Chapitre 34

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Je m'endormis enroulée dans ma couverture sur ta pierre. Des larmes coulant sur mon visage.

«Tu me manques déjà Lily.»


14 Mai 1976 (6:30)

Narrateur : Lily Evans


-SIRIUS ?! Cirai-je une fois de plus.

En plein milieu de la forêt interdite je m'égosillais encore une fois depuis bientôt une vingtaine de minutes.

Sirius avait disparu. Depuis trois semaines il n'avait pas donné de signe de vie et le dernier souvenir qui me restait de lui c'était un chien s'enfonçant dans la forêt. Il s'était enfuit. Il m'avait laissé seule. On s'était promis de ne pas tomber et de ne pas s'effondrer. Il n'avait pas tenu, un beau jour, il avait disparu.
Depuis notre séjour en France, tous les élèves nous regardaient avec pitié et nous présentaient leurs condoléances à chaque fois qu'ils nous croisaient. Certains Serpentard également contre toute attente. Mais c'était surtout d'anciens amis à moi. Les autres nous regardaient avec mépris.
Dumbledore avait fait un discours pour Rose et Heather. Il m'avait fait venir dans son bureau dès mon retour. Il voulait d'abord me demander comment ça allait même s'il connaissait déjà la réponse à sa question. Il voulait également savoir quel était l'arbre préféré de Rose. Je lui avais répondu le saule pleureur. Dès le lendemain, un saule et un cerisier avait été plantés dans le parc rejoignant les dizaines d'autres. Un pour chaque élève disparus. Le cerisier se trouvait vers le hangar à bateaux. Le saule près du Lac, à notre endroit à toute les deux. Je n'avais pourtant pas encore eu le courage d'y retourner et je ne faisais que le regarder depuis la fenêtre de notre chambre.
Mes amis évitaient mon regard, mais je l'évitai aussi. James s'inquiétait énormément à notre retour et il avait proposé que l'on fasse une pause tout les deux pour me permettre de souffler. J'étais revenus vers lui quand Sirius était partit. Je dormais généralement avec Sirius, je le réveillais quand il faisait des cauchemars et je le prenais dans mes bras.
Quand Sirius est partit, James s'inquiétait deux fois plus et j'ai décidé de revenir vers lui et je me suis rendus compte à quel point il m'avait manqué. Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de retourner tous les jours dans la forêt, je ne savais même pas à quoi je m'attendais. J'avais cependant trouvé une certaine routine au fait d'y aller en courant tous les matins. Ouais, grande nouvelle : je courais. Chose que je détestais faire avant, je le faisais maintenant avec plaisir.
J'essayai de sourire devant mes amis, mais à chaque petite chose me ramenant à Elle, je préférais partir. Même les brocolis je ne pouvais plus les voir.

Je me résignai à repartir vers le château. Si Sirius m'avait entendu, il ne reviendra pas. Je repris ma course vers la porte du château. Je montai les grands escaliers deux par deux jusqu'au 6eme étage. J'entrai dans la salle commune déserte, dans les escaliers déserts, dans le couloir désert et enfin dans ma chambre tout aussi déserte. Je m'arrêtai alors. Je ne m'étais pas encore résignée à ranger les affaires de Rose. Il y avait encore le lit défait, son pyjama en vrac dessus, les tiroirs ouverts et ses bouquins étalés près de sa table de nuit dont l'un avec un marque page. Je ne dormais plus dans notre lit, je ne pouvais pas.
Je rentrai dans la salle de bain et me déshabillai. Je me glissai dans la douche et savourai l'eau froide coulant sur mon corps. Je sortis de la douche et re-rentrai dans la chambre une serviette étroitement entourée autour de mon corps. Je m'arrêtai au pas de la porte. Silence.
Ce n'était pas une situation normale, avec Rose il n'y avait jamais de silence. J'ouvrai le tiroir de ma commode et en sortie un jogging trop grand - sûrement un à James - et un pull à l'effigie de Poudlard. Je tournai sur moi-même au milieu de la chambre. Je me stoppai face au placard mural tout mité de l'angle de la chambre. Je l'ouvrai en forçant sur la poignée tellement on l'utilisait peu souvent. Dedans, nos vieux manuels scolaires, nos deux valises et des cartons. J'en pris quelques uns et les posais sur le lit. Après une lutte interminable pour déplier et scotcher le fond du carton, je marquai « Moi » sur l'un des cartons. Je me tournai alors vers son bureau. Une pile de livre s'amoncelait juste à côté : la pile de livre qu'elle devait lire. Je pris le premier, intitulé Le meilleur des mondes d'Aldus Yuxley. Je feuilletai le livre et lus en diagonale la quatrième de couverture. Je déposai le livre au fond de mon carton. La même scène se déroula pour tous les livres de la pile. Si elle voulait les lire, je les lui lirais. Même ceux en français. Je m'attaquai ensuite à ses livres de cours. Je les emmènerais à Dumbledore à l'occasion mais pour le moment je les rangeai dans le placard mural avec les autres. Mon regard tomba sur sa baguette que James avait ramenée de là-bas. Je ne m'en occupai pas pour l'instant. Sa besace de cours trainait sur son bureau, je me demandais ce que j'allais en faire. Elle était vide. Je la posai précocement sur la chaise.
Je me dirigeai alors vers sa commode. Je retournai les tiroirs sur le lit. Des mains se posèrent sur mes hanches et une tête se posa sur mon épaule.

-Je ne sais pas quoi faire de tout ça.
-Peut-être que sa famille en voudrait ? Proposa la voix rocailleuse du matin de James.
-Sa mère m'a dit que je pouvais me servir, mais ce sont ses affaires. Et puis elle était bien plus grande que moi !
-Tu pourrais garder quelques affaires et leur envoyer le reste.
-Je sais pas... Hésitai-je.
-Je pense que tu regretteras plus tard si tu ne garde rien. Me convainc-il en embrassant mon épaule.

J'opinai et fouillai dans les affaires. Un pull sauta à mes yeux. C'était son fait tout. Elle le mettait tout le temps et pour tout. Les entrainements de Quidditch, comme tenue de base, comme pyjama... Il était gris, un col rond et serré. Rien d'exceptionnel. Et pourtant lorsque je le mis sous mon nez, il était chargé de souvenir. Quand l'avait-elle mit la dernière fois ? Je crois que c'était le dimanche d'avant, pour trainer dans la salle commune. Je le pliai soigneusement et rangeai entre deux de mes pulls dans ma commode à moi. Je me tournai enfin vers James. Il était en tenue de Quidditch.

-Tu vas voler ? Lui demandai-je étonnée.

Les entrainements et la coupe de Quidditch avait été interdit. Le terrain était trop loin du château. Il se rapprocha de moi et me serra dans ses bras, je serrais ses hanches entre les miens.

-On va voler, répondit-il.

Je ne protestais pas, la première et dernière fois que j'étais montée sur un balai cela m'avait fait un bien fou. Il me tendit un pantalon en toile beige et une robe de Quidditch.

-Je les ai empruntés à Alice, j'espère qu'ils t'iront. Je n'ai pas pu négocier le balai mais il y a toujours celui de Rose, il est fiable il me semble.
-Merci.

Je changeai de pantalon, passai la robe par-dessus mon pull et me rendis devant l'autre placard mural. J'inspirai profondément et ouvris les portes, le balai de Rose y dormait paisiblement depuis ces derniers mois. Je le pris en main et me tournai vers James. Il attendait mes réactions, je lui souris et il me donna le sien. Je le suivis alors dehors. C'est fou comme Poudlard pouvait être vide. Quasiment tous les nés-moldus étaient retourné chez eux – chose à ne surtout pas faire -, les enfants des Mangemorts rentraient chez eux, et les autres avaient trop peurs pour regarder la vérité en face et était partis. Dumbledore avait fait savoir à toutes les presses ce qu'il s'était passé. Il serait vraiment débile de recommencer leurs exploits de la fois dernière. Bref, tout ça pour dire que le château était vide.
Le parc était vide lui aussi, on se croirait pendant les vacances de Pâques. James m'emmena un peu à l'écart du château. Là où il y avait aucun risque pour le décollage. Il y avait une grande caisse. Je la reconnus comme étant la caisse qui contenait les balles de Quidditch pour l'avoir souvent vu durant les matchs. Il passa alors une jambe par-dessus son balai et j'en fis autant. J'inspirai longuement et décollai.
La sensation de bien être qui m'avait envahi la première fois revint en force. Je m'élançai en avant. Le vent claquait dans mes oreilles et mes yeux se fermaient contre mon gré à cause du vent. J'en pleurais. Je fis un demi-tour express et plongeait en piqué vers le sol. Je redressai au dernier moment et James dû plonger au sol pour m'éviter. Je riais à en perdre la voix. Je ralentis et rejoignis James. Je posai un pied à terre. Il était assis, ses avant bras posés sur ses genoux repliés, tout sourire.

-Ca faisait longtemps que je ne t'avais pas vu comme ça.

Je remontai sur le balai et me retournai. Mes jambes retenaient le balai en l'air et mon corps pendait vers le sol. Je l'embrassai ainsi à l'envers avant de reposer pied à terre et de me coucher à côté de lui.

-Ca va changer. Je suis en train de remonter James.
-Je sais.

Le début d'une belle histoire...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant