Sur l'ile - Chapitre 17

541 45 2
                                    


Le lendemain, la pluie n'avait pas cessé et même si le gros de l'orage était encore loin, le ciel avait pris une teinte gris terne. Le feu dans son abri continuait de brûler tranquillement, et ce même si le bois sec se faisait rare. Entre l'aménagement de l'abri, la pèche, la récolte, les réserves à faire pour tenir un siège et les cours d'escrime, ils n'eurent guère le temps de s'ennuyer.

Le soir venu, ils remirent leurs tours de garde en place, mais dès le matin suivant, lorsqu'Adam revint dans l'abri la tempête faisait rage, agitant furieusement la végétation alentour et battant la trappe qu'il avait confectionnée à coup de trombe d'eau.

- Même avec le phare, le feu ne tiendra plus très longtemps, souffla Adam en ébouriffant ses cheveux trempés. Ce n'est plus la peine de sortir tant qu'il fera ce temps-là. Ça tombe mal, je suis sûr que les secours ne doivent pas être loin...

- Si les secours ne sont pas loin, espérons ne pas récupérer leur épave au petit matin, ainsi que deux naufragés de plus, répondit Amélie en se faisant toute petite dans le hamac.

- Ce serait bête...

- Tu devrais enlever tes vêtements. Tu vas tomber malade.

Il acquiesça et ôta sa chemise avant d'allumer le feu qu'ils avaient préparé.

- Je suis gelé, frissonna-t-il en se redressant, tendant ses mains au-dessus des flammes.

- J'ai une idée. Enlève ton pantalon et rejoins-moi, il fait plus chaud dans le hamac.

- Bah tiens, ricana-t-il. "Enlève ton pantalon et rejoins-moi", hein ?

- Tout de suite, tu prends les choses comme ça ! remarqua-t-elle outrée. Non, moi je disais ça de manière parfaitement altruiste !

- D'accord, d'accord, désolé, ma reine, sourit-il en défaisant sa ceinture.

Il acheva de se déshabiller, ne gardant que son caleçon, étendit ses vêtements comme il le put près du feu et se sécha sommairement avec l'un des linges qu'ils avaient récupérés.

- Donc... donc il n'y a plus de limites, fit-elle remarquer avec un sourire enjôleur. Plus de limite car plus de ceinture.

- Ah oui ? ricana-t-il en s'approchant d'elle. Carrément. Ce n'était pas une limite physique, chérie. Mais... Tu peux toujours tenter, à tes risques et périls.

Il grimpa dans le hamac et colla sa peau froide et humide contre la sienne. Amélie cria sous l'effet du froid et le frictionna pour qu'il se réchauffe.

- C'est bon, c'est bon, dit-elle. Je suis refroidie.

Il rit et la serra contre lui, tremblant.

- Et moi, je ne suis pas encore réchauffé, grelota-t-il.

- Attends, je vais t'aider. J'espère que tu es conscient de tous les efforts que je fais pour toi, ajouta-t-elle moqueuse. Tu es si froid !

Elle le serra contre elle et l'embrassa amoureusement, glissant sa main sur les muscles de son torse.

- Ça fonctionne ? demanda-t-elle contre ses lèvres.

- C'est pas mal, sourit-il tendre. Mais ce serait encore mieux si je pouvais cacher mes mains dans un endroit chaud de ton anatomie...

Elle frissonna.

- D'accord, mais... pas tout de suite. Laisse-moi te réchauffer un peu d'abord.

Elle bougea de sorte à se retrouver assise sur lui à califourchon.

- Ton caleçon est mouillé ! geignit-elle en se penchant sur lui pour couvrir son torse de baisers.

Il se mordit la lèvre et leva ses mains, caressant son dos par-dessus ses vêtements pour ne pas la geler.

- Là ça devient chaud, souffla-t-il au supplice.

- Oui, c'est bien ce qu'il me semblait.

Elle explora son torse du bout des doigts, de ses lèvres, et même du bout de la langue, goutant sa peau. Elle aussi, elle trouvait qu'il commençait à faire plus chaud. Elle resserra ses cuisses autour des hanches du comte pour contenir le désir qu'elle sentait de plus en plus fort dans son ventre et se pencha à nouveau sur ses lèvres pour l'embrasser encore et encore. Puis doucement, tout doucement, elle glissa une main de sa gorge jusqu'à son torse, puis plus bas encore jusqu'au caleçon sous lequel elle glissa juste le bout des doigts avant de se redresser pour regarder Adam dans les yeux.

- Je veux bien voir les conséquences, souffla-t-elle.

Il la dévisagea le coeur battant, puis bascula pour la surplomber, entravant ses mains au-dessus de sa tête, plongeant ses yeux dans les siens.

- Qu'importe les pirates ? La tempête ? demanda-t-il.

- Qu'importe, approuva-t-elle très sérieuse.

- Qu'importe ton père ? souffla-t-il d'une voix douce.

Elle hocha la tête.

- Je veux être à toi, c'est tout ce qui importe.

- Je t'aime, Amé, murmura-t-il en se penchant sur ses lèvres.

Il relâcha ses mains et glissa les siennes le long de ses cuisses jusque sous la longue chemise qu'elle portait pour dormir. Quelque part dans les brumes de sa tête, il savait que c'était une bêtise, mais aujourd'hui les choses étaient différentes d'il y a deux ans quand il la prenait pour une voleuse sans attache. Amélie serait à lui, c'était une certitude. Aujourd'hui, dans un mois, un an, ça revenait au même. C'était plus que son coeur ou son corps qu'elle lui offrait. C'était sa confiance. Entière et absolue, et la seule chose qu'il désirait maintenant c'était l'honorer sans retenue.

Souvent, Amélie s'était demandé comment ça se passerait, si elle serait à la hauteur, à quel point cela pourrait être embarrassant, voire même choquant, si elle le supporterait. Mais avec Adam, toutes ces questions ne se posaient pas, elle ne faisait que répondre à un désir qui trouvait un écho en lui. Elle avait envie qu'il la touche, qu'il la découvre comme elle s'était permis de le découvrir, elle voulait plus que tout ce qu'ils n'avaient jamais partagé. Et pour le lui montrer, elle défit les boutons de sa chemise pour s'offrir à ses yeux. Il suivit ses gestes le souffle coupé.

- Tu es magnifique, souffla-t-il ému.

Il écarta lentement les pans de tissus pour dévoiler entièrement sa poitrine blanche, ronde et parfaite. Il se pencha pour embrasser ses seins avec déférence, l'un après l'autre, puis en enferma un dans sa paume alors qu'il découvrait le gout sucré de sa peau du bout de la langue.

Le souffle court elle caressa ses cheveux, son dos, ses épaules, les yeux fermés pour mieux savourer tous les frissons qu'il lui procurait.

- Je t'aime, murmura-t-elle.

- Moi aussi, souffla-t-il en traçant une ligne de baiser sur son ventre. Si tu savais à quel point...

Alors qu'il effleurait des lèvres le tissu léger de son sous-vêtement, il se figea et se redressa, aux aguets.

- Quoi ? demanda-t-elle inquiète.

- Tu as entendu ?

Elle tendit l'oreille. Non, à travers la tempête elle n'avait rien entendu. Et finalement si, elle entendit des voix à travers le souffle du vent. D'un air paniqué, elle acquiesça.

- Les pirates !

Adam quitta le hamac et remit ses vêtements trempés. Amélie l'imita et tous les deux récupérèrent leurs armes.

- Reste ici, dit Adam. Mais tiens-toi prête à sortir à la moindre alerte.

Il grimpa l'échelle rapidement et quitta l'abri. Amélie resta en retrait, à l'abri des regards, la main crispée sur la poignée de sa rapière.


NaufragésWhere stories live. Discover now