Sur l'ile - Chapitre 14

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- J'ai commencé à aménager en bas, annonça Adam. En cas de tempête ce sera parfait, mais difficile à défendre si les propriétaires débarquent. Il va falloir instaurer des tours de garde.

- Qu'est-ce que ça changerait ! remarqua Amélie. On est sur une île minuscule. On a fait un phare ! Notre présence ici est évidente. Qu'on les voie arriver ou non, on est perdu. On devrait plutôt faire de ce refuge un abri et qu'en cas "d'invasion", il faudrait pouvoir tenir le plus longtemps possible en état de siège.

- Ca change qu'on ne sera pas pris au dépourvu, la contredit-il. J'ai aussi trouvé des armes, ce qui, en plus d'être très utile pour ouvrir les noix de coco, nous permettra de nous défendre.

- Oui, admit-elle. C'est vrai.

- Le mieux, dit-il avec un sourire rêveur c'est de se cacher pendant qu'ils vont vérifier leur trésor, monter à bord de leur navire et le détourner. Comme ça, en plus, on rentre chez nous.

- Tu sais... j'ai fait beaucoup de "voyages", j'ai testé beaucoup de métier... mais pas combattante. Comment pourrais-je me rendre utile si on prépare ce plan ?

- Tu veux faire un stage auprès d'un soldat trop loyal ? demanda-t-il aguicheur.

- Volontier, approuva-t-elle ravie.

- Est-ce que je suis monté au rang de maitre d'arme royal ?

- Évidemment, sinon tu n'aurais même pas le droit de m'approcher. Ton salaire augmentera en conséquence, il te suffira d'aller te servir là-bas en bas.

Il rit.

- Quelle générosité, ma reine. Et en tant que fiancé, j'ai droit à quoi ?

- Des baisers et de la tendresse, sans restriction.

- Ça, c'est intéressant, dit-il en se penchant sur elle pour quémander son dû.

Elle lui offrit un baiser tendre, et par jeu, glissa une main sous sa chemise pour caresser les muscles de son torse. Elle sentit le souffle du comte se faire plus court et son baiser plus avide, alors qu'il remontait ses mains le long de son dos. En elle une vague de chaleur brulante se diffusa dans son corps à partir de son ventre, elle répondit à l'avidité de son baiser laissant l'intensité de leurs caresses augmenter et ne rompit l'instant qu'à bout de souffle, légèrement effrayée par la force de ce qu'elle ressentait.

- On n'est plus tout à fait dans le domaine de la tendresse, là, remarqua-t-elle en cachant son visage dans son cou.

Il sourit, la tête en vrac, en la berçant tout contre lui.

- Je t'aime, Amé, murmura-t-il.

Elle se détendit complètement et poussa un soupir de plaisir.

- Oui. Moi aussi, mon amour.

- Au travail ? demanda-t-il après un moment de silence.

- Oui.

Elle s'écarta et lui sourit.

- Je suis à tes ordres.

- Ça, c'est intéressant, susurra-t-il. Commençons par te trouver une arme.

Après avoir fouillé dans le trésor, il trouva une rapière richement ciselée pour elle et un sabre d'abordage pour lui. Alors, ils commencèrent immédiatement la leçon.

- Plus haute ta garde, intima Adam.

Très sérieuse et appliquée, la jeune femme obéit. Il lui montra un mouvement simple, en frappant dans sa lame qui lui échappa des mains.

- Il faut que tu la tiennes plus fermement et que ton poignet soit souple pour amortir les chocs.

- Oui, maitre, fit-elle en se baissant pour la ramasser. Mais ça fait mal ! Ça vibre dans mes bras.

- C'est parce que ta prise n'est pas assez ferme, dit-il d'un ton dur, avant d'ajouter plus bas : Et aussi parce que l'épée n'est pas à ta main, mais il faudra s'en contenter. On recommence. Et quand tu arriveras à garder ton arme, tu reproduiras l'enchainement.

Adam ne plaisantait pas quand il lui avait dit qu'il lui apprendrait, et Amélie en était ravie. C'était difficile, épuisant, mais elle s'accrocha parce dehors planait une menace. Si les pirates revenaient, s'ils mettaient le pied sur cette île, leurs chances de s'en sortir seraient tellement minces que le moindre détail avait son importance.

- Tu es douée, apprécia le comte alors qu'elle parvenait enfin à enchainer les mouvements qu'il lui avait montrés sans mal.

- Merci ! C'est que tu es un bon professeur.

- On va s'arrêter là. Si tu veux, je peux te montrer un exercice à faire pour éviter les courbatures.

- Est-ce que c'est un exercice qui suppose de coller mon corps contre le tien ? demanda-t-elle malicieuse.

- Hum... Non, fit-il destabilisé. Mais pourquoi pas...

Il rit.

- Tu es une peste.

- J'adore toujours voir ce petit moment où tes yeux s'écarquillent parce que je te surprends, avoua-t-elle amoureuse.

- Il n'y a que toi pour me faire cet effet-là, dit-il en s'approchant pour la serrer dans ses bras. Je suis un homme sérieux, la plupart du temps...

- Je sais. Tu étais... méconnaissable à la cour, répondit-elle en le serrant dans ses bras.

- La cour... C'est une jungle. Il faut s'endurcir pour y survivre. Moi, j'ai dû me construire un mur épais pour ne pas sombrer.

- Je suis désolée, murmura-t-elle. Je regrette vraiment ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas été à la hauteur.

- Je suppose que ça n'a pas été simple pour toi non plus, souffla-t-il en posant son front sur le sien. J'aurais aimé que tu me donnes ma chance, mais je me doute que ton père ne t'a pas vraiment laissé de marge de toute façon.

- Non... mais je n'étais pas obligée de te repousser sans te laisser l'occasion de parler, de t'exprimer. Deux ans, il aura fallu deux ans pour que l'on comprenne. Je ne veux plus perdre une seule seconde et passer le reste de ma vie à tes côtés.

Il lui adressa un regard tendre et se pencha sur ses lèvres.

- Ainsi soit-il, murmura-t-il.


NaufragésWhere stories live. Discover now