Chapitre Trois

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Amia se leva d'un bond, hors d'elle. Elle dût cependant se cramponner à la table pour ne pas s'effondrer au sol tant la tête lui tournait. Elle éclata d'un rire hystérique, attirant par la même occasion tous les regards sur elle.

-C'est impossible ! cria t-elle. On vous a tous drogués ou quoi ? Ce que vous racontez, c'est... c'est du délire ! Du délire pur et simple ! Comment les Atlantes ont-ils pu exister ? Et comment pouvez-vous tous croire à ces... ces... ces conneries ?

Elle n'arrivait plus à réfléchir, et le mot, qui lui semblait approprié, était sorti tout seul. Des "conneries". Oui, c'était bien cela. Ils n'avaient aucune preuve de ce qu'ils avançaient, alors pourquoi lui mentir ? Pour la rendre folle ? Oui, ce devait être cela. Ils essayaient de lui faire perdre la tête. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle comprenait, c'était qu'elle ne pouvait pas rester une seconde de plus dans cet endroit.

Elle pivota et s'élança vers la porte du réfectoire, les larmes aux yeux, en état de choc. Elle ne pouvait même pas envisager que ces fous furieux avaient dit la vérité. Parce que dans ce cas, cela signifierait que tout ce à quoi elle croyait était faux. Complètement faux. Depuis le début. Et cela, c'était tout simplement trop terrible pour qu'elle ose seulement y songer. Non. C'était elle qui avait raison. Les autres avaient été drogués, ou manipulés, ou ils lui jouaient tout simplement un mauvais tour. Dans tous les cas, ils devaient bien se moquer d'elle. Mais...

Soudain, elle ne parvint plus à avancer. Elle se trouvait à moins de deux mètres de la porte, lorsque qu'une main géante invisible l'avait saisie et l'avait immobilisée. Elle se sentait serrée comme par un puissant étaux, pourtant elle n'avait aucune difficulté à respirer. Que se passait-il ? Elle eut soudain l'impression étrange qu'elle grandissait, grandissait, devenait plus grande que la porte elle-même, et se rapprochait du plafond par la même occasion. Elle baissa les yeux et constata avec horreur qu'elle flottait à plusieurs mètres au dessus du sol. Comme si elle lévitait. Ou comme si quelqu'un l'avait soulevé dans les airs.

Elle réussit à tourner la tête dans un furieux effort de toute sa volonté, et aperçut Jackson, qui s'était levé, et qui, le visage crispé par la concentration, tendait le bras vers elle. D'une manière qu'elle ne s'expliquait pas, c'était lui qui faisait cela. Il la faisait léviter par la seule force de sa pensée. 

Mais comment s'y prenait-il ?

En un éclair, elle se souvint du coussin d'air dans les escaliers qui l'avait aidé à monter en la poussant délicatement dans le dos, et en lui fournissant l'oxygène dont ses poumons avaient besoin pour l'ascension. Et cela, juste après que le garçon lui ait proposé son aide. Là encore, c'était son oeuvre à lui. D'une certaine façon, il était capable de choses normalement impossible. 

Mais comment ?

Et soudain, elle comprit. Personne ne lui avait menti. C'était elle, qui avait refusé d'y croire. Terrifiée par l'énormité de la situation, elle devina une chose : Jackson ne lui avait jamais menti. Les Atlantes avaient bel et bien existé, et ils avaient bel et bien des pouvoir sur les éléments. Quant à Jackson, il maîtrisait l'air. C'était comme cela qu'il la faisait léviter. Il contrôlait le vent, les courants d'air. C'était clairement impossible. Et pourtant, elle en avait la preuve sous les yeux.

Le garçon dût voir à son expression qu'elle avait saisi, car il abaissa lentement le bras, et Amia se sentit descendre. Trente secondes plus tard, elle touchait le sol. Incapable du moindre mouvement, figée sur place, elle observait autour d'elle avec des yeux ronds comme des soucoupes tandis que les autres la dévisageaient en essayant de deviner sa réaction. Celle-ci ne tarda pas.

AMIA WHITE - 1. La ChronosphèreWhere stories live. Discover now