14 : Un quart de siècle, un porno et ma mère

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Je scrollais sur mon téléphone, sans vraiment porter une réelle attention à mon fil d'actualité Instagram. Je ne regardais même plus l'heure, car je savais pertinemment que j'étais en retard.

- Alice ! a crié mon frère dans toute la maison.

J'ai soupiré. Parfois, il me faisait penser à mon père. Il est entré dans la chambre sans frapper, et avant qu'il ne parle, je lui ai lancé, plus mollement que je ne l'aurais voulu :

- Si t'es en vacances, pourquoi tu te lèves aussi tôt ?

- Parce que je bosse. Au Starbucks, a-t-il précisé. Tu viendras me voir un jour.

- Sérieux ?

Il a soupiré, et a sauté sur mon lit en me faisant rebondir sur mon matelas. Puis il s'est couché à côté de moi et a jeté un œil à mon téléphone.

- Tu vois, te ne seras jamais aussi bien gaulée que ces filles si tu restes allongée dans ton lit toute la journée.

- Mais je t'emmerde, petit con.

Il a ri, puis a tapoté mon crâne.

- Je t'ai préparé un petit dej' à emporter. Alors tu t'habilles, tu te brosses les dents et tu t'attaches les cheveux, ce soir tu es en weekend.

Je me suis étirée en souriant. Cette semaine m'avait paru tellement longue ; et pourtant je ne travaillais que quatre jours sur sept, c'était incroyable.

- Allez Alice, bouge ton gros cul.

- Vas te faire enculer, sale petit gay.

- Au moins, j'ai une preuve que tu es bien réveillée. À ce soir, minus.

Je détestais ce surnom, et il le savait. Alors qu'il sortait précipitamment de ma chambre, j'ai tenté de lui envoyer mon oreiller sur la tête pour l'assommer. Mais en plus de l'avoir raté, j'ai repensé à la nature de mon action et je me suis rappelée qu'on ne pouvait pas assommer quelqu'un avec un oreiller en plumes.

Je me suis donc préparée à la hâte, ai attrapé le sachet qu'avait laissé Eliott sur la table et me suis rendue au travail. J'ai salué Kevin, qui draguait de bon matin une collègue, et ai retrouvé Cécile et David en train de parler. Ce dernier était assis sur le bureau de Cécile, à ma place. J'ai froncé les sourcils. Je n'aimais pas qu'il commence à nous parler comme si nous étions bons amis. Alors oui, il connaissait tout de nos vies et c'était de notre faute, et oui, il était fort en analyse et était sympa, mais non, il n'avait pas le droit de piquer ma place. Ni de me faire douter de Nathan, par la même occasion. La veille, il avait passé le reste de la journée à me convaincre que la femme que j'avais vue en compagnie de Nathan mardi était sa copine, soit disant parce que lui aussi était un mec et il pouvait savoir ce que Nathan avait derrière la tête. Je me suis assise à mon bureau sans les saluer, et ai commencé à manger mon petit-déjeuner : deux sandwichs banane-fraises-beurre de cacahuète, un Thermos de café et un chewing-gum pour l'haleine post-cacahuète.

- Bonjour à toi aussi, Alice, a ironiquement lancé David.

Je lui ai répondu par mon plus beau faux sourire, et ai bu une gorgée de café. Lavande est arrivé, il a fixé pendant quelques instants David, sûrement surpris de le voir parler lui aussi, puis s'est tourné vers moi.

- Vous avez un rendez-vous avec madame Dubois la semaine prochaine pour parler de votre nouveau poste, Alice.

- Je l'ai ? me suis-je exclamée, un sourire aux lèvres.

L'amour selon AliceМесто, где живут истории. Откройте их для себя