Chapitre Douze

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A la grande surprise d'Amia, le retour dans la cour du château mit moins de temps que l'allé, ce qui était peut-être dû en fait qu'elle angoissait tellement qu'elle n'avait pas du tout envie d'y aller, donc forcément le temps, cruel, s'accélérait rien que pour l'embêter. A moins qu'Aristote n'ait ordonné au temps de passer plus vite grâce à son pouvoir. De toute manière, c'était soit l'un, soit l'autre, mais la jeune fille penchait plutôt pour la première solution.

Se faufilant entre quelques branches d'arbres qui avaient eut la bonne idée de pousser tout près du château, leur permettant de se cacher efficacement, le petit groupe se glissa derrière une grosse pierre pour pouvoir assister à la scène qui se déroulait sous leurs yeux sans être vus par leurs ennemis. Comme l'avait prévu Aristote, les Ténébreux et leurs alliés du CRU étaient déjà là. Les premiers étaient une bonne vingtaine, sans doute l'élite de l'armée du roi, tandis que les seconds étaient au moins deux fois plus nombreux, armés de gros fusils, et forçaient les enfants comme les adultes Elementalistes, sous le choc à cause de l'attaque éclair et dévastatrice dont ils étaient la cible, à monter dans les trois camions qui attendaient patiemment à l'autre bout de la cour. Amia vit bien Jackson et Thalia échanger un regard aussi inquiet que résigné : Aristote avait raison. Leurs ennemis étaient bien trop forts et bien trop nombreux pour qu'ils puissent intervenir efficacement sans se faire prendre. Pour l'instant, tout du moins...

-Regardez, chuchote soudain le chronokinésiste en désignant l'entrée du château dont la porte, arrachée à ses gongs, se balançait tristement sous la poussée du vent. Voilà Noiraud et son père.

Effectivement, le roi des Ténébreux et son fils venaient de sortir de l'établissement, l'un affichant un air satisfait, tandis que l'autre restait impassible et observait l'action d'un air nonchalant comme si tout cela ne le concernait pas. Pourtant, Amia crut voir une étincelle d'inquiétude dans son regard, tandis qu'il jouait nerveusement avec une espèce de montre à gousset ou un truc dans le genre, la faisant tourner délicatement entre ses doigts, comme s'il avait peur de l'abîmer.

-Tout cela est très bien, dit soudain Ulysse de Sombrelune d'un ton anodin, sans tourner la tête vers son fils qui parut se crisper, comme s'il avait deviné que ces paroles s'adressaient à lui et qu'elles n'auguraient rien de bon. Intemporia n'est plus et je tiens tous ces misérables Elementalistes entre mes mains ; il ne me manque plus qu'une seule chose.

Il s'interrompit une seconde, puis se tourna vers Noiraud, des éclairs de colère dans le regard.

-Où est la Chronosphère ?

Son fils se raidit encore plus.

-Je ne sais pas.

-Comment ça, tu ne le sais pas ? gronda son père en l'attrapant par le bras avec violence pour le forcer à se tourner vers lui.

-Je l'avais confiée à quelqu'un, marmonna Noiraud en détournant le regard. Quelqu'un qui était censé vous l'apporter à ma place, pendant que je préparais le terrain pour votre arrivée ici.

-Ah oui ? Eh, bien, apparemment, ce quelqu'un a préféré la garder pour lui au lieu de me la remettre, s'énerva le roi des Ténébreux avant de saisir son fils par le col pour le plaquer contre le mur. Qui me dit, petit sournois, que ce n'est pas toi qui me l'a volée ?

-Et qu'est-ce que j'en aurais fait ? protesta Noiraud sans perdre son sang-froid -et pourtant, il y aurait eut de quoi. Je n'avais pas d'autre choix et vous le savez très bien.

-Ce n'est pas toi à toi de me dire ce que je sais et ce que je ne sais pas, rétorqua Ulysse de Sombrelune qui malgré ses paroles lâcha Edward et se recula lentement de quelques pas, comme un fauve prêt à bondir sur sa proie. Et comment je suis censé faire pour la reprendre ?

AMIA WHITE - 1. La ChronosphèreWhere stories live. Discover now