Chapitre 25

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Un cri qui mélangeait la peur, la haine, la douleur, le médecin parvint à lui planter la seringue dans la cuisse. Elle s'affaissa et son cri s'évanouit dans des pleurs. Alors je criai, comme elle, les agents de sécurité la posèrent à terre et mes docteurs m'emmenèrent loin de cet ange qui souffrait. L'inconscience me tendait les bras et je partis avec elle. Mes dernières pensée allèrent se poser sur son front, à l'endroit où je l'embrassai chaque soir pour lui souhaiter bonne nuit.


11 Novembre 1975 (Sainte-Mangouste)
Narrateur : Lily Evans


Je voyais juste flou, les sons étaient atténués et je ne pouvais pas bouger. Les salauds ! Ils étaient obligés de me droguer ?! J'étais sur le ventre par terre la tête tournée vers la droite ou vers la gauche. Je ne sais pas. Dans cette immensité de brume je vis une masse blanche partir au loin avec une personne noire allongée sur le lit (je suppose), la main tendue dans ma direction. Et au lointain j'entendis un cri. Brumeux. James... J'essayai de parler, de crier à mon tour mais les sons restèrent en travers de ma gorge. Je sentis des mains sur mon corps qui me saisissaient. Je n'avais pas la force de lutter. Les mains me soulevèrent et me firent asseoir sur une chaise. Je ressentis un pincement au niveau de la cuisse et une lumière vive clignota devant mes yeux. L'un après l'autre, mes sens retrouvèrent toute leur finesse et leur acuité. La lumière vive venait en réalité d'une baguette.

-... tendez ? Dis la voix encore brumeuse du propriétaire de la baguette.
-Quoi ? Dis-je un peu trop fort.
-Est-ce que vous m'entendez ? Répéta l'homme avec patience.

J'hochai la tête doucement pour ne pas déclencher de trop fortes migraines.

-Très bien vous pouvez marcher ?
-Je-Je crois...
-Super, vous allez me suivre et vous pourrez vous changer et nous expliqu...

Je me levai et il interrompit net ses recommandations. J'eus le vertige mais je me rassis pas, au contraire je me dirigeai dans la direction qu'avait pris le lit de James. Je poussai une porte quand une main m'agrippa le bras et me tira vers elle.

-Madame venez avec moi pour nous...
-Je ne vais nulle part ailleurs qu'auprès de James ! Criai-je. Alors si vous ne voulez pas que je vous gifle ou que je vous mette à terre pour pouvoir passer et que par la même occasion je me fasse mal... Je vous pris de bien vouloir lâcher mon bras et encore mieux m'indiquer la direction qu'a pris la personne qui était avec moi.

L'effet fut immédiat. Il lâcha ma main et m'indiqua la deuxième porte à droite. Je le remerciai froidement et me dirigeai vers ladite porte. Je l'ouvris brusquement. Une tenue stérile vola jusqu'à moi par enchantement et se plaça autour de mon corps. Les médicommages se tournèrent vers moi mais quand ils me reconnurent ils retournèrent à leur besogne les mains à l'intérieur d'un trou béant qui allait du milieu du flan droit jusqu'à la clavicule gauche. Je m'assis sur une chaise à côté de James lui pris la main. Il tourna la tête vers moi. J'eus un accès de stupeur :

-Mais, il est réveillé ? M'écriai-je.
-Tu n'es plus chez les moldus Lily.

Je m'adoucis au son de sa voix.

-Continue de parler, s'il te plait. Lui suppliai-je.
-Tu ne me croirais pas si je te disais que je te voyais dans un halo de lumière et des ailes d'ange ?
-Qu'est-ce que vous lui avez donné ? Demandai-je aux médicommages, mi-amusée, mi-inquiète.
-Rien, me répondit-il à leur place. Absolument rien. Le halo doit venir de mes yeux embués parce que quand je te vois je ne peux m'empêcher de pleurer. Je sais c'est loin du joueur de Quidditch que tu connais mais...
-Non. Effectivement ce n'est pas le joueur de Quidditch. C'est James. Dis-je. Et là moi aussi je te vois dans un halo.
-Alors essuie tes larmes, ma fleur.

Une médicommage me tendit un mouchoir. J'essuyai les miennes puis celles de James.

-Ca n'enlève pas les ailes...
-Tu me vois avec des ailes ? Demandai-je abasourdie.
-Non, je les imagine. Parce que pour moi il ne peut pas en être autrement. Je n'arrive pas à t'imaginer autrement qu'avec des ailes là, excuse moi. Si ça te plait pas, continua-t-il avec un sourire dessiné sur les lèvres, c'est pareil, t'avais qu'a pas me sauver la vie dans la forêt.
-Comme si j'avais eu le choix ! J'aurais pu te laisser crever si je le voulais !
-Tu veux me faire croire ça ? Demanda-t-il, amusé.
-Ça ne marche pas ?

Il secoua la tête

-Tu as raison. Je n'aurai pas pu te laisser mourir.
-Comment tu as su ? Ça c'est passé même pas cinq minutes avant que tu débarques.
-Une sorte de prémonition, je t'ai vu coucher par terre dans la neige alors j'ai courus.
-Comment est-ce possible ?

Je secouai la tête. Je ne savais pas moi-même.

-Leucocytum ? Proposa une médicommage à ma droite.

Je la regardai sans comprendre et la questionna muettement.

-C'est le nom d'une potion, elle permet de voir tout ce que l'on veut même a des milliers de kilomètres.
-Slughorn...
-Quoi ? Questionna James.
-Laisse tomber je t'expliquerai plus tard.

Un long silence est tombé ensuite. Long silence durant lequel je regardai James et que James me regardai. Ses yeux chocolats plantés dans les miens. Son regard profond et doux. Le sien. Il rompit alors ce silence :

-Comment vont... ?
-Je pense qu'ils vont bien, c'était très traumatisant pour lui de voir tout ce sang.

On faisait tout pour que notre conversation passe inaperçu. Je ne pense pas qu'il aurait été très bon de signaler que durant cet accident James était en compagnie d'un Loup-Garou et de trois animagus non déclarés...

-Il est quelle heure ? Demanda-t-il.
-Hum... Dis-je en consultant ma montre. Bientôt sept heures du matin.

Il y eut un silence et je compris tout de suite :

-Ok je vais voir si il s'en est remis! M'exclamai-je en me levant et en approchant mon visage du sien. Mais t'as pas intérêt à mourir pendant mon absence compris ?

Je l'embrassai sans attendre de réponse. Je n'en attendais pas d'ailleurs, puisque c'était un ordre. Je me retournai et lui dis avant de sortir :

-Je vais faire un tour à la maison pour aller te chercher des habits et prévenir les autres. Je suis de retour très vite.

Je commençai à partir quand il s'exclama :

-Je t'aime !
-Moi aussi James, moi aussi ! Répondis-je en me retournant.

J'atterris dans la cheminée de la maison du lac. Je me dirigeai vers la fenêtre, il faisait presque jour et je vis alors deux silhouettes porter une troisième.

-C'est pas vrai ! Chuchotai-je.

J'accourus. C'est une vision d'horreur qui s'offrit à moi. Sirius avait l'épaule droite pendante en sang. Peter avait un œil au beurre noir et il me semblait qu'il avait un poignet démis. Tout les deux portaient Remus, inconscient et sanguinolent des plaies partout sur le corps.

-... comme ça ! Ca aurait pu le tuer et nous tuer !! Cria-Sirius.

Apparemment il criait sur Peter puisque ce dernier avait la tête baissée. Sirius me vit, son visage se para d'une lueur d'inquiétude. Je lui répondis alors :

-Il va bien, il est à Sainte-Mangouste. Et vous que c'est-il passé ?
-Plus tard ! Aboya Sirius.

Je pointai ma baguette sur Remus et Sirius interrompit mon geste :

-NON ! Tu n'es pas majeure !
-Tu crois quand même pas que j'ai ramené James toute seule jusqu'à la maison !

J'exécutai le sortilège. Avec la charge en moins, Sirius soupira de soulagement suivit de Peter. Mais aussitôt, Sirius lui cria :

-La ferme !
-Hey, Sirius arrête de l'engueuler ! M'emportai-je.

J'ai cru qu'il allait exploser mais il se mit à marcher avec rage jusqu'à la maison. Je le suivis et je regardai Peter pour avoir une réponse. Il n'en fit rien, il se mit à marcher la tête baissée. Une fois à l'intérieur je plaçai Remus dans la cheminée et Sirius pris une grosse poignée avant de dire :

-On ne peut pas aller à Sainte-Mangouste. Il tient à ce qu'il n'atterrisse jamais à Sainte-Mangouste après une pleine Lune.
-Mais ! Il est peut-être en danger de mort !!
-Non j'ai réussis à le soigner un minimum après sa transformation. La procédure à suivre c'est d'envoyer un hibou à Mme Pomfresh. Elle viendra chez James. Fais le pour lui, Lily. Il ne voulait pas ! Il se sentira déjà assez mal comme ça pas la peine de lui rajouter cet....
-Ok, ok j'ai compris on va chez James !

On utilisa donc le réseau de cheminette pour le retour. Une fois à la maison je l'installai sur le canapé que Sirius avait au préalable déplié pour former un lit, je pris ensuite un parchemin et j'écrivis à Mme Pomfresh pour la prévenir puis j'envoyai ma chouette à sa rencontre. J'allai ensuite faire le tour des chambres pour réveiller les autres. Andromeda arriva la première au chevet de Remus et Rose sauta dans les bras de Sirius, oubliant alors sa blessure qui lui arracha un cri. Les autres s'affairèrent à faire bouillir de l'eau chaude et Rose mit ses mains en action pour pratiquer sa propre magie, les plantes médicinales. Je restai auprès de Remus pour commencer à désinfecter ses plaies à l'aide de Whisky Pur Feu sous le regard inquiet d'Andromeda. Rose arriva avec un panier remplis d'herbes indissociables pour nous mais surement toutes différentes pour elle. Elle commença à broyer des plantes, à rajouter de la neige pour enfin obtenir une mixture pâteuse et verdâtre. Elle enduit ensuite les plaies que j'avais nettoyées de ce drôle de mélange très odorant. Il y avait énormément de plaies, une bonne centaine à vu de nez, même plusieurs centaines, plus ou moins profondes.
Mme Pomfresh nous fit tous sursauter lorsqu'elle déboula de la cheminée. Sans un mot elle se mit au travail en enlevant d'abords la pâte de Rose. En dessous les blessures avaient arrêté de saigner et étaient propres. L'infirmière félicita Rose pour son ouvrage et lui expliqua que cette technique marchait remarquablement bien avec des blessures moins nombreuses mais que c'était très bien d'y avoir pensé. Elle badigeonna donc Remus d'une essence particulière, du dictame d'après ce que je lus sur l'étiquette. D'un coup, d'eux même, les bords se rejoignirent, et se refermèrent pour laisser place à une fine cicatrice rose. Rose avait les yeux écarquillés d'admiration. Remus reprit conscience et Andromeda lui sauta au cou. On s'éloigna un peu pour leur laisser leur petit moment car même si ils n'osaient pas se l'avouer, ils voulaient l'un comme l'autre être seul. Mme Pomfresh s'occupa donc de l'épaule de Sirius. Il serra Rose de son bras valide et lâchait de temps à autres des regards noirs vers Peter qui gardait la tête baissée.
De petits bruits secs retentirent en direction de la fenêtre. Frank l'ouvrit alors pour laisser passer les deux hiboux Grand Duc. Ils atterrirent sur la table de la cuisine, juste à côté de moi. Je mis un moment à saisir qu'ils attendaient tous les deux que je prenne les lettres. J'ouvris alors la première et lus.


Chère Miss Evans,
Nous avons été informés que plusieurs sortilèges de l'œuvre de votre baguette ont été utilisés cette nuit entre trois heures et six heures du matin.
Comme vous le savez, les sorciers de premier cycle ne sont pas autorisés à jeter des sorts en dehors de l'école et toute récidive dans l'utilisation de tels sortilèges pourrait entraîner votre expulsion de ladite école (décret sur la Restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle, article 1857, alinéa C).
Nous vous rappelons également de toute pratique de sorcellerie susceptible d'être remarquée par des membres de la communauté non magique (Moldus) constitue un délit puni par l'article 13 du code du secret établi par la Confédération internationale des mages et sorciers.
Nous voulions également que vous sachiez que vous avez une audience prévue le 9 avril 1976. Il se pourrait fort bien que si par mégarde vous récidiviez, cette date pourrait être modifiée afin de protéger au maximum le secret des sorciers. Si vous recommencez cela voudrait dire que vous êtes incapables de protéger un secret donc non digne de confiance pour notre Avenir.
En vous souhaitant d'agréables vacances, nous vous prions de croire, chère Miss Evans, en l'assurance de nos sentiments distingués.
Bruce Walter
Service des Usages abusifs de la Magie.
Ministère de la Magie.

Je relevai la tête et déglutis. Molly m'interrogea du regard, mais, sans attendre davantage, les mains tremblotantes, je pris la deuxième lettre. Je poussai un petit soupir de soulagement lorsque je reconnus la délicate écriture d'Albus Dumbledore avec son encre verte.


Miss Evans.
Je vais directement en venir au faîte puisque je pense que je n'ai pas été assez rapide pour que cette missive vous parvienne avant celle du Ministère de la Magie. Si par miracle c'est le cas, je vous prie de déchirer la prochaine lettre avant même de la lire. Sinon oubliez-là et brûlez-là
J'ai vu ce que vous aviez fait cette nuit pour sauver vos amis. Je me suis donc rendu au Ministère pour expliquer la situation, ils n'ont bien entendu pas eu envie de discuter plus longtemps puisque les règles étaient les règles. Je me suis donc amusé à leur rappeler le décret suivant : « Tous sorciers non majeurs sont autorisés d'user de la Magie si leur vie ou celle d'un autre est menacée. » Evidemment ils ont eu besoin d'un certain moment de réflexion pour voter et enfin abandonner toutes les charges à votre encontre.
Donc votre date d'audience n'a pas changé (je n'ai pas réussi à l'annuler non plus).
Je m'excuse d'avance du manque de vocabulaire et de tournures de phrases mystérieuses, mais je voulais absolument que cette lettre vous parvienne avant de détruire entièrement la maison de ce pauvre Mr. Potter.

Veuillez transmettre mes voeux de bon rétablissement à Mr.Potter.
Mes meilleurs sentiments.
Albus Dumbledore.


Je me levai sans détacher mon regard de la lettre de Dumbledore et allai jeter la première dans la cheminée. Je relevai ensuite la tête pour voir tous les regards posés sur moi.

-Rien d'important.

Ils se contentèrent de cette réponse puisque je montai directement jusqu'à la chambre de James. Je me douchai et me lavai les cheveux rapidement pour enlever le gros de suie et de sang. Je me changeai et fis un petit sac avec la trousse de toilette de James, un jogging, un T-shirt ample, un boxer et des chaussettes. Je redescendis alors dans l'entrée, rajoutai ses converses dans le sac et retournai au salon :

-Je vais voir James, il m'attend avec des nouvelles, qui veut venir ?
-T'y va comment ? Demanda aussitôt Alice.
-A pied, ce n'est pas vraiment loin.

Sirius, Rose, Molly et Arthur vinrent avec moi tandis que Frank, Peter, Alice, Andromeda et Remus restaient. Remus parce qu'il ne pouvait pas bouger, Frank parce qu'il était plus utile à la maison avec sa baguette, Peter parce que Sirius ne voulait pas le voir pour je ne sais quelle raison, Andromeda restait pour Remus et Alice restait pour Andromeda. On partit donc tous les cinq vers l'hôpital. Une fois arrivés, une infirmière nous indiqua la chambre 3451 et on s'y rendit. James était conscient et discutait avec une infirmière qui lui faisait boire une potion. Quand il nous vit son visage s'illumina et je laissai les autres passer. Sirius sauta sur son lit :

-Mon vieux ! Une balle ! Il manquait plus que ça !
-Désolé, il me manquait cette blessure dans mon palmarès mais je ne la conseille à personne : ça fait un mal de chien !
-Très drôle ! Rigola Sirius devant son humour.

James lui envoya une boutade dans le dos. Rose lui fit un bisou sur la joue ainsi que Molly et Arthur s'assit également sur le lit et lui demanda de décrire sa blessure. Surement à cause de l'arme utilisée...
Dans un coin je commençai à déballer ses affaires. L'infirmière encore présente s'approcha de moi :

-Pas la peine de tout sortir il peut rentrer d'ici une heure, juste le temps que la potion de Poussos fasse effet. Plusieurs de ses côtes étaient en mille morceaux.

Je lui souris et elle me le rendit avant de quitter la pièce. James s'inquiéta auprès de Sirius sur l'état des autres mais il ne voulut rien dire à propos de Peter et c'est Arthur qui enchaina. James demanda quel était le problème avec Peter mais il lui répondit la même chose qu'à moi : « Plus tard ». Il hocha la tête et se tourna vers moi. J'étais adossée à la commode :

-Ça ne va pas?
-Si pourquoi ?
-Je me demandai si tu avais reçu une lettre par hasard.
-Oui, deux. Mais pas de quoi s'inquiéter.

Je sentis qu'une multitude de questions se bousculaient dans son crâne et qu'une fois seuls, il me les sortira une par une. Et je pense que le même traitement sera infligé à Sirius. Mais pour le moment il recommençait à plaisanter avec Sirius. Il allait bien, il fallait encore que je me rende compte. James est vivant. Il est vivant...

Le début d'une belle histoire...Where stories live. Discover now