Sur l'ile - Chapitre 16

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Comme il faisait un peu froid, Amélie récupéra des vêtements qu'elle avait mis à sécher pour se faire une tenue plus chaude et remit un peu de bois au feu. Alors elle s'installa face à la mer et observa ses étendues limpides. Les journées étaient brûlantes, ici, et les nuits fraiches. Ces changements de températures lui faisaient penser à ce qu'elle avait vécu avec Adam. Des moments de bonheur et de désillusion. Y aurait-il une nouvelle désillusion après cette nouvelle journée de bonheur ? Après tout, le soleil finissait toujours par se coucher, non ?

Elle chassa ces pensées idiotes. Et si elle lui faisait confiance ? Elle en avait tellement envie, tellement besoin. Peut-être... peut-être que l'aimer, ce n'était pas seulement l'admettre et lui ouvrir son cœur. Peut-être que l'aimer, c'était aussi se battre contre son père pour l'épouser lui et pas un autre malgré les enjeux, malgré le fait que son père soit roi et en possession de toutes les clefs du destin. Avait-elle envie de se laisser aller à croire que tous les deux, ils pourraient forcer les choses pour vivre ensemble ? Oui, de toutes ses forces. Elle connaissait ses limites. Elle ne pouvait pas s'enfuir. Elle était la seule héritière du royaume. Mais il ne serait pas nécessaire de s'enfuir, tant qu'elle pouvait rester avec lui.

Forte de ses résolutions, elle garda l'île en rondes silencieuses sur la plage nocturne, jusqu'à ce que la fatigue la rattrape.

- Tiens... Souffla la voix ensommeillée d'Adam alors qu'elle redescendait vers lui. Un ange descend du ciel...

Rassemblant ses cheveux ruisselants de pluie, elle se pencha sur lui et l'embrassa.

- Oui, mon amour. C'est moi. Tu as bien dormi ?

- J'ai fait des rêves merveilleux, soupira-t-il en l'attirant à lui. Ouh... Tu es trempée...

- Oui, il pleut, mais ce n'est pas encore la tempête. Toutes nos réserves d'eau sont pleines.

- Ça, c'est bien, dit-il en se redressant. Déshabille-toi, tu vas attraper froid.

- Oui.

Elle s'exécuta. Plusieurs des vêtements avaient été mis à l'abri, elle retira donc la totalité de ses vêtements trempés et enfila juste une chemise.

- Ça ne va pas être une partie de plaisir, soupira-t-elle. J'ai fait un parapluie en feuilles de palme, tu verras dehors, si ça peut t'aider.

Cette fois, Adam n'avait pas pu s'empècher de regarder... Juste un peu. Un tout petit peu, mais ça avait suffi à lui brûler les yeux. Il n'avait vu que le reflet de sa peau blanche dans les ombres, mais par les dieux, comment pouvait-on être aussi belle ?

- Oui, euh...

Il s'emmêla dans le hamac en tentant d'en descendre. Ho non... Il agissait comme un jouvenceau, parfait...

Il se racla la gorge et tâcha de retrouver une contenance.

- Ne regarde pas, gronda-t-elle en refermant sa chemise. On ne peut pas te faire confiance !

- Je n'ai rien vu, se défendit-il en se dirigeant vers la sortie. Presque rien...

- Ça, ça veut dire que tu as regardé, rit-elle malicieuse.

Elle le retint pour l'embrasser tendrement.

- Je t'aime.

Il accepta son offrande et lui sourit.

- Tu es magnifique.

- Merci.

Elle l'embrassa encore et lui souffla à l'oreille.

- Je ne te laisserai plus jamais tomber, je te le promets. Quand on rentrera, je ferai mon possible pour que mon père t'accepte.

Il la dévisagea surpris et attendri. Il tendit la main et caressa sa joue.

- Mouahaha, je suis enfin parvenu à mes fins, sourit-il.

- Hahaha, il me croit, rétorqua-t-elle. Comme on va s'amuser à la cour quand il va chuter brutalement de son piédestal.

- Garce, sourit-il tendrement.

- Tu as cherché.

Elle s'écarta pour monter dans le hamac.

- À tout à l'heure.

Il revint vers elle pour la border comme une petite fille.

- Bonne nuit ma belle, dit-il en déposant un baiser sur le bout de son nez.

- Bon courage.

Par jeu autant que parce qu'elle en avait envie, elle l'attira contre elle et l'embrassa longuement reprenant son exploration des muscles sous sa chemise.

- Tu as froid ? se moqua-t-il d'une voix rauque. Tu veux que je te réchauffe ?

- Je te donne un peu de ma chaleur, répondit-elle. Et...

Elle baissa sa main vers son pantalon, faisant mine de vouloir la passer à l'intérieur.

- Si je te disais que je ne me satisfais plus d'explorer le haut de ton corps, tu réponds quoi ?

- Je te dirais...

Il prit ses doigts dans les siens et lui fit suivre la ligne de sa ceinture.

- Que ceci est une limite et que si tu la franchis, tu devras être prête à en assumer les conséquences.

- Ça marche.

Elle se sentait parcourue de frissons.

- Cette fois je suis sûre de faire de beaux rêves.

Il lui sourit et l'embrassa une dernière fois avant de quitter l'abri.

- Je te le souhaite.

La pluie dehors le fit frissonner, mais il se dit qu'au fond, ce n'était pas un mal de se faire refroidir un peu...

Il s'installa près du feu, l'attisa et le nourrit, avant de s'abimer dans ses pensées douces, fiévreuses, mais aussi, et ça, il ne pouvait l'empècher, inquiètes et plus bassement calculatrices.



NaufragésWhere stories live. Discover now