Chapitre Dix-Huit

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Plusieurs choses se passèrent successivement, tandis que le cerveau d'Amia, paniqué, avait beaucoup de mal à traiter les informations que les sens de la jeune fille lui fournissaient : tout d'abord, elle vit avec effroi Aristote, atteint de plein fouet par la balle sans avoir eut le temps de réagir, se plier en deux avant de s'effondrer sur le sol, plus pâle que la mort. Elle s'attendait presque à ce qu'il se relève, mais malheureusement, il ne bougea pas, soit qu'il se soit évanouit, soit... non, elle ne voulait pas y penser, c'était trop affreux, trop cruel.

Puis, Thalia poussa un hurlement de rage et s'apprêta visiblement à se jeter sur l'homme qui venait de tirer, oubliant même qu'elle avait des pouvoirs à même de lui permettre de se défendre, mais Noiraud s'en chargea bien avant. Pendant une seconde, au moment où Aristote était tombé, Amia avait remarqué que le jeune Ténébreux avait perdu une nouvelle fois son expression impénétrable, et il lui avait paru encore plus horrifié qu'elle ne l'était elle-même ; puis, son visage s'était durci et ses yeux étaient devenus plus noirs encore sous le coup de la colère. Colère qu'il dirigea contre celui qui aurait dû être son allié, et qui n'eut pas le temps de réagir qu'un énorme serpent d'ombres se ruait sur lui et le projetait contre le mur. Amia perçut distinctement le craquement de ses os tandis qu'il s'affalait au sol, inconscient ou peut-être mort. Son pistolet lui échappa des mains, et avant même qu'il ne vienne à l'esprit d'Amia ou de Thalia d'aller le ramasser, Noiraud s'en empara.

La jeune hydrokinésiste s'attendit presque à ce qu'il se retourne contre elle et ses amis - auquel cas ils n'auraient pas pu faire grand chose pour se défendre - mais il se contenta de jeter un dernier regard méprisant au cadavre du soldat du CRU ; car il était mort, sans aucun doute possible, son cou formant un angle bizarre quand on y regardait mieux et de plus près. Amia ne put retenir une grimace de dégoût face à ce spectacle, et lorsqu'elle voulut se reconcentrer sur Noiraud, elle constata qu'il avait de nouveau disparu sans laisser de trace.

Elle se retourna vers Thalia qui l'appelait d'un ton presque désespéré.

-Il faut que tu m'aides, supplia la géokinésiste. Mes pouvoirs de guérison...

Amia fronça les sourcils, elle avait presque oublié Aristote après tout ce qui venait de se passer. Elle se précipita avec Thalia aux côtés du petit chronokinésiste, qui, fort heureusement, respirait encore bien que son souffle fût très saccadé. Il perdait visiblement beaucoup de sang, sa veste en était déjà imbibée. Il gardait les yeux fermés et restait parfaitement immobile, ce qui était très inquiétant en soi. L'Elementaliste de Terre paraissait relativement calme malgré la gravité de la situation, et s'efforçait d'appliquer fermement la main sur la plaie de leur ami, sans doute pour tenter de stopper l'hémorragie ; à moins que ça ait un rapport avec les fameux "pouvoirs de guérison" dont elle avait parlé un peu plus tôt.

-Attend une seconde, fit Amia, perplexe. De quels pouvoirs parles-tu ?

Thalia ouvrit la bouche pour lui répondre, mais fut interrompue par des bruits de pas précipités qui se rapprochaient de plus en plus d'eux. Les deux filles n'eurent que le temps d'échanger un regard inquiet mais résigné (si elles se faisaient attaquer maintenant, Amia le savait, elles n'auraient pas la moindre chance de se défendre) que l'intrus surgit en face d'elle, l'air aussi nerveux qu'elles. La jeune hydrokinésiste poussa un soupir de soulagement, et s'autorisa enfin à se détendre : ce n'était que Jackson, sans doute venu prendre de leurs nouvelles.

-J'ai entendu un coup de feu, avança le jeune garçon en regardant autour de lui. Qu'est-ce qui s'est...

La fin de sa phrase s'étrangla dans sa gorge lorsqu'il aperçut Aristote étendu sur le sol, et le cadavre de leur assaillant un peu plus loin. Pendant un instant, il parut trop choqué pour prononcer un seul mot, puis il se ressaisit et demanda d'un ton inquiet :

AMIA WHITE - 1. La ChronosphèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant