3 : Une obsédée, Lavande et du saumon poché

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Je bossais comme assistante d'un patron d'une agence de communication. C'était vraiment un boulot naze, mais je n'avais trouvé que ça et c'était bien payé. Puis ça me permettait de rester sur Facebook et Twitter toute la journée, de parler avec Cécile, la secrétaire, de ses problèmes avec ses chats et des miens avec mon frère, de dépenser mes pièces jaunes dans la machine à café et de loucher sur Kevin, un demi-Dieu drogué aux compléments en protéines et sculpté dans une tablette de chocolat.

- Regarde-le comme il est chaud comme la braise, ai-je soufflé à Cécile, qui était assise sur le rebord de mon bureau.

Elle s'est tournée vers lui et a imité le ronronnement d'un chat - elle était très forte en imitations de chat vu qu'elle vivait avec des félins depuis sa plus tendre enfance.

- J'ai envie de lui lécher le visage, a-t-elle dit entre deux ronronnements.

- J'ai envie de lui lécher le dos, ai-je surenchéri.

- J'ai envie de lui lécher les aisselles.

- Beurk, dégueu.

Elle a explosé de rire et est retournée sur le sol.

- Alice, il est temps que les choses changent. On va bouger les meubles et faire ce qu'il faut, mais d'ici la fin du mois, j'aurais couché avec cet ange tombé du ciel de la salle de muscu.

- Pari tenu, ai-je lancé en revenant à mes mails. Mais je te l'ai déjà dit, c'est une très mauvaise idée de coucher avec un collègue. C'est hyper tendu après, voire gênant - rappelle-toi l'épisode Jeremy.

Elle a roulé des yeux avant de répondre.

- Seulement si on se met ensemble. Et je ne pense pas que je suis prête à me taper un seul et unique mec, ne serait-ce que pendant une semaine.

- Et dire que mon frère se plaint de mes conquêtes, je te jure qu'il me verrait comme une sainte s'il te rencontrait.

Elle a ri - encore une fois trop bruyamment - et m'a demandé ce que j'avais fait de mon weekend.

- Rien d'intéressant. Je suis sortie samedi soir, j'avais passé une journée pourrie et j'avais envie de me changer les idées. Oh, puis il y a eu ce mec, Paul. Non, Nathan, je ne sais pas pourquoi je l'appelle comme ça.

- Ce ne serait pas la première fois que tu couches avec un mec et que tu ne te souviens pas de son prénom, Alice, m'a gentiment rappelé Cécile.

- Je n'ai pas couché avec lui, espèce d'obsédée.

- Dit-elle, a-t-elle répliqué avant de vite décamper de mon bureau et s'asseoir au sien, juste en face du mien.

Mon patron est arrivé, et il a posé un dossier à l'endroit où était assise Cécile.

- Et le meilleur pour la fin, n'est-ce pas Alice, m'a-t-il dit en souriant. J'espère que vous avez passé un bon weekend, j'étais déçu que vous ne soyez pas là au pot de départ de Jean, vendredi soir.

- J'ai eu une obligation familiale, désolée monsieur Lavande, ai-je menti en prenant le dossier.

- Quel dommage. Mais on se rattrapera, n'est-ce pas ? Je vais organiser, comme chaque année, un barbecue chez moi pour les employés, et vous êtes bien évidemment invitée, Alice, on ne pourrait se passer de vous. Je ne pourrais me passer de vous.

- Ne vous inquiétez pas monsieur, je serai là. Vous avez un rendez-vous à dix-heures avec monsieur Pichon, ai-je annoncé avant qu'il ne rouvre sa bouche, et un déjeuner avec votre fils, ce midi, pour lui parler de la reprise du siège.

L'amour selon AliceWhere stories live. Discover now