CHAPITRE ONZE

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— Alors le frangin, comment ça va ?

Sébastien me donne un coup dans le ventre et je le lui rends comme il se doit. Ensuite, nous nous serrons brièvement dans les bras et il fait de même avec le reste de la famille. Ça va promettre avec lui dans les parages pendant les vacances de la Toussaint. Je l'observe, les bras croisés, contre ma rembarre des escaliers.

Il a pris de la barbe depuis la dernière fois et un peu de poche sous les yeux aussi. Il se retourne vers moi et m'observe curieusement. Nous passons ensuite à table et accueillons le plus grand frère de la fratrie :

— Comment ça se passe alors à Marseille ?

— Bien, je me suis trouvé un boulot pour quelques temps.

— Je croyais que tu étais déjà surveillant dans un collège ?

Mon père fronce légèrement les sourcils, un peu surpris tandis que mon frère boit une gorgée de son verre de vin. Il le repose ensuite sur la table puis répond :

— J'ai été viré du coup je travaille à McDo maintenant.

J'ai intérêt de lui demander pourquoi il a été viré parce qu'avec lui, c'est toujours du grand n'importe quoi. À la Sébastien Abels quoi.

— Tu vis toujours au même endroit au moins ? s'enquit ma mère.

— Ça dépend, je bouge pas mal chez des potes.

Elle hoche la tête alors que mon père paraît désespéré. Au fond, je suis fier de mon frère même s'il n'a pas le genre de vie que j'aimerais. Il a réussi à faire ce qu'il voulait malgré mon père autoritaire et c'est ça le plus important.

— Tu comptes faire quoi pendant ta semaine ?

— Je ne sais pas, on verra avec Éd.

Il me jette un coup d'œil et j'acquiesce. Ma mère propose alors :

— Tu pourrais lui présenter ton amie ?

— Sérieusement, Maman ?

Je la regarde, blasé qu'elle parle d'elle devant tout le monde. En plus, elle ne sait même pas que je suis avec Charlène maintenant.

— Genre t'as une copine toi ? me charrie Sébastien.

— Ce n'est pas sa co-

— Maintenant si, Je coupe ma mère, un peu gêné.

— Tu me l'as même pas dit ! intervient  Tristan avec surprise.

— Ça fait pas longtemps, je le rassure bien que je sois mal à l'aise du sujet.

— Tu nous as rien dit ! enchaîne ma mère et ma gêne ne fait que s'accentuer.

— Elle s'appelle comment ? demande innocemment Lucas.

Je regarde ma famille d'un air ahuri tant je suis déboussolé. Mon père intervient alors et calme rapidement tout le petit monde :

— Laissez-le. S'il veut nous en parler, il sait comment le faire.

Mon père vient-il vraiment de prendre ma défense ? Incroyable mais vrai. Je n'ose pas le regarder alors je fixe ma fourchette avant de lâcher, osant regardant mon père :

— Elle s'appelle Charlène.

*

— J'ai fumé des joints avec des élèves.

Je suis mort de rire tandis qu'il continue sa cigarette. C'est un sacré mec, mon frère. Nous nous sommes posés sur ma terrasse, poufs sous les fesses, soleil qui se couche et lui avec sa bière et cigarette à la main. Personnellement, je ne bois pas (le moins possible en tous les cas) ni ne fume. « Ce n'est pas en nous détruisant que nous pouvons bâtir un corps puissant et endurant », me répétait souvent me grand-mère.

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