bien ta grande sœur, mais toi, quels sont tes petits secrets ?

Spider est un as de l'informatique. Rien ne lui résiste et la vie du petit John n'aura bientôt plus aucun mystère pour moi... du moins...

C'est quoi ça ?

Hot Gun (paru chez BMR)Where stories live. Discover now