10 : Des pâtes froides, un homme marié et un baiser

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Pendant tout le trajet pour aller chez moi, Gretchen n'a pas arrêté de faire plein de sous-entendus par rapport à Nathan. Mais comme je ne disais rien, et que ça l'agaçait (l'ignorance est le meilleur des mépris), elle a jugé bon de me parler de Kevin. Je ne l'écoutais même pas, car bien que je ne répondais pas lorsqu'elle parlait de Nathan, j'y pensais. Il savait qu'il me plaisait maintenant, c'était mort.

Nous sommes rentrées dans l'appartement, et j'ai constaté avec surprise qu'Eliott était présent, en train de manger des céréales devant la télé, assis dans le canapé, les pieds en éventails.

- Salut Gretchen, a-t-il lancé, la bouche pleine.

Comme quoi, la défense du "droit de parler en crachant des morceaux de nourriture sur les autres", c'était de famille.

- Salut Eliott.

Les deux ne s'étaient jamais vraiment entendus.

- Eliott, je peux savoir ce que tu fais, là ?

Il s'est tourné vers moi, puis a regardé son bol de céréales.

- Je brunche ? a-t-il tenté.

- Tu ne devrais pas être en cours ?

Il m'a longuement regardé, puis a soupiré, l'air las :

- Je suis en vacances, Alice.

- Sérieux ?

- Depuis deux semaines. Voire trois.

- Ah, a été le seul mot que j'ai pu sortir de ma bouche.

Lorsque je vous disais que j'étais une sœur indigne.

- Bon, Lili, nous a interrompus Gretchen (mais je ne lui en voulais pas). Nathan, il te plait vraiment ?

- Tu n'as toujours pas couché avec lui ? a deviné Eliott.

- Arrêtez de parler de lui, vous me cassez les pieds, ai-je lâché en allant dans la cuisine.

Ils sont restés silencieux. J'ai sorti un reste de pâtes et les ai fait réchauffées. Gretchen et Eliott m'ont rejointe, et comme je sentais le poids de leurs deux paires d'yeux peser sur moi, j'ai parlé avant que l'un d'eux n'ouvre la bouche :

- Il n'y a plus de Nathan.

- Quoi ? se sont exclamés les deux en chœur.

Je me suis retournée vers eux, agacée.

- Sérieusement, pourquoi vous êtes comme ça ? Ce n'est qu'un mec, un mec parmi tant d'autres. Pourquoi vous lui portez une telle importance, ce n'est pas le premier gars dont je vous parle.

- Parce que toi même tu lui portes de l'importance.

- Et ça c'est une première, s'est moquée Gretchen.

- Les gars, c'est bon. C'est mort avec lui, je ne veux plus jamais revoir ce type, il est trop...

- Mignon, m'a coupée mon frère.

- Et sexy, a ajouté Gretchen.

- Bizarre, les ai-je corrigés. Vraiment, vous êtes soulants : vous ne connaissez pas la règle d'or de la baise sans lendemain ?

Ils ont tous les deux secoué la tête. Ça ne m'étonnait même pas : déjà parce que je venais de l'inventer, et aussi parce que, si elle existait vraiment, ils étaient bien trop coincés pour la connaître.

- On ne couche jamais avec une personne qui vous plait plus que physiquement.

Je m'étais vendue toute seule. C'est comme si on avait jeté la clef de l'enfer dans un ruisseau et que je plongeais pour aller la rechercher.

L'amour selon AliceOnde as histórias ganham vida. Descobre agora