Chapitre 28 (1/2)

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La semaine qui suivit fut l'une des plus fatigantes de ma vie. Aaron avait insisté pour qu'Eren et moi nous entraînions pratiquement jour et nuit. Il ne me regardait plus, ne m'approchait plus, il n'était plus qu'une ombre qui aboyait des consignes avant de disparaître. C'était majoritairement Swann, Soen et Horace qui s'occupaient de mon entraînement, tandis que celui d'Eren était dirigé par Cali, Jin et Eban. Nao partageait son temps entre nous deux avec pour seule objectif de nous détendre après les raclées que nous administraient nos entraîneurs.

J'avais fait beaucoup de progrès dans le maniement de mon arme, si bien que Swann insista pour m'apprendre à en utiliser d'autres. D'après elle, il était impératif de pouvoir se défendre quelle que soit le matériel disponible. J'appris donc à me servir de ses poignards, de l'épée d'Horace et même de la hache de Soen. Bien évidemment j'étais loin d'égaler leur niveau, et préférai mille fois utiliser mon épée double qui avait pour l'occasion été réadapté pour mon utilisation. Elle était plus fine et légère que celle avec laquelle je m'entraînai depuis mon arrivée dans l'escouade, le manche désormais ajusté à ma main facilitait ma prise et la vitesse de mes mouvements. Soen y avait même fait graver mes initiales à la base de chaque lame.

Malgré ça, chacun de mes affrontements contre l'un de mes entraîneurs se soldait par un échec cuisant. Je peinais à passer à l'offensive tant j'étais concentrée sur ma garde et mes parades. Swann était d'une rapidité que même mes sens améliorés ne me permettaient que rarement de supplanter. Quant à Soen, chacun de ses coups étaient possiblement mortels et portés avec une précision et une force qui ne me permettait aucun écart. Parer et esquiver devenait ma spécialité. Toutefois, lorsque le tour venait à Horace de combattre, j'arrivai de temps à autre à passer à l'attaque. Lui-même davantage porté sur la défense que l'offensive, il me laissait suffisamment de champ libre pour tenter ma chance avant de me repousser sans ménagement. Aucun d'entre eux n'avaient besoin d'utiliser ses pouvoirs contre moi pour gagner, les jeux étaient suffisamment inégaux. J'étais définitivement bien dessous du niveau requis. Je ne représentai pas une réelle menace pour eux, rien de plus qu'une distraction amusante.

Eren avait fait des progrès lui aussi, mais uniquement au niveau de son don. Sa manière de combattre restait fuyante et maladroite, si bien qu'il parvenait rarement à résister aux assauts de nos amis. En revanche, lorsqu'une ouverture se présentait et qu'il arrivait à toucher son assaillant, il pénétrait instantanément son esprit. Grâce à ça, il paralysait ce dernier en forçant son esprit à se croire immobilisé, un tour de passe-passe qui ne lui coûtait aucun effort et qui lui assurait la victoire à coup sûr. Aaron avait insisté pour qu'il apprenne à se servir d'une arme en harmonie avec son pouvoir mais pour le moment rien n'y faisait. Il était incapable de se servir de l'étrange alliage de nos armes comme d'un conduit pour son don.

Nos pauses étaient rares et peu reposantes, car lorsque ce n'était pas notre corps qui était mis à l'épreuve, c'était notre tête. Nos trois coachs nous instruisaient de toutes les stratégies qu'ils connaissaient et de la manière dont on pouvait l'adapter à nos capacités. En vérité il était difficile de mettre en place une stratégie digne de ce nom, alors que nous ignorions encore qui nous allions devoir combattre. Toutes ces discussions me paraissaient bien vide de sens. A quoi bon se préparer à affronter un P-gène capable de se transformer en brume si notre ennemi se révélait être en mesure de nous étouffer d'un simple regard ?

Ce n'est qu'en milieu de semaine, alors que nous déjeunions dans le réfectoire qu'Aaron fit enfin son apparition. Il disparaissait de plus en plus souvent, et les rares fois où il acceptait de se joindre à nous, son humeur massacrante nous affectait tous. J'étais probablement en parti responsable, mais je sentais qu'il y avait autre chose. Aaron était bien des choses, mais un gamin boudeur, certainement pas. Que je l'ai repoussé devait lui miner le morale, du moins une partie de moi l'espérait honteusement, mais ses traits étaient constamment tirés, son visage cerné et ses yeux gris oscillait entre l'inquiétude et la colère.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant