Chapitre 2 (1/2)

4.5K 404 200
                                    

Un son strident retentit dans mon crâne, et vint marteler mes tympans avec violence. Je ripostai en envoyant un coup maladroit en direction de la source du bruit. La machine qui me servait de réveil tomba à terre dans un bruit métallique et le bruit mourut aussi vite qu'il était apparu. Puis je me roulai sur le côté en gémissant, ouvrant à grande peine mes yeux endormis. Ma tête était sur le point d'exploser et il me fallut un moment avant de me souvenir de ce qui s'était passé la veille. Les soldats, la drogue, l'alcool, Arthur... je ne pus retenir un gémissement. Comment avais-je pu laisser Arthur m'embrasser ? Et comment j'allais pouvoir lui expliquer qu'il ne s'agissait que d'un malentendu sans le froisser ?

Le soleil filtrait à travers les volets en bois, laissant de longues marques rectilignes sur les murs. Je restai un moment immobile fixant les grains de poussières qui voletaient dans l'air. Puis mon deuxième réveil se déclencha, répandant une douce musique dans l'appartement. Agacée, j'envoyai valser le second réveil au côté du premier et me redressai en grognant. Cette journée promettait d'être désagréable.

Je rejoignis la salle de bain en traînant les pieds, tel un zombie et découvris le carnage que j'y avais laissé la veille. Mes vêtements, encore trempés étaient entassés dans un coin et une large flaque d'eau s'étendait de la douche aux toilettes. Les serviettes dont je m'étais servies pour me sécher traînaient dans le lavabo, tandis que la majorité de mes produits de beauté étaient étalés sur le sol. Je ne me souvenais pas avoir renversé quoi que ce soit, mais ça ne m'étonnait pas vraiment. À ce moment-là de la soirée, je n'avais plus vraiment les yeux en face des trous.

Sans prêter attention au chaos que j'avais laissé, je m'emparai d'une boite de cachets et en avalai deux d'une traite dans l'espoir de calmer la tempête qui faisait rage dans mon crâne. J'attendis patiemment dans mon lit que la douleur se calme et envisageai d'avaler un fruit avant de commencer à me préparer. L'idée même de manger me souleva le cœur, alors je me contentai de glisser une pomme dans mon sac. J'enfilai un jean basique et un débardeur vert, puis je pris la direction de la salle de bain dans l'espoir d'arranger ma tignasse. Quelques minutes plus tard, mes cheveux roux rassemblés en un chignon et mes cernes dissimulées, j'attrapai mon sac et ma veste en cuir et dévalai les escaliers. J'étais contente de constater que les traces rouges que j'avais la veille avaient totalement disparu, l'allergie n'était probablement pas si grave que ça finalement.

Je n'avais pas besoin de regarder ma montre pour savoir que j'étais en retard, je l'étais toujours. Ça n'avait pas une grande importance, l'amphi était toujours vide et je n'aurais aucun mal à me dénicher une place au dernier rang sans me faire remarquer par le professeur. Les lignes de bus étant souvent saturées à cette heure, j'optai pour le métro. C'était plus rapide mais en général on y trouvait assez peu de monde, en grande partie parce que les rames de métros étaient infestées par des rats aux proportions démesurées.

Pourtant, ce n'était pas tant ces nuisibles qui rendaient ce labyrinthe souterrain inquiétant selon moi, c'était plutôt les humains qui y vivaient. Il s'agissait en général de sans-abris, de vagabonds, ou de simples voleurs qui appréciaient assez peu ceux qui vivaient à la surface et se plaisaient à les dépouiller dès qu'ils en avaient l'occasion. On entendait beaucoup d'histoire à ce sujet, mais de ce que j'en avais vu, ces gens ne représentaient un réel risque que pour les téléphones et les portes feuilles un peu trop lourds. Il arrivait souvent que l'armée, ou plutôt une branche de l'armée reconvertie en police nationale soit postée dans le métro, ce qui avait pour effet de limiter drastiquement les agressions. Après tout, aucun humain sain d'esprit ne voulait se frotter de trop près à l'un de ces mutants. Alors quand je vis deux de ces soldats à l'uniforme gris postés devant l'entrée du métro, je n'hésitai pas une seconde.

Je passai devant eux et ils me dévisagèrent avec étonnement, surpris de voir une jeune femme s'enfoncer dans les profondeurs de la ville. Leur présence ne suffisait généralement pas à sécuriser tout à fait les lieux, mais j'étais prête à risquer mon téléphone et mes deux derniers billets de vingt là-dessous si ça me permettait pour une fois d'arriver avec la fin du premier cours.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant