Naufragés

Sur le bateau - Chapitre 6

Quand Adam se réveilla, il se senti bercé par la chaleur famillière et pourtant lointaine de la jeune fille. Depuis combien de temps ne l'avait-il pas approché d'aussi près ? Depuis combien de temps n'avait-il pas senti l'odeur délicatement parfumée de sa peau ? Depuis combien de temps n'avait-il pas eu le goût de ses lèvres sur les siennes ? Il se redressa et la contempla. Endormie, elle avait vraiment l'air d'une enfant sage avec son visage détendu et sa bouche légèrement entrouverte. Mais ce n'était qu'une apparence. Cette fille était aussi belle que mauvaise, il en savait quelque chose. Malgré tout, il résista à l'envie de frôler sa peau. Rien ne pressait plus, maintenant. Bientôt, elle serait à lui et si ce n'était pas de gré, ce serait de force.

Il se leva, approcha de la vasque remplie d'eau et s'aspergea le visage. Restriction d'eau oblige, il devrait s'en contenter. Aucune chance qu'on lui donne de quoi remplir une baignoire. Il s'imagina un moment demander à la princesse de le laver et sourit, amusé. Il entreprit ensuite de se déhabiller et de se laver succinctement avant qu'Amélie ne se réveille et revétit des vêtements propres.

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Amélie se réveila en entendant les bruits de l'eau. Elle manqua de bailler et de s'étendre, toute courbaturée par sa nuit passée recroquevillée. Elle avait juste un peu froid, et il lui fallut quelques secondes pour se souvenir dans quel pétrin elle était. Elle attendit sans bouger puis quand les bruits de tissus cessèrent, elle ouvrit les yeux.

Adam était en train de se préparer pour la matinée. Elle hésita à attendre qu'il s'en aille et décida de se redresser et de s'asseoir sur sa couchette, elle n'avait pas plus envie de lui parler que de rester dans cette position vunérable. Le sommeil n'avait pas suffit à rendre la situation moins catastrophique....

- Vous êtes réveillée princesse, constata-t-il. Hâtez-vous de vous préparer, nous sommes attendus pour le petit déjeuner.

- Je ne peux pas me présenter en publique à vos côtés, ce n'est vraiment pas discret, répondit-elle sans bouger.

- Vous avez déjà oublié ? vous devez me suivre partout. Vous garderez les yeux baissés et vous ne parlerez à personne. Je vais donner des ordres à ma servante pour qu'elle vous apprète de façon à ce qu'on ne vous reconnaisse pas. En attendant, profitez en pour vous rafraichir.

Il se dirigea vers la porte lattérale, la dévérouilla et entra sans prendre la peine de frapper.

Interdite, Amélie le regarda partir. Despotique, imbu de lui-même, et capable de traiter une princesse comme sa servante. Mais bon sang, comment avait-elle pu l'aimer ?

Une servante aux traits durs entra dans la pièce avec une tenue dans les bras. Docile, Amélie se laissa aider à s'habiller, puis coiffer.

Les cheveux entièrement couverts par un long bonnet, le regard alourdit par un maquillage sombre et le col monté comme les vieilles servantes trop strictes, Amélie se crut avoir pris vingt ans en se regardant dans le miroir.

- Vous savez combien j'ai été achetée au fait ? demanda-t-elle presque amusée par le mutisme de la femme qui s'était occuppée d'elle.

- Bien trop cher, répondit Adam depuis la pièce attenante. Vous êtes décente ?

- Oui, répondit-elle agacée.

Elle baissa les yeux et prit une posture humble, telle qu'elle l'avait étudiée avant de partir. Adam entra et la dévisagea de la tête aux pieds.

- C'est parfait, approuva-t-il.

Eleanor entra à ce moment dans la pièce attenante et appela Adam.

- Tout est règlé, annonça-t-il en revenant vers Amélie après s'être entrenu un moment avec elle. Puisque vous êtes prète, allons-y.

Par habitude, elle esquissa un geste pour prendre son bras, mais le réprima. Elle n'était pas avec un gentleman aujourd'hui, elle était juste la prisonnière de ce type et il était hors de question qu'elle l'oublie. Elle resta plusieurs pas derrière lui, baissa les yeux et le visage de sorte à être quasiment invisible et le suivit en silence.