Chapitre 9 (1/2)

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Le docteur Ross ne me laissa pas sortir de l'infirmerie avant la fin de la semaine, m'obligeant à passer quatre jours attachée à un lit. Incapable de m'asseoir ou d'aller faire mes besoins sans que quelqu'un ne daigne bien vouloir me venir en aide. J'avais pourtant tenté de le convaincre que je ne représentai aucun danger, mais de toute évidence, ça n'avait pas eu beaucoup d'effet sur lui. Il évitait au maximum ma chambre et avait même fait installer une machine étrange au plafond qu'il avait appelé un inhibiteur et qui était censée m'empêcher d'utiliser mon don. Ce que j'aurais bien été incapable de faire de toute manière.

J'eus donc tout mon temps pour ressasser les paroles d'Aaron Melchior. Je ne savais pas trop si je devais m'inquiéter ou me réjouir de posséder ce pouvoir si particulier. D'un côté, il faisait de ma vie un enfer, premièrement parce que sans lui je serais assise sur les bancs d'un amphi à écouter un prof bavasser sur je ne sais quoi, et deuxièmement parce qu'il mettait mon corps au supplice dès que j'avais le malheur de l'utiliser. Pourtant, si Melchior disait vrai, j'avais du potentiel, et si je me décidai à l'utiliser, je pourrais peut-être m'en servir pour sortir d'ici. Le problème c'était que m'enfuir était un plan à court terme. Même si j'y parvenais, je doutai qu'on me laisse disparaître aussi facilement. Ils me suivraient, me chasseraient et me ramèneraient ici. J'aurais pu me reposer sur l'aide d'Arthur et d'Elena, mais je n'avais aucun moyen de les contacter et j'ignorais quand eux seraient en mesure de le faire. Alors à quoi bon se donner tant de mal si c'était pour échouer au bout du compte ?

Lorsque Ross me laissa enfin partir, j'étais encore dans un sale état : ma peau commençait à guérir, mais mes plaies étaient encore visibles et quelques marques de brûlure ornaient encore mes bras, mon cou et une partie de mon visage. J'avais deux côtes et un bras cassé qui se remettaient avec une certaine rapidité grâce au traitement avancé dont disposait l'armée, mais qui prendraient quand même plusieurs semaines à guérir. On m'escorta jusqu'à ma chambre où j'eus le droit d'enfiler une tenue correcte. Puis l'homme qui m'accompagnait me déposa directement devant la salle entrainement six et me poussa à l'intérieur sans ménagement. Cette salle-là était plus grande que celle que j'avais vu la dernière fois et donnait directement sur la forêt. Seuls quelques mètres me séparaient des premiers troncs ce qui me donna une folle envie de détruire cette vitre pour les rejoindre. Les vitres donnaient également sur une partie du couloir, et un tas de soldats aux yeux curieux s'y pressaient pour observer l'entraînement de mon escouade.

L'ensemble de l'équipe était présente. Au centre de la pièce se trouvait l'une des femmes que j'avais vu la première fois, mais dont je ne connaissais pas le nom, et Aaron. Les autres étaient rassemblés sur le côté, assis sur de petits gradins en métal qui encadraient la pièce. Comme d'habitude, mon entrée fut remarquée mais je me contentai de me glisser sur les gradins les plus proches et de fixer mes pieds. Je détestais qu'on me regarde et voilà qu'ils me fixaient tous avec étonnement, comme si ma présence était la chose la plus étrange qu'ils avaient vue de la journée.

— Il paraît que ton entrainement a un peu mal tourné, lâcha Eren en s'asseyant bruyamment à côté de moi.

— Il paraît... me contentai-je de répondre, tandis que quatre autres personnes s'asseyaient autour de moi.

— Te fatigue pas, on était juste à côté, on a tout vu et tout entendu, lâcha une jeune femme à la peau blafarde qui rappelait un peu celle d'Eren.

— Je te présente Cali, et ici il y a Soen, Horace et Jin. Celle qui se bat avec Aaron c'est Swann. Et là-bas, (il désigna ceux qui étaient restés à l'écart et qui regardaient le combat avec attention) il y a Nao et Eban, lança Eren d'un ton joyeux dans le but de détendre l'atmosphère ce qui me rappela un peu Alice.

Soen était le doyen du groupe qui m'avait parlé la première fois, il était grand, aussi large qu'une armoire et pourvu d'une barbe foisonnante et mal entretenue. Une petite cicatrice blanchâtre lui barrait l'œil droit, mais hormis ce détail, son visage avait été épargné par la guerre. Contrairement à Jin dont la peau était criblée de fines cicatrices qui ressortaient d'autant plus sur sa peau hâlée. Cali, quant à elle, avait un visage doux, dont les traits fins et parfaitement symétriques évoquaient davantage un mannequin qu'un soldat. Ses yeux bleus et ses cheveux blonds tranchaient avec la peau ébène du dénommé Horace. Ce dernier avait le crâne rasé sur lequel s'étendait une longue cicatrice, d'une oreille à l'autre comme si quelqu'un avait cherché à lui découper le crâne.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowWhere stories live. Discover now