L'amour selon Alice

15 : Mon anniversaire, une robe et l'histoire avec Jeremy

J'avais passé mon weekend à errer entre la chambre d'amis, les toilettes et la cuisine. Ça faisait trois jours que je ne me lavais pas, que je mangeais des chips à profusion et que je buvais de la vodka à dose variée, allant du simple shot à la perfusion.

Le lundi matin, ou le pire moment de la semaine, j'ai bien du me bouger. Et ce n'était pas à cause de mon travail ; mais parce que Gretchen hurlait déjà à côté de moi, à coups de « Bon anniversaire ! » et de « Lève-toi grosse loque ». Car j'en étais une, de loque.

Alors j'ai pris une douche pendant vingt bonnes minutes, ai enfilé une robe, me suis maquillée pour cacher mes cernes et suis descendue manger mon petit déjeuner. Gretchen avait planté quelques bougies dans une montagne de croissants et avait fait du mocha - elle savait que j'adorais le mocha.

- Je te laisse les clefs du loft, m'a-t-elle prévenue. Je suis déjà en retard, et Justin et moi terminons plus tard que toi. Tu arriveras à gérer ?

- Je sais fermer une porte, Gretch.

- Super ! À ce soir alors, et encore bon anniversaire ma Lili.

Je lui ai souri et elle a claqué la porte. J'ai pioché dans la montagne de croissants et ai entamé ma tasse de mocha. J'étais seule. J'ai soupiré, mon con de petit frère avait presque toujours été là lors de mes petit-déjeuners d'anniversaire, comme il tombait pendant le début des vacances d'été.

Je répondais à quelques messages de ma famille et aux publications sur mon mur Facebook. Alors que je cherchais qui était ce fameux « Paul Delanoye » dans mes amis et qui m'avait envoyé une belle photo de ses bijoux de famille, on a sonné à la porte du loft. J'ai soupiré, pensant que c'était sûrement Gretchen qui avait oublié quelque chose et qui, par malheur ! m'avait laissé ses clefs. Je suis donc allée ouvrir la porte et un jeune homme de type petit frère tenant un bouquet de fleurs m'a sauté dans les bras en hurlant :

- Joyeux anniversaire minus !

J'ai éclaté de rire et l'ai serré fort dans mes bras.

- Je savais que tu ne me laisserais pas toute seule.

- Gretchen n'est pas là ? m'a-t-il demandé.

- Non, elle vient tout juste de partir.

- Quel dommage...

- Arrête ton cinéma, on a du attendre dix minutes dans la voiture pour la voir partir et pouvoir sonner, a fait une voix derrière lui.

Je me suis penchée pour apercevoir Nathan, un carton de mixeur dans les mains.

- Salut Alice, m'a-t-il dit souriant. Bon anniversaire.

Je n'ai rien dit, mais je souriais, et je savais que ça lui suffisait.

- Il est sympa ton frère, a-t-il dit alors que je le laissais entrer. Il m'a dit que tu t'étais faite virée de l'appartement, c'est ça ?

- Ouais, enfin j'ai pas vraiment envie d'en parler.

- Je comprends. Tiens, c'est de la part d'Eliott, mais il ne voulait pas le porter.

J'ai ri, et ai lancé à Eliott, qui s'empiffrait de croissants :

- Eh bah, des fleurs et un mixeur, tu t'améliores d'année en année !

- Les fleurs c'est pas moi ! Et c'est pas un mixeur, mais le carton d'emballage d'un mixeur. Alors ouvre avant de critiquer.

Je me suis tournée vers Nathan, un regard interrogateur sur le visage.

- Je sais, des fleurs, c'est bateau, mais je ne savais pas ce qui pourrait te faire plaisir...