CHAPITRE VINGT-HUIT

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Ruel - Don't tell me

Je suis en train de travailler lorsque le téléphone de Noah sonne. Il se trouve cependant sous la douche et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il s'agit de l'hôpital. J'entends d'ailleurs un appel depuis une semaine précise et aujourd'hui n'y échappe pas. Je réponds alors à l'appel :

« — Monsieur Henri, c'est le docteur Mouc.

— C'est son ami, il n'est pas disponible pour l'instant.

— D'accord, je suis la médecin que vous avez rencontrée la dernière fois. J'ai pris contacte avec des collègues et compte tenu des résultats de Noah, une hospitalisation est à grandement envisagée. Je vous propose, même si ça peut paraît rapide, de le faire ce soir car je suis de garde.

— Euh oui, d'accord je vais lui dire.» je balbutie, tentant d'assimiler ce qui m'ait dit.

« — Bien sûr, nous ne pouvons pas l'obliger et il peut me rappeler s'il veut en discuter. Il faut bien qu'il comprenne que ce soir, c'est sa chance et qu'il faudra attendre pour une prochaine chance.

— Je lui dirais.

— J'espère alors vous voir ce soir, bonne fin de journée.

— Merci de même.»

Je raccroche, éberlué et m'assois pour réfléchir à ce qu'il vient de se passer. Comment vais-je trouver les bons mots pour convaincre Noah d'être hospitalisé ? Comment le convaincre qu'actuellement c'est la seule solution ? Je passe une main nerveuse dans mes cheveux tandis que Noah arrive. Nous sommes vendredi, il est dix-sept heures et Noah se trouve en jogging devant moi. Je sens une vague de chaleur m'envahir tandis que Noah fixe son téléphone qui est entre mes mains.

— Pourquoi tu as répondu ? fronce-t-il les sourcils, un air méfiant collé au visage.

— C'était la docteur de l'hôpital.

— Oui, et ?

— Elle est de garde ce soir, on peut t'hospitaliser.

— M'hospitaliser ? Ce soir ? J'ai pas le temps, j'avais prévu de promener le chien.

Je fixe Noah, incrédule et rajoute :

— On te donne une chance de t'en sortir Noah, prend la, s'il te plaît.

— Je n'en ai pas besoin, pas dans cet état en tous les cas. Si j'en avais besoin, je le dirais mais pour l'instant ça va.

Je continue de regarder, Noah, interdit tandis qu'il file dans la chambre. J'attends quelques minutes, le regard dans le vide, puis au moment où je m'apprête à aller à la chambre, il en sort. Son visage est fermé mais ses yeux sont larmoyants.

— Tu veux bien m'y amener ?

— Bien sûr, je réponds d'une petite voix.

Mon copain regarde autour de lui puis demande, perdu :

— Est-ce que je dois prendre des affaires ?

— Je, ouais, prends quelques trucs pour ce soir au moins.

Nous prenons ainsi un sac que nous remplissons très brièvement tandis que le brun me questionne de nouveau :

— Tu penses que je vais rester combien de temps ?

— Je n'en sais rien, Noah, désolé.

Il hoche doucement la tête et à peine cinq minutes après, nous sommes dans la voiture. Je ne sais pas s'il réalise que ça va sûrement durer parce qu'il n'a que rapidement dit au revoir à son chien. Le trajet jusqu'à l'hôpital est une horreur de part le silence dans la voiture alors que c'est le vacarme dans ma tête.
Tout le reste se passe très mécaniquement pour moi : je demande le Docteur Mouc à l'accueil, nous parlons, Noah et moi attendons, nous sommes placés dans une petite pièce médicale, nous attendons.

Le silence est d'autant plus lourd et le fais que Noah se ronge tous ses ongles de manière frénétique n'arrange rien. Je reste pourtant assis à côté de lui, stressé moi aussi mais tentant de le masquer. Une infirmière finit par arriver et fait des prises de sang à Noah, prend sa tension, sa taille puis son poids avec un triste regard sur la balance. Lorsque la femme sort de la pièce, je demande à Noah :

— Alors, combien ?

— 49, me répond t-il avec un sourire qui montre bien qu'il n'a aucune conscience de sa connerie.

Vraiment, il a 18 ans, il fait un peu plus d'un 1m80 et ce n'est sûrement pas sain de faire 49 petits kilos. Qu'est-ce qui cloche chez lui pour qu'il ne le réalise pas ?
Noah remet son sweat et se rassoit. Au bout d'un moment, la même femme revient accompagnée du Docteur Mouc.

— On te donnera les résultats complémentaires de tes analyses plus tard mais on va déjà te donner du magnésium et du fer.

Noah hausse les épaules, un air arrogant au visage puis nous suivons la Docteur jusqu'à la chambre d'hôpital de Noah. Ça me rappelle les fois où je rendais visite à Noah sauf qu'il était dans le service pédiatrique.

Noah ne cille pas et une infirmière prend le relais de notre médecin. Juste avant que celle-ci ne parte, je lâche un « merci » sincère et douloureux. Elle me sourit puis part tandis que je rejoins Noah dans sa chambre d'hôpital. Il est en train de discuter avec l'infirmière qui met les choses au claire. Cependant, Noah n'écoute que ce qu'il veut et refuse catégoriquement qu'on lui apporte à manger pour ce soir. Il se contente de prendre ses pipettes de fer et de magnésium qu'on lui apporte et ne boit même pas.
Je finis par me retrouver seul avec lui et son regard à mon égard est loin d'être affectueux.

— C'est bon, t'es content ? T'as eu ce que tu voulais ?

Je lui lance un regard méchant et me contient pour ne pas l'incendier. Il est tellement aveuglé par ses conneries qu'il ne voit même plus le vraie vérité.

— Personne ne t'a obligé à venir et tu le sais aussi bien que moi.

Noah fait une moue vexé tandis que je mets mon manteau.

— Dors bien.

— Merci, toi aussi.

Et juste avant que je ne sois complètement sorti, je l'entends proférer :

— Je te déteste.

Et je le dis, entendre ça me brise tout entier parce que je me dis, qu'après tout ce que j'ai fait pour lui, il ne voit même pas le résultat. Je retourne à l'appartement, seul, le cœur si lourd que j'ai l'impression de devoir le porter comme un boulet. Le chien m'accueille avec sa joie naturelle et je me force à avaler un petit quelque chose après ces quatre heures à l'hôpital. 4 heures pour aboutir à l'hospitalisation de mon copain.

Je me déshabille et me permets de dormir dans le lit que je n'avais pas côtoyé depuis bien trop de temps. Ma gorge me serre lorsque je sens l'odeur de Noah imprégné sur les draps. Et il y a un moment où je craque et éclate en sanglots. C'est comme si toute la pression, souffrance, tristesse, colère, tension sortaient enfin ce soir. Pour une fois, je pleure, non pas parce que je vis un cauchemar éveillé, mais parce que c'est enfin fini. Noah ne peut qu'aller mieux maintenant et je l'espère de tout cœur.

Peut-être que, finalement, il a compris qu'il n'allait pas si bien que ça et qu'il avait besoin d'aide.

🌬Hey tout le monde ! J'espère que vous allez bien en ce mois de février.

L'histoire avance et les changements avec. N'hésitez pas à donner votre avis sur la situation d'ailleurs, ça serait intéressant de connaître cotre opinion^^

Je vous dis à bientôt,

D'ici là, portez-vous bien,

L :)
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Impuissant✅Where stories live. Discover now