Chapitre 37

1.3K 52 7
                                    

-T'es belle.
-T'es joli.
-On ne dit pas d'un mec qui est joli ! Se plaignit-il en regardant le plafond.
-M'en fou t'es joli. Dis-je en reposant ma tête sur son torse.

On s'endormit quelques heures plus tard. Dans les bras l'un de l'autre. Baignant dans les mêmes rêves et dans la même chaleur. Jusqu'à ce que le jour nous sépare.


25 Avril 1976
Narrateur : Sirius Black



Lily avait déposé ses affaires il y a plus d'une semaine mais je n'y avais pas touché. Je me demandais toujours, ce qui arriverait, si je disais au revoir à Rose définitivement en rangeant ses affaires. L'oublierais-je ? Non, je ne pourrais jamais l'oublier. Lui pardonnerais-je ? Non, je ne pourrais jamais lui pardonner. La détesterais-je ? Non, je ne pourrais définitivement jamais la détester. L'aimerai-je ?
Oui, je l'aimerais.

Durant plus d'une semaine je n'y avais pas touché, pourtant en moins d'une heure tout était bouclé. J'avais gardé peu de chose, juste sa couverture, sa bouteille de parfum, le collier que j'avais sculpté pour elle au bord du lac et sa baguette. Je passai le collier autour de mon cou, posai la couverture sur mon lit, le parfum dans la salle de bain et la baguette sur la table de nuit, là où elle la mettait chaque soir.
J'avais refermé les cartons. C'était fini.

Je me rapprochai d'elle, de plus en plus. Enfin pas d'elle mais de son arbre. Celui que j'avais vu à mon retour de l'autre côté du Lac. Un magnifique Saule. Je ne savais pas que c'était son arbre préféré. En faîte, je ne connaissais pas grand chose d'elle. J'entrai à l'intérieur de l'arbre, sous ses longs feuillages tombants. C'était magnifique, le soleil traversait à peine les feuilles et dessinait des centaines de petits carrés lumineux au sol. Je fermai les yeux, son odeur était présente, comment était-ce possible ? Je les rouvris et en trouvait la raison. Le tronc était entouré de pivoines éparpillées. Les mêmes qui l'avaient accompagnées sous terre.

-Salut Rose. Je t'ai apporté une rose. Ne me demande pas pourquoi je ne sais pas. Tu as toujours détesté ces fleurs. Moi aussi. Peut-être parce qu'il ne pouvait exister qu'une seule rose, et que c'était toi. [...] Je ne sais plus Rose. Je ne sais plus ce que je dois faire. Je me sens perdu. J'ai peur de te décevoir. J'ai peur de ne plus pouvoir vivre sans toi. Et je crois qu'à force d'avoir peur je me perds moi-même. Tu es partie en me laissant derrière toi. J'ai besoin d'avancer Rose. J'ai besoin de savoir que tu ne m'en veux pas de continuer sans toi. [...] Je ne referais pas ma vie. Je sais que c'est ce que tu aurais voulu mais je ne pourrais jamais aimer quelqu'un d'autre que toi. Tu n'as pas le droit de me demander ça. Et si ça veut dire rester seul jusqu'à ma mort, je le ferais. [...] J'irais squatter chez James au pire. Il aura beau râler, je suis sûr que Lily sera de mon côté. [...] Comment elle fait ? Je n'ai pas pu rester avec elle. On s'était promis l'un l'autre de ne pas laisser l'autre. C'est moi qui suis parti. [...] J'étais seul dans cette forêt. J'avais complètement oublié mes amis. Je crois que c'est elle qui m'a fait revenir. Je devais honorer ma promesse. Quand je l'ai revu dans la Grande Salle. Elle avait perdu cette flamme dans son regard. Je n'ai pas été un bon ami. [...] Toi tu savais y faire avec elle. Même James n'y est pas arrivé. [...] Tu lui manques. Tu nous manques à tous. [...] Merde. En parlant j'ai déchiqueté ta fleur désolée. De toute façon tu n'aimes pas ces fleurs.

Je fis demi-tour. Laissant derrière moi les restes des pétales de la rose. J'espérais que venir ici m'enlèverait le poids de sa perte. Je m'étais trompé. Ce pourrait-il que ça soit terminé ? Que je ne puisse plus jamais me sentir comme avant ?


Narrateur : Lily Evans


Assise sur le rebord de ma fenêtre je vis Sirius s'éloigner de l'arbre de Rose. Je soupirai un grand coup. James était sortit avec Remus à Pré-au-Lard pour lui remonter le moral. Ils avaient dit qu'ils resteraient peut-être le soir jusqu'au couvre-feu. Et moi je culpabilisais de ne pas pouvoir y aller parce que toutes les boutiques me rappelaient Rose. Et je n'avais pas envie de m'empêcher de vivre à cause de quelqu'un qui n'était plus là. Et pour éviter ça j'étais à côté de ma fenêtre ouverte en train de regarder Sirius retourner vers le château éclairé de sa baguette magique. Pas forcément une bonne idée le coup de la fenêtre ouverte avec ma maladresse. Par esprit de prudence, je m'en écartai. Je m'en écartai tellement que je butai contre ma porte de chambre.

-Et merde Rose !

Je me dirigeai vers mon bureau, pris la boîte métallique que j'avais trouvé en faisant ses cartons, embarquait ma couette. Je fourrai une main dans sa pile de livres et pris celui qu'elle avait déjà commencé. Je me retournai et ouvris brusquement la porte. Je croisai Sirius dans les Grands Escaliers.

-Lily ? Où tu vas à cette heure là ?
-Prendre l'air. Proclamai-je sans m'arrêter
-Euh... besoin d'aide ?
-Pour prendre l'air ? Non ça va aller je devrais m'en sortir ! Répondis-je en secouant une main par-dessus mon épaule.

Il n'insista pas et je continuai ma route jusqu'au saule. Je traversai les feuilles pendantes et déposai mon paquetage à mes pieds. Bizarrement je ne m'attendais pas à ça. A rien en faîte. Il ne s'est absolument rien passé. Je m'attendais à un petit souffle d'air qui me prouverait qu'elle était présente. Mais non. Rien. Cela m'énerva encore plus.

-Je te préviens si je retombe malade ça sera ta faute cette fois Rose ! Et désolée de m'incruster mais t'avais qu'à pas être morte !

Je soupirai. Je pris le coffret de souvenir et me mis à genou devant le tronc. Je creusai un trou assez profond pour le contenir et l'enterrai entre les racines du saule. Je m'installai ensuite emmitouflée sous ma couverture, le dos appuyé contre le bois. Je rejetai la tête en arrière.

-Pardon. Je sais bien que tu ne le voulais pas. Mourir. Tu sais, je me suis souvent demandée ce que ça faisait d'avoir une sœur ? J'ai Pétunia bien sûr mais je parle d'une sœur qui ne vous compare pas à un monstre dès qu'elle vous voit. Ça doit exister des sœurs comme ça. J'ai longtemps pensé qu'une sœur devait agir comme toi. Mais non. Une sœur ne meure pas. Ce n'est pas juste. En plus les sœurs sont censées être chiantes. Après je ne sais pas si les sœurs doivent forcément se protéger et même si elles le peuv... Wow. Je me suis perdue en parlant. C'est nouveau tien. Je parle, je parle et je ne réfléchis pas. C'est comme si je n'avais plus de filtre. Mes mots sortent en même temps que je les dis. C'est étrange.

J'arrêtai de parler. Cela valait mieux. A la place je pris le livre que j'avais emmené. Celui entamé par Rose quelques semaines plus tôt : Le meilleur des Mondes. Je ne compris pas grand-chose au début. En même temps, personne n'a jamais conseillé à quelqu'un de commencer à lire à partir de la page 164.

-... très lentement, comme deux aiguilles de boussole que rien ne presse, les pieds se tournèrent vers la droite attends les pieds ? Tous seuls ? ; nord, nord-est, est, sud-est, sud, sud-ouest ; puis ils s'arrêtèrent, et, au bout de quelques secondes, revinrent avec aussi peu de hâte vers la gauche. Sud-sud-ouest, sud, est... [...]Attends. Quoi ? Ça finit comme ça ? Le seul mec qui tient à peu près debout dans ce monde de dingue se suicide ?!

Je balançai le livre plus loin.

-Tu me déprimes Rose. Le livre s'appelle Le meilleur des Mondes et ça finit comme ça !? Y en a qui ne savent plus quoi inventé ce n'est pas possible ! Je te préviens les autres ont intérêt à avoir une fin correcte !

C'était devenu une routine pour moi. Chaque jour, je venais ici, m'appuyai contre l'arbre et lui lisais ses livres. Je passais facilement plusieurs heures par jours à lire voir la journée entière pendant les week-ends. Comme ça, en quelques semaines seulement, je lus dix livres pré-choisis par Rose. C'était pourtant les derniers qui me firent le plus grand choc. Cinq livres. Écrits à la main. De Sa main. Elle y racontait tout. Tout ce qu'elle avait vécu depuis qu'elle avait reçu sa lettre. J'étais bluffée. Elle avait du talent. A chaque mot, je revoyais la scène. A chaque mot, je me revoyais vivant la scène. Des moments de vie.

« -Qu'est-ce que tu écris dans ce journal ?
-Des trucs.
-AH ! Madame a un journal intime !!
-Non. C'est juste pour me souvenir.
-Un journal intime quoi !
-Si tu veux.


Lily ne comprenait pas que l'on puisse écrire une histoire sans que ce soit un journal intime. Ce n'est pas intime ce que j'écris, c'est juste notre histoire. J'espère qu'un jour elle lira ça. Quoique, faudrait mieux que je ne sois pas là quand elle le fera. Ce livre rassemble tous ses plus gros dossier...»

Elle l'écrivait déjà en première année. J'avais dévoré ses livres. Et lorsque je me relevai une dernière fois. Je me retournai vers l'arbre.

-Je t'aime Rosie.

Le cœur léger je partis. Le coeur léger...

Le début d'une belle histoire...Where stories live. Discover now