Sur l'ile - Chapitre 4

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- Adam ! cria Amélie. Il y a comme des trucs qui flottent, je vais les chercher !

- Non, non, non, intervint-il en lâchant tout ce qu'il faisait pour la rejoindre. Vous n'allez nulle part.

- Mais c'est peut-être important ! s'insurgea-t-elle. Ce que vous pouvez être insouciant !

Elle était déjà dans l'eau jusqu'à la taille, en culotte et corset vu qu'elle avait laissé son jupon sur la plage pour le faire sècher.

Adam, qui avait courût après elle, la saisit par la taille et la souleva pour la ramener sur la plage.

- Et vous comptez me plaquer au sol, aussi ? demanda-t-elle stupéfaite.

- Amé... par pitié... Il faut que tu admettes que tu ne sais pas nager !

Il ne la plaqua pas au sol, non, mais la saisit par les épaules, ses yeux rivés aux siens.

- J'aurais fait attention ! se justifia-t-elle. Et ce n'est pas en restant sur la plage que je m'améliorerai. Ne me traite pas comme une petite fille.

- Il y a te traiter comme une petite fille et avoir conscience de ses limites ! D'accord, je me suis trompé pour les plantes, tu es parfaitement consciente des risques et même plus que moi. Mais là, il faut que tu admettes que tu as besoin de moi. Tu ne peux pas tout faire toute seule.

- Mais oui, évidemment ! se défendit-elle embarrassée.

- Alors laisse-moi faire, d'accord ? demanda-t-il d'une voix plus douce.

Elle hocha la tête et s'écarta de lui.

- Et bien vas-y ! dit-elle en lui tournant le dos.

Adam soupira et se redressa.

- Tu as besoin de moi, répéta-t-il les yeux fixés sur l'horizon. Que tu le veuilles ou non, il faudra bien que tu descendes un peu de ton piédestal.

Il ôta sa chemise et fit jouer ses muscles en grimaçant. Il se serait bien passé de cet exercice supplémentaire mais elle avait raison. Il pouvait y avoir des choses importantes là-bas.

- Mais oui, c'est ça, répondit Amélie moqueuse en se tournant vers lui. J'ai b...

Le b ne voulait pas passer. Par tous les dieux de l'univers, sa peau était encore plus pâle qu'avant, non ? Et il était plus musclé, aussi, non ?

- Besoin de...

Elle avala sa salive.

- Je... C'est pas grave.

Elle cligna des yeux. Elle n'avait plus la moindre idée de ce qu'elle voulait dire. Elle se détourna pour retrouver ses esprits.

- Oh oui... ricana-t-il. C'est difficile à dire, n'est-ce pas...

Il s'avança dans l'eau et plongea, la laissant seule sur la plage. Elle observa de loin sa silhouette apparaissant et disparaissant entre les vagues, et comme ça ne servait à rien, elle se força à quitter l'horizon des yeux pour aller s'occupper. Mais cinq minutes plus tard, elle était déjà de retour avec deux pierres, se servant de l'une pour tailler l'autre. Elle ne voyait plus Adam. Elle distinguait encore les formes qu'elle avait apperçues, mais lui, elle ne le voyait nulle part. Parfois, sa silhouette apparaissait entre les vagues et ça la soulageait, mais la plupart du temps, elle ne voyait rien du tout. Bon sang... pourquoi fallait-il qu'elle s'inquiète tant pour lui ?

C'était peut-être un traitre, un tricheur, un menteur et un manipulateur, mais s'il mourrait maintenant, elle ne s'en remettrait probablement jamais. Après tout, c'était vrai, elle avait besoin de lui... non, elle avait besoin de son aide, nuance.

Adam revint une bonne heure plus tard, soutenu par une planche de bois sur laquelle il avait posé des tissus et un ballot d'il ne savait quoi. Il s'était aussi chargé de plusieurs sacs d'affaires personnelles que les passagers avaient dû abandonner.

Il retrouva le sol avec un soulagement tel qu'il manqua de tourner de l'oeil, à bout de force. Amélie se précipita vers lui et récupéra ses affaires pour les mettre à l'abris de l'océan avant de venir voir s'il avait besoin d'aide.

- Merci d'y être allé. Maintenant tu devrais te reposer, constata-t-elle. Tu es à bout de forces.

Il hocha la tête, le souffle court et lâcha son sac de grain à la lisière de la végétation. Il se laissa tomber à l'ombre, allongé dans l'herbe, les doigts crispés sur son épaule, tachant de retrouver une respiration plus régulière. Il avait mal partout... Elle s'installa à côté de lui et commença à déballer et trier ce qu'il avait ramené.

- Une voile, des draps, énuméra-t-elle. Des vêtement... une trousse de toilette, super ! Oh... du savon. il n'en reste plus grand chose mais ce sera déjà ça.

- Du savon... répéta-t-il en soupirant de contentement. Les dieux soient loués...

Elle rit, tout à fait d'accord.

- On va pouvoir se laver. La poudre est fichue par contre.

- De la poudre ?

- Pour les joues, oui.

- Oh... fit-il nettement moins intéressé. Quel dommage, tu ne vas pas pouvoir soigner ton teint...

- Tais-toi donc. Nous avons aussi... des pipes, de jolis bijous avec des pierres... non. C'est du verre. Amusant... Je me demande qui a osé emporter ça pour un mariage diplomatique.

- La baronne de Salaün. Son mari joue de ses grands airs, mais ils sont ruinés. Monsieur aime un peu trop le jeu, parait-il...

- Ah oui ? Plusieurs livres, ils sont tous fichus, détrempés, illisibles. Une grosse bouteille de... bière ? J'imagine, je ne vais pas gouter. Un monocle, un miroir de poche... et de l'argent. C'est tout pour les sacs.

- Je veux bien la bière, dit-il en tendant la main vers elle.

- Non, désolé, ça pourrait être utile en cuisine.

Adam soupira de dépit et laissa retomber son bras mollement. Elle passa au balot. Il était hermétiquement fermé, mais à l'aide de sa pierre taillée, elle réussit l'ouvrir.

- Ah... du blé. Il va vraiment nous falloir un feu. On aurait un four, on aurait même pu tenter de faire du pain.

- Quelle ambition...

Il se redressa et soupira.

- Je vais commencer par le feu. Tu veux bien m'aider ?

- Bien sur. Que dois-je faire ?

- Prends le miroir et le monocle. Dans une minute, tu as ton feu.

Il se leva et lui tendit la main pour l'aider à en faire autant.

NaufragésWhere stories live. Discover now