7 : Une coupe menstruelle, une adolescente et un pack de bières

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Cécile parlait sans s'arrêter, me racontant en détail comment elle s'était faite prendre par trois gars en même temps vendredi soir dans une « soirée jeux de société » chez sa sœur. Je n'osais même pas imaginer. Je n'écoutais que d'une seule oreille, car bien que cela restait intéressant - enfin là où l'intéressant était chez Cécile - j'étais captivée par un article sur les coupes menstruelles.

- Je savais pas que ça existait, ce machin, ai-je coupé Cécile en tournant mon écran d'ordinateur vers elle.

Elle a plissé les yeux, puis m'a lancé depuis son bureau :

- Si, ma sœur en utilise une, sa fille aussi. Elle n'arrête pas de me dire que c'est génial et que ça fait faire des économies monstrueuses.

- C'est la première fois que j'en entends parler, tu as déjà essayé ?

- Mettre un truc en silicone dans mon vagin alors qu'il pourrait il y avoir un pénis à la place ? Sûrement pas.

- Mais enfin, quand tu as tes règles, tu dois bien arrêter tes rapports, andouille.

Elle a éclaté de rire. Je ne savais pas quoi ajouter, alors j'ai attendu qu'elle se calme pour l'entendre me dire :

- Mais enfin, Alice, tu le fais sous la douche et puis c'est tout ! Pas besoin de nettoyer les traces de sang après.

- Cécile ! me suis-je écriée.

- Quoi ?

- Beurk puissance mille !

Elle a encore une fois ri, et Lavande en a profité pour sortir de son bureau aux stores fermés, accompagné d'un client. J'ai vite tourné vers moi l'écran de mon ordinateur et ouvert une page Excel.

- À très bientôt, monsieur Pichon. Alice ! Vous êtes là, pourriez-vous me rendre un service ?

Tourné vers moi, il n'a pas vu Cécile faire des allers-retours entre sa bouche et sa main en forme de main de Playmobil. J'ai du prendre sur moi et faire le plus gros effort du monde pour ne pas rigoler et répondre à mon patron :

- Bien sûr, monsieur Lavande.

- Vous êtes un ange, Alice. Ma fille est malade et ma femme ne peut pas aller la récupérer à son collège, ça vous dérangerait de...

- Je vais la chercher, ne vous inquiétez pas monsieur Lavande.

- Oh, merci Alice. Je vous revaudrais ça.

- Ne vous embêtez pas, c'est mon travail.

Je me suis levée et vite éclipsée alors qu'il était en train de me proposer d'aller boire un verre pour me remercier. J'ai attrapé ma veste qui trainait sur le bureau de la réceptionniste avec laquelle j'avais discutée pendant une heure et suis sortie du bâtiment. En arrivant sur le parking, je n'ai pas trouvé les clefs de voiture dans mes poches. J'ai juré, me rappelant que je les avais laissées dans mon sac, resté près de mon bureau. J'ai remonté alors les cinq étages et suis allée jusqu'à mon bureau. Cécile avait disparu. Je ne me suis pas attardée sur le sujet, mais avant de partir, Kevin m'a attrapée le bras et pendant une seconde, j'ai cru qu'il allait me proposer de baiser dans l'ascenseur au regard ténébreux qu'il me lançait. Mais je me suis rappelée que c'était sa manière de regarder les gens - et son reflet dans le miroir - et lui ai demandé ce qu'il se passait.

- J'ai ce dossier à transmettre à monsieur Lavande, mais il me faut d'abord ta signature. Tu peux t'en charger tout de suite et lui donner ? C'est urgent.

J'ai acquiescé, ai signé le document et eu le malheur d'entrer dans le bureau de monsieur Lavande sans frapper.

- Monsieur, Kevin vient de me donner ça, il dit que c'est urgent et...

L'amour selon AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant