17 : Une tâche de ketchup, un adultère et un accord

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Mon regard est passé de la feuille posée à plat sur le bureau à madame Dubois, qui me regardait non sans une pointe de supériorité, son maigre corps enfoui dans son fauteuil en cuir noir. J'étais comme une tâche de ketchup dans son bureau, je portais une veste rouge pétant et tout ici semblait tout droit sorti d'un vieux film en noir et blanc. Ou de The Artist.

J'ai signé en bas de la page, une pointe de nostalgie dans le cœur. J'allais laissé Cécile toute seule au cinquième étage, à la merci de monsieur Lavande - Laurent, pour les intimes. Enfin, je ne pensais pas non plus que ça allait lui être infernal.

- Félicitations, a sobrement lâché madame Dubois. Vous faites désormais partie du sixième étage.

Je me suis efforcée de sourire, puis me suis levée. Je commençais officiellement mon nouveau travail jeudi, et j'avais de ce fait appris que j'allais travailler le vendredi - matin, mais je pouvais dire adieu à mon cher et tendre weekend de trois jours.

Je suis sortie de l'aseptique bureau de la PDG et me suis directement rendue vers mon ancien bureau, que je devais encore débarrasser de quelques effets personnels. Je regrettais que Cécile ne soit pas là pour m'aider, et il était hors de question que je demande à David quoi que ce soit. J'ai aperçu Kevin au loin. Je l'ai appelé et lui ai demandé de m'aider.

- Bien sûr que je veux t'aider, tu nous quittes pour un monde meilleur.

- Je ne monte que d'un seul étage, Kevin, lui ai-je rappelé alors que je rangeais un pot à crayons en forme d'ananas dans un carton.

- C'est plus proche du ciel.

J'ai froncé les sourcils, mais n'ai rien relevé. Kevin était quelqu'un de bizarre, ce n'était pas une surprise, mais je n'avais jamais tenté de lui parler de choses vraiment sérieuses. Et je n'en avais pas l'intention.

- Au fait, Alice... Je peux te demander un truc ?

J'ai haussé les épaules.

- Tu as vu ta copine Gretchen, récemment ?

- Mmh, oui, pas plus tard que ce matin, ai-je répondu en me la remémorant en train de me réveiller et de me hurler de ne pas être en retard. Pourquoi ?

- Elle ne t'a pas parlé de moi, par hasard ?

J'ai pouffé et ai levé le regard vers Kevin, qui tournait les pages de mon agenda. Je lui ai arraché des mains.

- Eh, c'est perso, ça. Pourquoi Gretchen me parlerait de toi ?

- Pour rien, pour rien.

J'ai levé un sourcil. C'était louche. Je décidais de creuser, il n'y avait rien qui ne pourrait m'étonner si on parlait bien de la même Gretchen.

- Qu'est-ce qu'elle pourrait me dire sur toi ?

Il a souri bêtement.

- J'en sais rien... peut-être qu'elle voudrait me revoir.

J'ai éclaté de rire, et il m'a interrogée du regard.

- Tu sais, vous ne vous êtes vus qu'une fois, dans une salle de sport, transpirant et pendant cinq minutes à peine. Je ne pense pas qu'elle puisse souhaiter te revoir. Sans vouloir te faire de peine, ai-je ajouté après m'être rendue compte que j'avais été blessante.

- Nous nous sommes revus, m'a-t-il corrigée.

- Oui, peut-être. Sûrement, si vous fréquentez la même salle de sport. Vous devez avoir l'occasion de vous parler entre deux tractions, je sais pas.

L'amour selon Aliceحيث تعيش القصص. اكتشف الآن