LXXX. Géant A L'Accueil

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Et sans plus attendre, nous nous dirigeâmes à grands pas vers l'accueil : nous avions trop tardé, Kathryx allait commencer à se poser des questions.

Mais en termes de question, une dernière me taraudait :

-Nikolas, les télékinésistes ont-ils un éveil ?

-Oui, me répondit-il, reprenant ses bonnes habitudes, qui consistent à ne dire que le strict nécessaire.

-C'était comment ? Douloureux ?

Ces interrogations, je me les posais depuis trop longtemps, je les avais déjà posées à Joel, mais il m'avait à peine répondu, ou bien seulement en phrases sibyllines.

Au détour d'un chemin, une bâtisse se profila. Je la reconnus, c'était l'accueil.

Nikolas me répondit discrètement, et très vite :

-C'était glacé, et très douloureux. Glacé pour les télékinésistes, brûlant pour les télépathes. Lune bleue froide, lune rouge chaude.

Je le remerciai d'un signe de tête et me mis dans la peau de mon personnage in extremis : un géant d'un certain âge, vêtu d'un grand costume noir, tout à l'heure planté sur le pas de la porte, venait à nous.

-Nous sommes venus chercher nos bagages, annonçai-je, d'un ton pédant.

Le vieil homme, du haut de sa taille gigantesque, nous désigna d'une main squelettique l'arrière de son bureau, puis s'y rendit. Nous le suivîmes et il nous ouvrit une petite réserve aux murs ternes et tristes, où étaient entreposées nos bagages, seules.

Bientôt, après avoir signé un papier (inutile car les valises et sacs étaient étiquetés), nous repartîmes chargés.

Kathryx nous attendait, plongée dans un livre, concentrée sur les lignes comme si sa vie en dépendait. Elle ne nous vit pas tout de suite, et ce fut quand Nikolas toussota d'une manière tout à fait élégante, qu'elle se rendit compte de notre présence, et rangea précipitamment dans une poche de son long manteau, dont les poches rectangulaires me paraissaient immenses.

Selena - Les Lunes JumellesWhere stories live. Discover now