Chapitre 31

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-Je suis enceinte de toi, Sirius.

Pendant quelques secondes qui paraissaient des heures, un silence de plomb s'installa. Un grincement ce fit entendre. Le lit ? Il était tombé dans les pommes ? Je regardai fixement mon amie qui levait petit à petit les yeux et enfin Sirius apparu. Il encadra le visage de Rose de ses mains et l'embrassa à pleine bouche. Il n'était donc pas tombé dans les pommes. Avec un sourire, je me reculai sur la pointe de pied. C'était leur moment. Je fis demi-tour vers la chambre de James.


5 Avril 1976
Narrateur : Lily Evans


Cinq jours. Cinq. Je m'étais faîte à l'idée de mourir dans cinq jours. Où en tout les cas d'être victime d'un sortilège d'amnésie assez puissant pour que ça en revienne au même. Cinq jours. L'audience. La mort.

James avait un bras sur mon ventre et était endormi. Je n'avais pas dormi cette nuit là. En me levant, je pris soin de reposer délicatement son bras sur un coussin. Dans la salle de bain, je me regardai dans le miroir. Mes cernes étaient énormes : pendant bien quatre jours, je n'avais dormi qu'à peine trois heures. Je réfléchissais. Je réfléchissais à comment je ferais pour sauver ma peau et, si c'était le cas, à me sauver tout court. Sans bien sûr attirer des emmerdes à mes amis. Je n'avais toujours pas trouvé.
Il devait être à peine 6 heures, pourtant, je me maquillai et me coiffai. Je mettais énormément de maquillage sous mes yeux pour cacher mes cernes, je ne voulais pas inquiéter les autres. Je pris ensuite mes livres et ma besace et allai à la bibliothèque pour travailler sur un plan avant le début des cours. A croire que la bibliothécaire ne dormait jamais.
James m'y rejoignit une heure plus tard, je cachai mes recherches sous mon devoir de métamorphose et tirai sur un livre au hasard que j'ouvris précipitamment. Il s'assit en face de moi et me regarda intensivement.

-Quoi ?
-Qu'est-ce que tu as ?
-Rien, pourquoi ?
-Tu as l'air crevée, tu viens te coucher après tout le monde, tu te lèves avant tout le monde. Si je ne me réveillais pas la nuit et que je ne te voyais pas dans le lit, je me serais inquiété de savoir si tu ne dormais pas carrément ici !
-Les BUSEs approchent, je veux juste être prête.
-Tu es sûr qu'il n'y a pas autre chose ?
-Non.
-Il n'y aurait pas un rapport avec ce qu'il se passe dans cinq jours ?
-Bon, j'y vais. J'ai pas encore déjeuné et je meurs de faim, dis-je en rangeant mes affaires.

James jetai un coup d'œil sur mes travaux, il plissa le front mais ne fit aucune remarque. J'en fus soulagée et c'est avec une certaine appréhension que je rejoignis mes amis dans la Grande Salle avec James. Cette appréhension qui me rongeait depuis quelques temps. En les voyant, je ne pouvais m'empêcher de voir ce que j'allais perdre. Je m'arrêtai à quelques mètres d'eux. Arthur, comme chaque matin, essayait d'écrire des mots avec ses céréales en forme de lettre. Molly, pendu à son cou, lui embrassait la joue toutes les secondes. Alice, la tête dans son bol comme depuis 5 ans, essayait d'échapper aux chatouilles de Frank. Andromeda, rayonnante, explosait de rire. Remus, à côté d'elle, faillit cracher sa nourriture en pouffant. Peter était encore absent. Mes yeux dérivèrent vers Rose et Sirius. Rose, le ventre arrondit, du brocoli – le seul aliment que Mr.Bébé acceptait apparemment -. Et comme chaque matin, Sirius la regardait dégoutté, mais souriait.
Contrairement à ce qu'elle avait pensé, personne ne l'avait rejeté à l'annonce de sa grossesse. Pas même Dumbledore, qui, compréhensif, avait même demandé à Mme Pomfresh de suivre une formation de baby-sitter pour que Rose puisse continuer ses études. Elle s'était d'ailleurs vexée en lui rappelant qu'elle était grande sœur d'une très grande fratrie.
Sirius était le plus heureux du monde. Ils en étaient déjà au choix des prénoms. Ils étaient d'ailleurs en désaccord là-dessus. Rose tenait absolument appelé son enfant Harry, ou Harold si c'était un garçon, ce à quoi avait répondu Sirius : « Pourquoi pas Hariette pour une fille tant que tu y es !». Elle avait simplement répondu que pourquoi pas. D'un commun accord, personne n'avait eu dans l'idée de se positionner dans la discussion, on préférait rester en dehors de ça. Alors, pour l'instant, pour tout le monde c'était Mr.Bébé. Ils s'étaient pourtant mis d'accord que si c'était un garçon ça serait Harry, pour Rose, et si c'était une fille, June, pour Sirius.
Ce n'était pas rare de voir Sirius, une main sur le ventre de Rose, en train de parler de Quidditch à Mr.Bébé. Car, pour lui, que ça soit une fille ou un garçon, il ou elle jouerait dans l'équipe de Poudlard, voire en championnat ! Il lui commentait donc de grands matchs auquels il avait assisté. Rose, plus conventionnelle, lui lisait des classiques de la littérature anglaise et française dans les deux langues. Le plus souvent les sœurs Brontë, Balzac, Zola, Shakespeare ; des grands classiques, mais aussi des contes pour enfants : Carroll, Perrault, Andersen et les frère Grimm. Ils aspiraient tout les deux et demi à une vie rêvée. J'admirais la force de Rose. Comme si ça ne lui faisait rien ce qu'il allait se passer dans cinq jours... Alors que j'avais essayé de lui en parler, elle m'avait dit ces mots : « Lily, je suis heureuse ! Je suis amoureuse du meilleur homme de la Terre, j'attends une enfant, je suis en vie et je suis heureuse ! J'ai vécu 11 ans de ma vie sans savoir que j'étais une sorcière. Si je dois perdre mes dons, ça ne fera que mettre fin à un voyage splendide de cinq années. Mon destin est tracé maintenant ! ». Ses paroles m'avaient révolté. Maintenant je comprenais, elle ne sera peut-être plus une sorcière dans cinq jours, mais elle sera une future mère comblée de bonheur avec Sirius.
Rose était heureuse. Pourquoi je n'arrivais pas à l'être également ?

James me rentra dedans.

-Ca va Lily ?

Je me retournai vers lui. Son front plissé, un sourcil relevé : il s'inquiétait réellement. Je n'arrivais toujours pas à le regarder dans les yeux.

-Oui parfaitement.

Je me dirigeai vers mes amis et m'assis à ma place. J'étais physiquement là, mais ma tête était ailleurs. J'étais perdue dans l'incertitude et la peur.

Le début d'une belle histoire...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant