L'amour selon Alice

18 : Trop d'alcool, du vomi et des sentiments

Je n'arrivais pas à voir l'ensemble des choses. Il fallait que je me concentre sur un seul objet de mon champ de vision - en l'occurence ici, Nathan - pour le voir distinctement. Mais tout le reste était flou.

Il a attrapé mes deux bras et m'a conduite jusqu'au canapé qu'il venait de transformer en lit, par un miracle dont l'alcool m'en cachait les secrets.

- Arrête de rire comme ça, les voisins vont t'entendre, s'est esclaffé Nathan.

Parce qu'on était tous les deux bien, bien éméchés. Lui arrivait encore à placer un pied l'un devant l'autre, mais avait mis trois bonnes minutes à ouvrir la porte de son appartement. Et moi, eh bien, j'étais bourrée, complètement bourrée, comme j'avais bien pu l'être il y avait déjà bien longtemps.

Nathan m'a assise sur le lit alors que je riais toujours autant, et avant qu'il ne parte je ne sais où, j'ai réussi à l'attraper - par le bras ou par la jambe, je n'avais pas su distinguer - et l'ai tiré vers moi.

- Na-than... ai-je réussi à articuler.

J'ai usé de toutes mes forces pour me relever, en m'appuyant sur lui, et me suis concentrée pour bien pouvoir regarder son visage. Il me souriait.

Je l'ai embrassé, avidement. Il a directement répondu à mon baiser et on s'est jeté dans le lit, lui au-dessus de moi.

Je repensais à ce que j'avais dit plus tôt dans la soirée. Qu'est-ce qui pourrait bien nous arriver ? Nathan avait répondu sans hésiter : « On pourrait coucher ensemble. »

On pourrait bien, oui. Très bien, même.

Nathan dévorait mes lèvres en déboutonnant mon chemisier, tandis que je défaisais sa ceinture (même ivre, j'étais experte en ce geste). Ses lèvres sont descendues jusque dans mon cou, ce qui me procurait une vague de chaleur et de frissons, tout à la fois.

Et j'ai explosé de rire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? m'a demandé Nathan en souriant.

Il avait enlevé ses lunettes, et je me suis rendue compte que j'étais désespérément dingue de lui, avec ou sans - ou alors c'était l'alcool. Probablement l'alcool.

- Je viens de me rappeler d'un truc hypeeeer important et drôle, ai-je dit en riant toujours, avant de l'embrasser encore.

- Attends, quoi ? a-t-il dit en mettant fin au baiser que je venais de lui offrir.

- J'ai mes règles.

- Quoi ? s'est-il étranglé.

J'ai éclaté de rire, alors qu'il roulait sur le côté du lit. Il a passé ses mains sur son visage.

- Attends ! attends, j'ai une collègue, ai-je commencé en riant, Cécile, elle dit qu'on le fait sous la douche quand t'as tes règles.

Je n'étais pas bien sûre que cette phrase ait un réel sens, mais il devait avoir compris car il a tourné vivement la tête vers moi, un air dégouté sur le visage.

- Allez, s'il te plait... j'ai car-ré-ment envie de toi, Nathan.

- Il en est hors de question ! s'est écrié Nathan.

- T'es pas drôle.

Je lui ai tourné le dos, et quasiment trente secondes après, je me suis endormie.