Chapitre Dix-Neuf

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La première chose que perçut Amia avant que les événements s'enchaînent trop rapidement pour qu'elle puisse en saisir complètement la teneur fut l'ultime ricanement du chef des hommes du CRU tendit qu'il s'apprêtait à tirer au hasard sur un des cinq jeunes Elementalistes incapables de se défendre. Oh, bien sûr, l'un d'autre eux aurait sans doute pu utiliser son élément pour tous les protéger, mais pouvaient-ils réellement battre de vitesse une balle de pistolet ? Sans doute pas, et aucun n'était prêt à prendre le risque, même s'ils devaient tous se faire tuer. Aux yeux d'Amia, tuer des enfants restait un acte méprisable, même si les enfants en question détenaient plus de pouvoirs que la plupart des adultes.

Cependant, peut-être pensait-elle cela parce qu'elle était une enfant, justement. Une pauvre enfant naïve qui, bien qu'approchant rapidement de l'adolescence, n'était toujours pas capable de distinguer une cause perdue... avant qu'il ne soit trop tard, bien évidemment !

La jeune fille rouvrit lentement les yeux, sentant sa dernière heure arriver ; elle ne voulait pas mourir les yeux fermés. Elle s'efforçait de ne pas regarder en direction d'Aristote pour lui laisser une petite chance de survivre et d'échapper au carnage, mais ne put s'empêcher de tourner la tête vers lui lorsqu'il se redressa doucement derrière leur ennemi en secouant la tête, comme pour s'éclaircir les idées. Leurs regards se croisèrent pendant un court instant, et le petit chronokinésiste lui adressa un étrange sourire, comme s'il savait quelque chose qu'il était certain qu'elle ignorait. Puis, il fronça les sourcils, comme s'il venait seulement de saisir la nature urgente de leur problème.

Il leva les yeux vers l'homme qui, de dos, le surplombait de toute sa hauteur. Le jeune garçon eut une mimique méprisante, comme s'il ne supportait pas l'aura d'autosuffisance que dégageait l'odieux personnage. Ses yeux noirs cherchèrent une nouvelle fois ceux d'Amia, et brusquement, il parut à la jeune fille que le visage d'Aristote s'éclairait brusquement, quittant l'air pensif qu'il arborait un instant plus tôt. Visiblement, il venait d'avoir une idée.

Elle n'eut que le temps de penser cela que, au moment où leur ennemi pressait la détente, le petit chronokinésiste allongea le bras pour le saisir par la cheville, le déséquilibrant et faisant dévier son tir par la même occasion ; la balle manqua le petit groupe d'Elementalistes d'une bonne dizaine de centimètres et vint se figer dans le mur derrière eux, juste au dessus de la tête de Jewel, qui tressaillit à peine, en état de choc. L'homme, furieux, poussa un cri de stupeur et tenta de se dégager... mais malheureusement pour lui, il était trop tard. 

Sous les yeux horrifiés d'Amia et de ses amis, le chef des hommes du CRU commença à vieillir à la vitesse de l'éclair, sa peau se recouvrant de toujours plus de rides. Il hurla de douleur et se débattit, mais Aristote le serrait si fort que la jointure de ses doigts en étaient blanches, et il n'avait donc aucune chance de se dégager à temps. La peau du cruel homme se craquela comme si la pression temporelle était trop forte, et il commença à se désagréger comme un château de sable trop sec, en partant du sommet de son crâne en passant par son cou, ses épaules, ses bras, son torse, puis ses jambes. Moins de dix secondes plus tard, il ne restait de lui plus qu'un petit tas de poussière, ainsi que son costume dont il était si fier. En un instant, Aristote venait de tuer leur ennemi avec une facilité déconcertante.

Amia se tourna vers ses amis pour voir s'ils pensaient la même chose qu'elle : le regard de Jackson oscillait sans cesse entre les restes du défunt et son ancien meilleur ami, comme s'il ne savait que penser, Thalia semblait hésiter entre dégoût et admiration à l'égare du petit chronokinésiste, Jewel était toute pâle et regardait autour d'elle avec un mélange d'effroi et de soulagement, tandis que Lewis restait impassible, contrairement à son habitude, bien que les coups d'oeil qui se voulaient discrets (mais qui ne l'étaient absolument pas) qu'il jetait à Aristote montraient qu'il n'en pensait pas moins. Amia, elle, ne savait pas trop ce qu'elle ressentait. Choquée, elle fixait le tas de poussière et de vêtements froissés à quelques mètres d'elle, craignant presque que leur ennemi ne revienne t'outre-tombe pour les hanter. Mais rien de tel n'arriva, et au bout de quelques secondes, elle s'autorisa à se détendre, et leva les yeux vers Aristote.

AMIA WHITE - 1. La ChronosphèreWhere stories live. Discover now