Chapitre 15

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Le soir-même, j'avais rejoint Bran dans le parc, et cachée derrière un buisson, nous étions occupées à savourer la glace qu'il avait subtilisé dans les cuisines d'un autre bâtiment. La chose était rare et d'autant plus délicieuse que les températures de ce milieu d'été était étouffante. On était loin des coupes glacées que ma tante avait l'habitude de me servir lorsqu'elle disparaissait plusieurs jours de suite sans prévenir et qu'elle revenait, pleine de culpabilité et de remords. Ça n'était rien de plus qu'une glace à l'eau saveur « fruit rouge » qui était destinée aux employés de bureau de l'ANH. J'ignorais même qu'il y en avait avant que Bran me rappelle que cet endroit n'était pas seulement le plus grand centre d'entraînement de l'armée, mais aussi le siège des Melchiors et donc du gouvernement. Pourquoi ces gens avaient-ils le droit à des glaces et pas nous ? ça c'était une injustice à laquelle Bran comptait bien remédier.

— Qu'est-ce qu'on risque si on nous remarque avec ça ? demandai-je en rattrapant habilement une goutte de glace avant qu'elle ne tombe par terre.

— Qu'on nous la vol.

— Ah ? Alors pourquoi tu ne nous en ramènes pas tous les jours ?

— Parce que je n'ai accès à ce bâtiment que lorsque je rends visite à mon amie. C'est elle qui m'ouvre la porte, mon pass ne me donne pas accès à cette zone.

Mon regard glissa sur son poignet, là, un petit bracelet identique à celui de tous les soldats, brillait au clair de lune. Tous, sauf moi. Même Eren en avait reçu un il y a quelques jours ! L'appareil était multifonction et adapté à chaque individu en fonction de sa position dans l'armée. Dans le cas de Bran, il lui servait surtout à entrer et sortir des différents bâtiments d'entraînement et à se rendre dans les dortoirs communs. De temps à autre, son supérieur direct lui faisait passer des messages grâce au petit écran connecté du bracelet, mais tant qu'il serait en rééducation, il ne recevrait plus d'ordres de mission.

— Elle... répété-je, un sourire moqueur aux lèvres.

— C'est ça, mais garde des idées salaces pour toi, notre relation est purement platonique. Elle est douée avec un ordi, elle m'aide parfois à communiquer avec l'extérieur. Des tas de gens cherchent à garder contact avec leur famille, Vod et moi on leur arrange ça, moyennant payement bien sûr.

— Et qu'est-ce que tu exiges de ces pauvres gens ? De l'argent ? Je ne vois pas bien à quoi ça te servirait ici.

Il secoua la tête, puis se pencha vers moi comme s'il s'apprêtait à me confier un secret.

— Des services, des secrets, tout est bon à prendre. Je m'arrange pour qu'ils me soient redevable. En général ils sont bien contents de pouvoir me rendre la pareille et quand ce n'est pas le cas et bien, disons que Vod s'arrange pour qu'ils se taisent.

Je haussai les sourcils, amusée.

— Donc Vod est à la fois le cerveau et le bras armé de votre petite affaire, ce qui fait de toi... Qu'est-ce que c'est censé faire de toi au juste ?

Il se renfrogna et engloutit le reste de sa glace d'un coup.

— Le moteur ma petite Aloys, moi je suis le moteur ! Je la motive, tout comme je t'ai incité, toi, à devenir le soldat d'élite que tu étais censée devenir. Sans moi vous seriez toutes les deux en train de tourner en rond dans votre lit en pleurnichant, voilà la vérité ! Ce qui fait de moi... quelqu'un d'irremplaçable, conclu-t-il en gonflant la poitrine.

— Rien que ça, raillai-je. Dommage pour toi, mais ton soldat d'élite se fait botter le cul à chaque entraînement, il va peut-être falloir penser à revoir te position à son sujet.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowDonde viven las historias. Descúbrelo ahora