Chapitre 32 (1/2)

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J'avais froid, terriblement froid....

Cette prison devait être au sous-sol vu la fraîcheur qui y régnait constamment. Mes os étaient glacés et j'étais constamment secoué de frissons désagréable qui réveillaient les douleurs de mon corps. Ma grande expérience dans le domaine me permettait d'affirmer que je n'avais rien de cassé, mais les hématomes qui marquaient ma peau, ma lèvre fendue et mon œil droit qui refusait obstinément de s'ouvrir était suffisamment douloureux à eux seuls.

Quand on m'avait retrouvé dans les labos, entourés d'une centaine de cages vides, on m'avait passé à tabac. Des coups de pied pour l'essentiel, certains plus violents que d'autres, mais pas d'acide mortel ou de je ne sais quel pouvoir létal. Ces hommes s'étaient contentés de la bonne vieille rage humaine. Rien de bien grave en somme, j'aurais pu finir dans un état bien plus critique s'ils avaient usé de leur pouvoir. J'avais perdu connaissance au moment où l'un des coups avait atteint ma tête et je m'étais réveillée ici, nauséeuse et tremblante. Dans cette minuscule cellule glaciale équipée d'un inhibiteur. Ma cellule ne contenait qu'un lit en métal dépourvu de matelas ou de draps et de toilettes. Rien de plus, pas même une fenêtre ou des barreaux pour me permettre de me situer. J'étais littéralement enfermée dans un cube en métal et la seule source de lumière provenait d'un vieux spot au plafond. Les premières heures avaient été les plus dures à supporter, le froid et la sensation de suffoquer m'avait arraché larmes et cris, mais la fatigue avait finalement eu raison de moi et à mon réveil le peu d'énergie que j'avais récupéré m'avait permis de garder mon sang-froid. Ce n'était qu'une cage, le trou dont m'avait parlé Aaron probablement.

J'avais l'impression d'être là depuis une éternité. À en juger par la faim et la soif qui me tenaillaient, mais en réalité ça ne devait pas faire plus de deux jours. Personne n'était venu depuis mon arrivée, ni pour me donner à manger ni pour me donner à boire et encore moins pour me donner des nouvelles du monde extérieur. J'aurais voulu regretter mon geste, ça m'aurait permis de reporter la faute sur les Elémentaires que j'avais libérés, mais ce n'était pas le cas, j'étais étrangement en paix. Satisfaite d'avoir pris la bonne décision malgré le résultat catastrophique. J'avais découvert trop de choses pour simplement me contenter de fermer les yeux et de reprendre ma place dans l'armée en attendant de trouver une solution pour m'enfuir. Même mon égoïsme avait ses limites.

À l'heure qu'il était, tout le monde devait avoir été mis au courant de ma petite prouesse. J'étais sûre que le premier qui passerait cette porte serait Aaron. Ça ne pouvait être que lui, il était mon supérieur direct et il était toujours le premier à me faire des reproches. Pourtant il se laissait douloureusement désirer. J'avais besoin de le voir, j'avais besoin qu'il me dise qu'il ignorait tout de ces atrocités et qu'il trouverait un moyen de me sortir de là. J'avais besoin que pour une fois, il soit de mon côté.

Alors quand la porte s'ouvrit enfin, je faillis bondir vers lui. Malheureusement l'expression sur son visage doucha bien vite ma joie. Il n'y avait aucune colère dans son regard, seulement une immense peine. De larges cernes sous ses yeux indiquaient qu'il n'avait pas dû dormir beaucoup depuis mon arrestation et ses épaules avachies ne lui ressemblaient guère. Il referma la porte et s'adossa à elle, conservant la plus grande distance possible avec moi. Puis il sortit de sa poche le bracelet que m'avait fourni Vod et me le lança. L'objet atterrit devant moi et l'écran se brisa sous l'impact.

— Comment as-tu réussi à te procurer un double de mon pass ? demanda-t-il d'une voix atone.

Devant mon silence, il insista :

— Au point où tu en es, tu peux bien me dire la vérité. Ça ne risque pas d'aggraver ton cas.

— J'ai hacké ton pass, me contentai-je de dire en baissant les yeux.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant