AMIA WHITE - 1. La Chronosphère

Chapitre Huit

Amia se laissa entraîner en direction de la partie ouest du parc, qu'elle n'avait encore jamais explorée. Tout ce qu'elle avait pu en voir étaient de hautes collines qui dissimulaient l'horizon aux habitants du château. Comme les autres pressaient le pas, elle dût les imiter pour ne pas se laisser distancer. Ils entreprirent d'escalader lesdites collines, chose qui leur prit moins de cinq minutes étant donné qu'un chemin qui ne montait qu'en pente douce avait été dessiné pour permettre aux pensionnaires d'accéder à l'autre côté plus facilement.

Quand Amia arriva au bout du petit sentier, elle ne put retenir un "oh" de stupéfaction : après les collines se dressaient quelques dunes d'un sable si pâle qu'il paraissait blanc, lesquels s'arrêtaient à la limite d'une étendue bleuté miroitante, seulement interrompue par une petite île rocailleuse non loin de la côte. La mer. Amia ne l'avait jamais vue en vraie, aussi se perdit-elle un long moment (qui ne lui parut durer que quelques secondes) dans la contemplation de la courbe des vagues paresseuse, étincelantes et ensorcelante de l'étendue liquide qui semblait aller jusqu'à l'horizon, si ce n'était plus.

-Ben alors, tu viens ? l'interpella Lewis, la faisant sursauter.

Elle n'avait même pas remarqué que les autres, la laissant à sa contemplation, avaient commencé à descendre les collines en direction de la plage. Leur planque se trouvait-elle cachée dans les dunes ? Ou sur l'île ? La jeune fille avait repéré un peu plus tôt une barque assez grande pour qu'ils puissent tous monter dedans sans se sentir trop à l'étroit qui ferait parfaitement l'affaire pour les conduire jusque là. Oui, c'était sûrement ça. Donc, pas la peine de s'inquiéter, elle avait angoissé pour rien, comme toujours.

Elle suivit ses amis qui, comme elle l'avait supposé, montèrent à tour de rôle dans la barque. Jackson resta un peu en retrait et lui fit signe d'imiter Lewis, Thalia et Jewel déjà à bord avec un sourire légèrement crispé. Il se hissa ensuite dans la frêle embarcation, non sans l'avoir poussée vers la mer auparavant. Thalia et Lewis s'emparèrent des rames et s'en servirent pour éloigner leur barque de la côte. C'est à ce moment là que les événements prirent une tournure qu'Amia n'avait absolument pas prévue : au lieu de prendre la direction de l'île, ils la contournèrent vers les falaises les plus hautes, de l'autre côté de celle-ci.

-Où on va ? s'inquiéta t-elle de nouveau.

-Tu verras bien, grommela Jackson d'un air profondément agacé. 

-Fais-nous un peu confiance, ajouta Thalia. On sait ce qu'on fait.

Bon. Mieux valait être prudent et vivant que casse-cou et mort, n'est-ce pas ? Telle était la philosophie d'Amia depuis qu'elle était toute petite, et elle n'avait pas vraiment l'intention d'en changer. Elle décida cependant de tenir sa langue et de cesser de poser des questions, voyant bien à quel point cela exaspérait ses amis.

Après une dizaine de minutes environ, Thalia et Lewis arrêtèrent de ramer, et le garçon prit la petite ancre accrochée à la coque de l'embarcation pour la jeter par dessus bord afin de la maintenir en place. La plus âgée du groupe décida alors d'expliquer certaines choses à la petite nouvelle.

-Tu dois savoir que le Vengeur est un navire qui a sombré pendant la Première Guerre Mondiale, torpillé par un sous-marin allemand alors qu'il transportait des passagers français en fuite en direction des Etats-Unis. C'était plus un bateau de croisière que de combat, mais bon... Le hasard a voulu qu'il se trouve ici, juste en dessous de nous. 

-Sa coque n'est pas trop abîmée, intervint Jackson, et en utilisant mon pouvoir sur l'air, nous pouvons chasser l'eau de la pièce la plus grande qu'on ait trouvé pour s'en servir comme cachette.