Chapitre Dix

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Amia avait eu beaucoup de mal à dormir la nuit précédente. Elle n'avait cessé de repenser aux révélations que lui avaient faites ses amis la veille, alors qu'elle découvrait le Vengeur pour la première fois. Des pensées tournaient en boucle dans son esprit, entêtantes et menaçantes : quelque chose se préparait, elle le sentait. Qu'Edward soit au courant pour ce qui était arrivé à Aristote n'était pas une coïncidence, ou du moins, elle ne le pensait pas. La Chronosphère, et Intemporia par la même occasion, étaient en danger. Seulement, elle ne savait pas ce qu'il risquait de se passer exactement, ni qui allait intervenir dans cette affaire, ni comment, et encore moins quand. Par contre, elle savait pourquoi : la Chronosphère était juste l'objet le plus puissant de l'univers, d'après ce qu'elle avait compris. Il était logique que les deux camps, Elementalistes et Ténébreux, veulent l'avoir pour eux tous seuls.

Le truc, c'était qu'elle était dans un camp bien spécifique, et que le sien avait de bien meilleures intentions que leurs ennemis. De plus, les Ténébreux jouaient avec le feu en révélant leur existence, et celle des Elementalistes surtout, au fameux CRU dont Edward lui avait parlé (il faudrait aussi qu'elle se renseigne sur comment il avait pu être au courant). Cette société secrète gouvernementale ne prévoyait-elle pas, si un des deux camps était vaincu, de se retourner contre l'autre pour l'anéantir lui aussi ? Sans doute, car Amia savait parfaitement que les Hommes n'aimaient pas ce qu'ils ne comprenaient pas. Or, une bande de gamins jouant aux apprentis sorciers appartenait bel et bien à cette catégorie.

En même temps que ces idées noires tourbillonnaient dans son esprit, la jeune fille avait de la peine pour les autres, ceux qui avaient connu Aristote au temps où ils pensaient qu'il était leur ami, et tout particulièrement pour Jackson : quelle horreur de découvrir que son meilleur ami était en réalité un traître qui travaillait pour leurs pires ennemis afin de leur nuire ! Elle n'arrivait même pas à imaginer ce qu'il avait dû ressentir. Pas étonnant qu'il soit parfois un peu amer et colérique ; il devait avoir du mal à accorder sa confiance à présent.

A cause de toutes ces émotions, elle n'avait dormi qu'une heure ou deux de toute la nuit, et lorsqu'elle finit par se lever, de bonne heure alors qu'on était samedi (seul jour avec le dimanche où les pensionnaires d'Intemporia avaient quartier libre), elle avait d'énormes cernes sous les yeux et l'impression désagréable d'avancer comme un zombie. Voilà ce que lui coûtait l'insomnie. Si elle avait su, elle aurait essayé de trouver un moyen de déconnecter son cerveau...

Même si cela lui semblait parfaitement impossible, même en plein jour.

La plupart des élèves s'étaient précipités dehors dès qu'ils avaient pris leur petit-déjeuner, attirés par le grand soleil qui éclairait les somptueux jardins du château, mais pas Amia et ses amis, car Thalia avait déclaré que, comme tout le monde était à l'extérieur, c'était l'occasion d'aller à la bibliothèque tous ensembles : s'il y avait peu de monde, la gérante acceptait les bavardages, du moment que les enfants ne hurlaient pas.

-En même temps, je ne vois pas bien pourquoi on crierait, avait souligné Lewis, ce qui avait définitivement réglé la question.

Assise sur un fauteuil contre le mur, Amia s'était plongée dans un livre qui racontait l'Histoire de l'Atlantide du commencement (équivalant au début de la Préhistoire sur les continents) à la fin (durant l'Antiquité), mais quelques indications sur la suite, le Moyen-Âge (où des centaines d'Elementalistes sont été brûlés comme des sorciers), la Renaissance (surnommée "l'Âge de la Pendaison" non sans raison) et puis les Temps Modernes, où les descendants des Atlantes avaient enfin pu vivre sans qu'on essaye de les assassiner, sans compter les Ténébreux bien sûr. Bien entendu, le XXIème siècle était devenu une nouvelle ère de traque avec l'alliance entre le CRU et les pires ennemis des Elementalistes. Et malheureusement, ces tueries ne semblaient pas prêtes de s'arrêter.

AMIA WHITE - 1. La ChronosphèreWhere stories live. Discover now