CHAPITRE TROIS

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- T'as une sale tête aujourd'hui. C'est la rentrée qui te déprime ?

Je m'assois en tailleur sur mon lit tandis que Dan vient se mettre dans mon fauteuil blanc tout en se rapprochant de moi. Je dois bien avouer que je n'ai pas la joie depuis ce matin, la révélation m'a clairement boulversé.

- C'est parce que je viens d'apprendre un truc, mais t'imagines même pas.

- Raconte.

- J'ai pas vraiment le droit de le dire, gigoté-je sur place parce que j'en crève d'envie et que je sais que je ne vais pas tenir.

- C'est bon, tu sais très bien que tu peux me le dire.

- C'est mon voisin d'en face.

- Ah.

Je ne sais pas pourquoi, mais dès que je parle de lui à Dan, il devient inconfortable. Ce qui est étonnant étant donné qu'il est le mec le plus sûr de lui que j'ai connu. J'ai fini par en déduire qu'il me cachait quelque chose à ce sujet. Après tout, nous nous connaissons depuis seulement deux mois, alors je peux comprendre.

- Tu me promets de rien dire ?

- Oui, c'est bon, fais pas ta flipette.

- Ta gueule, je lui lance.

Il sourit puis prend un air sérieux en tendant l'oreille, prêt à m'écouter, mais sûrement pas prêt à ce que je vais lui dire.

- C'est super, je ne sais pas, gênant à dire.

Il hoche la tête, ayant l'air de comprendre.

- Tu sors avec lui, c'est ça ?

J'explose de rire face à sa face très sérieuse. Il me prend pour qui ?

- T'es sérieux ? Je suis pas gay !

- Je sais pas moi, je demande juste étant donné qu'il l'est. hausse-t-il les épaules.

- Il est gay ? j'interroge, un peu surpris.

- Ouais.

- Comment tu sais ? T'es sorti avec lui, je le charrie.

- Non ! Bah, il l'a dit.

Et je me rends compte que j'ai touché une corde sensible en posant cette question. Dan, gay ? Impossible. Mais je ne comprends toujours pas le lien qu'il peut avoir avec lui. " il l'a dit ", c'est assez vague comme réponse.

- Il s'est fait violer, je lâche telle une bombe.

- Quoi ? !

Dan écarquille les  yeux, clairement choqué et à deux doigts de tomber de son fauteuil. Il ouvre plusieurs fois la bouche avant de prendre réellement la parole :

- T'es pas sérieux ? Mais par qui ? Et quand ?

- C'est un peu complique à vrai dire. En plus, je ne sais pas tout.

- Comment tu sais ça, toi ?

- Pour faire court, ma mère est très amie avec sa mère et j'ai un peu entendu une conversation.

- Mais c'était quand ?

- Je sais pas. Ils essayent tous de comprendre ce qu'il s'est passé ces derniers temps. Apparement, un ami de son père aurait abusé de lui. C'est super glauque comme histoire, je trouve.

- Oui, c'est claire. J'avoue que ça fout une claque. J'en reviens pas.

Et ça se voit à la manière dont il est autant affecté. Il y a quelque chose. Je crois que nous avons tous les deux besoin de penser à autre chose alors nous allons au terrain de foot. C'est beaucoup plus simple pour nous d'oublier que pour ceux qui le vivent. Le soleil est présent et ses rayons nous chauffent la peau. Nous avons vite chaud à courir partout malgré nos bermudas et fins tee-shirt. Nous finissons par enlever nos hauts et nous continuons. Puis, Amandine et Charlène nous rejoignent, après un SMS de Dan, et nous regardent des gradins.

Impuissant✅Where stories live. Discover now