Selena - Les Lunes Jumelles

XIV.Maudit blasé

Je ne comprenais plus rien à rien.

Qui était cette personne dont parlait Nikolas, que mon oncle était soit-disant allé rencontrer ?

-Qui ? Qui mon oncle est-il allé voir ?

Il avait ce sourire en coin tellement énervant. Il passa une main dans ses cheveux ébènes et me répondit:

-Ce n'est pas quelqu'un, c'est quelque chose.

-Nikolas, je veux savoir. J'ai le droit de savoir, pourquoi mon oncle est parti pendant que j'étais malade et...comment il te connaît.

Il me jaugea du regard, de son œil bleu qui était aujourd'hui couleur nuit, comme pour évaluer ma capacité à assimiler.

-Il est allé voir la Tuar.

Super, ça m'avançait...

Soudain, la porte s'ouvrit brutalement et mon oncle surgit, rouge comme une tomate. Ayant surpris les derniers mots de Nikolas, il hurla, paniqué:

-Que lui a-tu dis, malheureux  ? Je t'avais...

-Rien. Elle ne comprend rien de toute façon, Kern, aucun danger, répondit la personne antipathique, calmement.

Et me jetant un regard faussement compatissant -la tête à claques!- il ajouta:

-Mais pourquoi es-tu dans cet état ? Ils...heu, il se mit à chuchoter, ils t'ont aperçu ? 

-Je ne sais pas, je n'en ai pas vu. J'espère que non car c'est bien elle. Tout concorde parfaitement.

Nikolas pâlit violemment. 

-Je...

Il ne finit pas sa phrase et, partit soudainement.

Pantelante, je regardais la porte. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? 

Mon oncle, nerveux, monta les escaliers à toute vitesse (pour son âge) sans plus d'état d'âme.

J'en avais assez de ses histoires. Ne rien comprendre attisait encore plus ma frustration, déjà grande à cause de ma fatigue, autant morale que physique...

Le lendemain, j'avais cependant repris des forces. Et, j'eus même le courage de persévérer dans ma résolution de ne plus porter de lentilles, rien que pour revoir la tête ébahie de l'autre abruti.

Au lycée, je fus rejointe par Alvy, très joyeuse aujourd'hui, qui n'arrêta pas de me parler de César.

Ce dernier nous fit une peur bleue: il avait eu l'excellente idée de se cacher derrière un mur, et de surgir en criant bizarrement...