Sur le bateau - Chapitre 5

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Après avoir vu la façon dont Amélie était traitée, Adam fut pris de remord. A peine... Mais il décida de mettre fin à cette mascarade dès ce soir.

A la tombée de la nuit, après s'être enquéri d'où elle était auprès d'Eleanore, il descendit dans les cales. Arrivé en bas des marches, il entendit des éclats de voix. Alors, il pressa le pas jusqu'à voir l'un des marins agripper sans égard le poignet de la princesse.

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- Lâche-moi ! J'ai dit non ! insista-t-elle.

Elle n'écouta pas les rires et les remarques graveleuses autour d'elle et se débattit comme une lionne jusqu'à ce que le marin la lache. Alors un groupe se forma autour d'eux, comme s'ils s'attendaient à ce qu'elle se batte. Qu'est-ce que c'était que ce monde de fou dans lequel elle était tombée ? Elle ne voyait plus une aide autour d'elle. Pourquoi était-elle la seule femme à avoir été envoyée dans les cales ? Est-ce que c'était ça la punition ? Servir de diner aux marins en manque de femme ? Elle serra les poings, prête à se défendre.

- Qu'est-ce que vous faites ? fit la voix sombre et dure d'Adam alors qu'il s'approchait du groupe.

Immédiatement les marins se dispersèrent. Amélie tenta de s'éclipser avec les autres, cherchant la sortie et la civilisation. Adam la retint par le poignet.

- Excuse-moi, ma jolie, on se connait ? lui demanda-t-il.

- Non, monsieur, souffla-t-elle. Excusez-moi de vous avoir dérangé, ajouta-t-elle en tentant de lui échapper.

- Attends une seconde.

Il lui passa un bras autour des hanches et l'entraina vers la sortie, la tenant toujours fermement.

- Je vais te raccompagner.

De Saad, encore lui. La princesse était furieuse, mais se garda bien de le montrer. C'était lui qui l'avait bousculée. Il était là lorsqu'elle s'était faite enguirlander. Il savait, il n'y avait pas d'autre explication, il savait. Mais mieux valait continuer à jouer le jeu.

- Merci, monsieur, souffla-t-elle.

Elle se laissa entrainer hors de la câle, cherchant une échapatoire. Juste avant les marches, il la plaqua contre le mur et se pencha dans son cou.

- Il me semble que je viens de te sauver, jolie soubrette. Peut-être que tu pourrais m'accorder une récompense...

Elle le repoussa, le plus fort qu'elle put.

- Je vais en parler à la gouvernante de la famille, elle tâchera de vous rétribuer en conséquence.

À nouveau, elle tenta de s'esquiver. Elle n'en revenait pas qu'il puisse avoir une attitude aussi répugnante. Il ne valait pas mieux que les marins du fin fond de ce rafiot. Mais ça, elle le savait depuis longtemps. Fourbe, menteur, capable de monter des plans aussi tordus que cruels pour arriver à ses fins. Ce comte félon lui sortait par les yeux. Et là, en plus, il commençait à devenir dangereux.

- Non non, ma belle. Pas comme ça... susurra-t-il en la retenant à nouveau.

Il la souleva dans ses bras et l'emporta à l'étage. Amélie se débattit mais cessa net lorsqu'ils arrivèrent sur le pont.

- Lachez moi, ordonna-t-elle. Ou j'appelle à l'aide.

- Mais allez-y, l'invita-t-il. Qui se souciera d'une soubrette détournée par un noble ?

Elle paniqua et chercha un visage amicale. Les servantes détournaient les yeux. Elle posa les yeux sur le baron de Nibel. C'était peut-être un idiot, mais elle était presque sûre qu'elle pouvait avoir confiance en lui.

NaufragésWhere stories live. Discover now