Chapitre 21

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Point de vu Aaron

— Monsieur Melchior ? s'étonna une voix fluette.

Je me tournai vers sa propriétaire, une fille d'à peine un mètre soixante qui montait la garde dans le hall du bâtiment. Ses cheveux blonds, presque blanc me rappelèrent vaguement Cali, mais ses yeux bleus étaient plus sombres et ses traits nettement moins harmonieux. Elle me fixait avec trop d'intérêt, elle m'agaçait déjà.

— Je dois voir le sujet alpha.

Elle passa nerveusement la main dans ses cheveux, les yeux oscillants entre mon visage et le sol.

— Encore ? Je croyais que votre subordonnée, mademoiselle Braune avait fait le nécessaire.

Je réprimai une grimace. Allez savoir ce que cette idiote avait bien pu faire au colis avant de s'enfuir vers la plage. La connaissant elle avait cassé quelque chose à défaut de détruire totalement la caisse. Soen avait intérêt à ramener ses fesses rapidement, parce que si c'était à moi d'aller la chercher, je risquai une fois encore de perdre le contrôle. Rien qu'à cette idée, le souvenir de la chaleur de son corps contre le mien me submergea. Bon sang ! Si elle n'avait pas été aussi affaiblie, elle m'aurait grillé vif et je me serais délecté de chaque goutte de son pouvoir comme un drogué en manque.

Concentre toi Aaron.

— Où est-il ? insistai-je d'un ton sec.

J'avais conscience d'être un peu rude, mais à ma décharge, cette mission commençait sérieusement à me donner la migraine. J'avais vrillé au moment où Aloys avait disparu alors que je lui sommais de venir se mettre à l'abri et depuis je luttai pour faire retomber la pression. Notre petit échange un peu plus tôt n'avait d'ailleurs pas arrangé les choses. J'étais partagé entre l'idée de l'attacher dans un coin pour m'assurer qu'elle ne me causerait plus d'ennui et celle de l'embrasser jusqu'à ce qu'elle apprenne enfin à se taire. La foutre au trou, voilà ce que je devais faire, pourtant je n'arrivais pas à me faire à l'idée. Les jours que j'avais passé là-bas me dissuadaient d'y envoyer qui que ce soit. D'autant que je n'étais pas certain du résultat, elle se sentait déjà en prison, je doutai qui ajouter des barreaux, des chaînes et une bonne dose de souffrance améliore cela.

La fille me guida d'un pas pressé vers l'un des couloirs, puis jusqu'à une petite pièce sur la droite. Laquelle était comme presque toutes les autres ici, vide à l'exception de leurs précieux contenus. Cet étage servait de stockage, les niveaux supérieurs étaient conçus pour les tâches administratives, mais le cœur du bâtiment, celui où se déroulait le plus gros des recherches se trouvait en dessous, à une dizaine de mètres de la surface. J'y avais mis les pieds une fois ou deux, l'endroit était presque aussi désagréable que les laboratoires de ma mère à ceci-près qu'elle ne s'y trouvait pas.

Je n'eus même pas besoin de chasser la fille, elle avait pris ses jambes à son cou dès que mon pass avait déverrouillé la porte. Je fis rapidement le tour de la caisse et compris rapidement comment Aloys avait réussi à l'ouvrir. Un pur coup de chance, si elle avait été mieux remise de son exploit sur la plage, elle aurait actionné la sécurité en essayant de griller les circuits. Au lieu de quoi ses étincelles, n'avaient même pas été détecté par le système avant qu'elle n'en fasse fondre les fusibles. Je soupirai, cette fille ne se rendait même pas compte de la chance qu'elle avait, elle allait déchanter le jour où celle-ci finirait par tourner. Toujours était-il que la boîte de transport était hors d'usage. Il fallait absolument la changer avant l'aube, pas question de partir avec cette chose sans que son pouvoir soit parfaitement sous contrôle.

Je fis donc le nécessaire, monta au dernier étage et dérangea le responsable du bâtiment de recherche qui s'empressa à son tour d'aboyer quelques ordres à ses sous-fifres. Je connaissais cet homme pour l'avoir souvent vu dans les laboratoires de ma mère où aux diners organisés par mon père. Florens Vellener était un type vil avec un pouvoir écœurant, heureusement, il ne s'était jamais montré capable de l'utiliser sur le terrain sans tuer ses alliés et avait fini par être envoyé ici. Qui voulait d'un gars capable de dissoudre son propre corps pour en faire un poison létal à ses côtés ? Le gaz était si volatil qu'il pouvait tuer sur des kilomètres le moindre individu doté de poumons qui aurait eu le malheur de l'inhaler. Il ne le contrôlait pas, il se contentait de le créer en détruisant ses propres cellules. D'autant qu'après son utilisation, son don ne lui permettait pas de régénérer son corps, ses quelques années de service avaient suffi à lui détruire le visage, à ronger sa peau, son nez et une bonne partie de son crâne. Sans parler de ses membres, il devait en tout et pour tout lui rester huit doigts en comptant ses pieds et ses mains. Ses articulations étaient déformées, ses muscles dévorés... Au vu de ce que je l'avais vu faire dans ces labos, c'était à mon sens une bonne chose que la nature ne lui ait pas permis de continuer à utiliser son don. Une punition adéquate pour les horreurs qu'il était capable de commettre.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowWhere stories live. Discover now