Chapitre Onze

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Thalia guida le petit groupe pendant une dizaine de minutes sans s'arrêter, ni prendre la peine de répondre aux questions d'Amia qui exigeait de savoir comment elle faisait pour savoir exactement dans quelle direction Aristote était allé. Finalement, alors qu'ils étaient en vue de leur destination, à savoir les collines qui séparaient le parc du château de la plage, la jeune géokinésiste céda au bavardage incessant de son amie :

-Si je t'explique, tu te tairas ? demanda t-elle d'un ton exaspéré.

Amia hocha vivement la tête, intriguée par ce don étrange qu'avait la fille aux envoûtants yeux d'émeraude à suivre une piste presque aussi facilement qu'un fin limier.

-Très bien, soupira Thalia sans interrompre son énergique marche. Nous autres, les Elementalistes de Terre, percevons des choses que les autres ne peuvent entendre : le chant de la Nature, entre autres. L'herbe, les fougères, les arbres, la végétation pour résumé nous parle comme par une sorte de télépathie, et nous pouvons leur poser des questions par ce moyen. La Nature ne ment jamais, et si elle me dit que notre petit fugitif est partit par là, c'est qu'il est partit par là, ajouta t-elle, sur la défensive.

Elle avait sans doute remarqué la moue d'incrédulité pure que venait d'afficher Jackson. Le garçon leva les yeux au ciel, amusé, même si le nuage de colère n'avait toujours pas quitté ses yeux gris. Il paraissait plutôt calme, comme le ciel avant la tempête. Amia devina qu'il pouvait exploser à tout moment, aussi cessa t-elle de poser des questions et suivit le groupe sans rechigner.

Comme elle marchait à l'arrière, Lewis ralentit pour lui permettre de le rattraper, imité par Jewel.

-Tu penses que Thalia a raison ? Pour Edward ? voulut savoir le cryokinésiste.

Amia haussa les épaules.

-Je ne sais pas. C'est vrai qu'il est louche, tout le temps de mauvaise humeur et vraiment très, très, très agaçant, mais ça ne fait pas de lui un traître. En plus, quel avantage aurait-il à nous trahir ? Il nous l'a prouvé, c'est l'un des nôtres. Alors, pourquoi se ranger aux côtés des Ténébreux ?

-Pour échapper au massacre, suggéra Jewel d'un air sombre.

Quatre mots séparément banals, mais qui, réunis en une seule phrase, faisaient tâche sortis de la bouche d'une enfant qui, physiquement, avait à peine huit ans. Cela n'appuyait que beaucoup plus sur leur sens, et fit grimacer Amia.

-Quel massacre ? intervint Lewis, brisant le silence qui venait de s'installer. Il n'y en aurait pas si quelqu'un ne volait pas la Chronosphère et ne quittait pas l'enceinte d'Intemporia avec. Si on parvient à rattraper Aristote avant que cela arrive, on restera à l'abri des Ténébreux. Tant que le champ de force existe, ils ne peuvent pas pénétrer ici.

-Tu oublies un détail : ce n'est pas Aristote qui a la Chronosphère, remarqua Amia à mi-voix pour éviter que Jackson et Thalia entendent leur conversation ; ils avaient bien assez de soucis comme ça. Si Mme Miranda ne trouve pas le vrai voleur, il pourra en profiter pour s'échapper pendant qu'elle aurait le dos tourné.

-Pas faux, reconnut Lewis. Mais c'est peut-être un piège. Si ça se trouve, on veut nous faire croire que ce n'est pas Aristote qui l'a pour qu'on ne se préoccupe pas trop de lui et pour lui permettre de la voler sans trop risquer de se faire prendre.

Sur ce coup-là, Amia devait avouer que son ami cryokinésiste était encore plus intelligent qu'elle le pensait au premier abord.

-Tu as raison ! s'exclama t-elle. Mais comment son complice a t-il pu lui passer la Chronosphère sans qu'on s'en rende compte ?

AMIA WHITE - 1. La ChronosphèreWo Geschichten leben. Entdecke jetzt