16 : Justin, des céréales et une application

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Justin me regardait fixement, pendant que je mangeais mes céréales, enroulée dans mon wrap de couvertures. Nous étions tous les deux dans le salon, seuls dans la maison. Gretchen avait une sortie prévue avec son entreprise et elle ne m'avait même pas prévenue.

Je n'avais jamais vraiment partagé un moment seule avec Justin. Je ne le voyais que rarement lorsque j'allais chercher Gretchen chez elle, et ça avait beau faire une semaine maintenant que je squattais chez lui, je ne lui avais adressé que peu de fois la parole. Notamment aujourd'hui, pour lui demander où étaient rangées les céréales ; et la réponse avait été : « on n'a pas de céréales ». J'avais du sortir du loft démaquillée et en jogging, pour descendre la rue et aller m'acheter des céréales à la supérette, à sept heures du soir. Puis j'étais revenue, avais retrouvé le canapé en cuir de Gretchen et Justin, et avais commencé à manger mes céréales à même le paquet devant la rediffusion d'un reportage sur les vacances des riches. Justin m'avait alors rejointe, pas pour regarder le reportage mais pour me regarder moi. Au bout de quelques minutes d'extrême observation gênante, il a enfin ouvert la bouche :

- Pourquoi tu manges des céréales à cette heure-ci ?

J'ai haussé les épaules.

- J'avais envie de céréales, ai-je répondu.

- Ce n'est pas plutôt parce que tu ne sais pas cuisiner ?

J'ai lâché du regard l'écran de télévision pour le passer sur Justin. Physiquement, c'était un mec tellement banal. Rien de spectaculaire, je ne voyais vraiment pas ce que Gretchen lui trouvait, elle qui avait tout : des obus à la place des seins, un cul à en faire baver Kim Kardashian, une taille fine et un visage symétrique et sans imperfections.

- Tu es en train de me juger, là ? lui ai-je lâché, menaçante, car je savais que je l'impressionnais.

Il a vivement secoué la tête et prêtait attention à ses ongles.

- Non, bien sûr, il n'y a rien de mal à ne pas savoir cuisiner.

- Je sais cuisiner. C'est juste que je trouve que c'est une énorme perte de temps.

- Oui, évidement. Alice, je peux te parler d'une chose en toute franchise ?

- Mais je t'en prie, parle-moi franchement, ai-je lancé en retournant à mon reportage.

- C'est juste que, avec Gretchen, on t'accueille et tu sais que tu es la bienvenue, mais... il faudra que tu songes quand même à te trouver un appartement.

- J'ai déjà un appartement.

- C'est bon, je sais pour ta mère, Gretchen m'a raconté.

J'ai failli lâcher mon paquet de céréales, offusquée.

- Elle me raconte tout, tu sais.

- Quoi ? me suis-je exclamée.

Il a haussé les épaules en levant les sourcils, comme si c'était une évidence.

- Même la fois où j'ai baisé avec ce trentenaire dans une boîte de nuit ?

Il a froncé les sourcils et ouvert la bouche, et je me suis rappelée que je n'avais pas raconté la fois où j'avais baisé avec ce trentenaire dans une boîte de nuit à Gretchen.

- Mais ça ne se fait pas !

- Alice, calme-toi. Elle ne me raconte pas tous les détails de ta vie. Juste lorsqu'elle veut te donner des conseils ou qu'elle a besoin d'un avis.

L'amour selon AliceWhere stories live. Discover now