Prologue

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J'étais assis sur le banc de la gare.

« - Hum, tout va bien ? me demande une dame en me voyant.

C'est sur que voir un adolescent gringalet assis sans rien faire, la tête haute et le regard se promenant sur les visages des gens, ce n'est pas commun.

- Oui.
- Tu fais quoi, seul ici ? Tu attends quelqu'un ?
- Je lis.

Elle fronce les sourcils.

- Tu n'as pas de livre.
- Je n'en ai pas besoin. Le regard des gens est bien plus intéressant que tout les livres. Plus réel.

Je vois qu'elle ne comprend pas.

- Je viens tout les matins ici, je reprend. Des milliers de gens passent ici chaque jour, je les regarde. J'essaye de savoir ce qu'ils ont vécu, ce qu'ils pensent. J'invente leurs vies. La plupart du temps je me trompe, mais
ça m'occupe.
- Et tu vas rester là toute la journée ?
- Oui. Jusqu'à qu'un agent me dise de rentrer chez moi.
- Pourquoi tu « t'occupes » comme ça ?
- C'est plus interessant que ma vie.

Je dois répéter ces mots dix fois par jours. Ça devient machinal, automatique. Agaçant.

- J'ai mon train à prendre. Je te laisse ?

C'est marrant je lui ai jamais demandé de venir, encore moins de rester.

J'hoche simplement la tête de peur que quelque chose de brutal ne sorte de ma bouche.

Elle part.

Je cherche la première chose qui m'intéresse chez les gens. Leurs chaussures.

Une paire de Converse blanches. Rien de plus basique, ça ne promet pas une histoire intéressante.
Je sais qu'on ne juge pas un livre à sa couverture, et là en l'occurrence à sa paire de chaussures, mais il y a un pourcentage plus élevé que son regard soit intéressant si ce qu'ils portent aux pieds est lui même intéressant.

Les converse avancent et je devine aux jambes élancées que c'est une fille qui les portent. Le derrière de la chaussure droite est parsemé de quelques dessins et de gribouillis, dont une fleur. Une marguerite si je ne me trompe.
Finalement cette personne peut être plutôt intéressante à lire.

Je lève les yeux.

C'est une jeune fille, d'environ dix-sept ans. Elle a des cheveux bruns, bouclés et coupés à longueur d'épaule.
Je regarde la deuxième chose qui m'intéresse le plus chez les gens.
Leurs yeux.
Les siens sont bleus, virant légèrement sur le gris. Plutôt fin, en forme d'amandes. Elle a de longs cils noirs.
Ils sont cernés, ses yeux.
Et des cicatrices visibles sur ses avants bras.

Elle est parfaite.
Je fixe son regard quelques secondes avant qu'elle ne sorte de ma vue, et j'entame la lecture de sa vie.

Alors... les personnes qui ont déjà lu le reste de l'histoire trouveront cela peut être étrange...
mais je voulais qu'il y ait un lien entre les différentes nouvelles, donc j'ai mis en place ce scénario.
Il y aura donc des petites modifications dans les chapitres suivants, mais rien d'alarmant donc ne vous sentez pas obligés de les relire.
Dites moi si cette façon de raconter l'histoire vous plaît, personnellement je n'avait jamais vu ça donc je me suis dit pourquoi pas le faire moi même...

DEAR FUCKING WORLDWhere stories live. Discover now